Ils avaient imaginé quelques jours de détente au bord de la mer, loin de la grisaille et du vent froid qui balaient Alger en décembre. Mais pour près de 1 400 Algériens, l’escapade tunisienne s’est transformée en attente prolongée, stress et frustration.
Depuis quelques jours, les bus touristiques en direction de la Tunisie ne peuvent plus circuler sans récupérer une autorisation de transport internationale, une mesure longtemps restée théorique et désormais appliquée de manière brutale.
Pour les agences de voyages, le choc est rude. Aucune alerte préalable, aucune communication : tout le monde a été pris de court. Les bus étaient déjà sur la route ou prêts à partir, les voyageurs avaient payé leurs acomptes, parfois jusqu’à 30 % du prix des séjours, et certains contrats interdisent même le remboursement. En plein hiver, avec vent et pluie, cette situation ajoute au désarroi de ces touristes qui espéraient passer les fêtes de fin d’année en Tunisie.
À Tunis, l’hiver se fait sentir. Les familles grelottent sur leurs valises dans les halls d’hôtels, en manteaux et écharpes, attendant des bus qui ne franchiront pas la frontière. Les jeunes s’abritent sous les auvents, les regards vers la route bloquée, tandis que des hôtels débordés tentent de gérer la situation. « Nous pensions trouver un climat plus doux, mais ici aussi le vent et la fraîcheur nous rappellent que nous ne pouvons pas rentrer immédiatement », confie une touriste, fatiguée et inquiète.
Pour Maher Hamour, président de l’Organisation algérienne du tourisme, la mesure est nécessaire sur le principe : elle vise à encadrer le transport touristique et à limiter les intermédiaires non autorisés. Mais sa mise en œuvre soudaine crée un chaos logistique inédit. Les agences réclament désormais des solutions rapides : délivrance accélérée des licences, autorisations temporaires, ou exemption pour les bus déjà programmés.
Entre pertes financières, frustration des voyageurs et absence de communication des autorités, cette situation illustre la fragilité du tourisme face à des décisions administratives abruptes. Et pour ces Algériens, l’hiver tunisien, déjà frais et humide, devient une épreuve inattendue, transformant un voyage censé être une évasion en un épisode de confusion, de stress et d’attente interminable.
Mourad Benyahia

