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Amar Saadani ou l’incarnation du déshonneur et de la servilité

TRIBUNE

Amar Saadani ou l’incarnation du déshonneur et de la servilité

En entendant les propos insupportables et perfides d’Amar Saadani à propos du Sahara Occidental, j’ai retrouvé les arguments des propagandistes marocains en France qui font tout pour convaincre leurs interlocuteurs que le royaume alaouite est victime d’une injustice géographique pour avoir été amputé de ce qu’il appelle sa suite territoriale naturelle. 

Le royaume marocain, depuis plus de quarante ans, fait feu de tout bois pour alimenter sa posture victimaire , reprise aujourd’hui par un charognard, une poussière d’humanité, piètre produit du FLN et de Bouteflika, mélange toxique de la bureaucratie algérienne et des sous-produits du renseignement militaire.

Les propos tenus par  Amar Saadani aujourd’hui auraient pu être ceux d’autres responsables importants de ce régime quasi-militaire sénile qui s’échine à combattre son propre peuple au lieu de déployer une stratégie régionale qui correspondrait d’abord à la position géopolitique de l’Algérie mais également au niveau de conscience politique exceptionnelle de son peuple.

Il faut donc expliquer à Amar Saadani et à ceux, de son acabit, qui pourraient être tentés de quitter le navire en voulant noyer  l’équipage, quelques points de droit et d’histoire. 

1/S’il y a un pays, en Afrique, qui a créé un problème c’est bien le Maroc en se prévalant de liens historiques religieux, de continuité géographique, de liaisons ancestrales linguistiques ou culturelles justifiant toute une littérature locale qui prône, depuis longtemps, le rétablissement du Grand Maroc dont l’Algérie et la Mauritanie ont failli faire les frais dès les premiers mois de leurs indépendances. Amar Saadani a peut-être oublié que le pays dont il défend les intérêts aujourd’hui, a tenté d’annexer Tindouf et sa région.

C’est tout de même curieux que M. Saadani n’ait pas vu que ce raisonnement du Grand Maroc ressemble à s’y méprendre au discours du Grand Israël dont les thuriféraires reprennent les mêmes arguments religieux et historiques pour asseoir, dans les deux contextes, une logique tout simplement coloniale…

Pour couper court à ces niaiseries, je rappelle que tous ces raisonnements spécieux ont été rejetés par la Cour internationale de Justice.

2/ Ces arguments tirés de prétendus liens historiques, de rapprochements ethnico-religieux ou de suites territoriales naturelles, beaucoup d’autres pays africains auraient pu s’en prévaloir pour annexer, avaler et faire disparaître des pays dont les frontières ont été l’objet de marchandages sordides entre les puissances coloniales.

C’est pourquoi l’une des premières grandes résolutions de l’OUA a été la fameuse « intangibilité des frontières ».
Qui empêcherait sinon le Sénégal d’annexer la Gambie en se fondant sur les mêmes motifs abjects que ceux avancés par le Maroc?

Qui empêcherait l’Afrique du Sud d’annexer le Lesotho qui est totalement inclus dans son territoire national comme la Gambie est inclue dans le territoire sénégalais ?

L’Afrique du Sud qui a longtemps exercé un mandat de Protectorat des Nations unies sur la Namibie aurait pu également déclarer des proximités historiques ou ethniques pour agrandir son territoire.

Qui empêcherait l’Egypte de recourir aux mêmes arguments historiques pour revendiquer la suite de son territoire naturel sur le Soudan ?

En fin de compte, ce n’est pas seulement en Afrique du nord que le Maroc pose un problème mais bien à tout un continent et au-delà à tout le  droit international dont il devient, avec Israël, le principal fossoyeur.

3/ Même s’il ne faut pas renoncer à toutes les possibilités politico-diplomatiques pour faire advenir la paix et le respect du droit international, il faut rappeler à Amar Saadani que le soutien de l’Algérie au Front Polisario fait cortège aux soutiens politiques et financiers apportés à tous les mouvements de libération des peuples colonisés en Afrique et ailleurs.

Les plus grandes nations africaines ont bénéficié d’une vitrine diplomatique à Alger, qu’il s’agisse de l’Afrique du Sud, de l’Angola, du Mozambique, de la Namibie  ou de la Guinée Bissau, sans compter l’OLP, les Black Panthers et l’opposition chilienne après l’assassinat d’Allende.

Il était donc complètement inimaginable que l’Algérie refuse son soutien au mouvement d’un peuple voisin après l’avoir accordé sans conditions et sans limites à tant d’autres peuples d’Afrique et d’ailleurs.

Le dernier argument est celui fourni par ce grand pays d’Afrique qu’est l’Ethiopie qui a accepté dignement l’autodétermination et l’indépendance de son voisin l’Erythrée malgré la perte stratégique de son seul accès à la mer.

Je doute fort que ce délinquant à col blanc, étrangement épargné par la chasse aux corrompus, soit un agent crédible pour quelque stratégie que ce soit.

Bachir Dahak

Militant associatif

Auteur
Bachir Dehak

 




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