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Amira Bouraoui : « Si j’ai fui toutes ces répressions… »

Amira Bouraoui

Amira Bouraoui

La nouvelle brouille diplomatique entre la France et l’Algérie va-t-elle durer et enrayer le réchauffement des relations engagé l’an passé ?

Mercredi 8 février, Alger a rappelé son ambassadeur à Paris pour consultations, décision prise suite au retour, en France, de la militante franco-algérienne Amira Bouraoui, depuis la Tunisie, alors qu’elle risquait d’être expulsée vers l’Algérie. Une note du ministère des Affaires étrangères est venue étayer ce rappel de l’ambassadeur et souligner la colère des autorités algériennes. Ces dernières évoquent d’ailleurs une « exfiltration illégale », comme si c’était une barbouzerie. L’APS a pour sa part commis un article comminatoire contre des pans de la DGSE. Paris, pour sa part, entend continuer à approfondir ses relations avec Alger.

Jointe par RFI, Amira Bouraoui qui était interdite de sortie du territoire algérien, explique avoir quitté l’Algérie en raison des pressions qu’elle y subissait.

« Quand j’ai vu les proportions que cela prenait, je ne voulais pas être derrière tout cela. La question que devraient se poser les autorités, c’est pourquoi j’en suis arrivée là. J’étais sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire qui durait pendant des années qui était complètement illégale. J’étais aussi, en fait, quelque part, séquestrée dans mon propre pays. »

Samedi 11 septembre, sa mère et sa sœur ont été arrêtées par la gendarmerie à El Achour, banlieue d’Alger. Si sa sœur a été relâchée, sa mère, âgée de 71 ans est transférée à Annaba pour interrogatoire et demeure en garde à vue

Amira Bouraoui avait dit qu’elle comptait retourner en Algérie, qu’elle n’était pas en exil mais après cela, à la question de savoir si elle pense toujours qu’elle peut retourner en Algérie, elle répond que « dans l’immédiat, probablement pas. Si j’ai fui toutes ces répressions et toutes ces pressions ainsi que ces procès que l’on me faisait avec des chefs d’accusation farfelus, je sais que si j’y retourne maintenant, je retourne à la case prison. Qu’ils vivent aujourd’hui cela comme un affront, que je parte, pour moi est inexplicable. Maintenant, que cette affaire soit utilisée par les uns et les autres afin de saboter peut-être les relations algéro-françaises, ceci me dépasse complètement ».

Apaiser les choses

Joint par RFI, le professeur de droit Mouloud Boumghar, estime que ce n’est qu’une « poussée de fièvre » mais les relations devraient ensuite s’apaiser puisque c’est dans l’intérêt des deux pays.

« On a un problème dans ces relations qui sont beaucoup accès, du point de vue français, sur la question de la mémoire et sur la question économique. Il y a un angle mort de ces relations, c’est celui de la question des droits de l’homme et on a une poussée de fièvre avec une réaction tout à fait disproportionnée au regard de ce qu’est l’événement qui a suscité cette réaction. Justement ce n’est qu’une poussée de fièvre, parce qu’autant le régime algérien a besoin d’exacerber le nationalisme pour des usages internes, parce que c’est le levier qu’il a actuellement pour avoir un peu de cohésion autour de lui alors qu’il a perdu la majeure partie de sa base sociale, mais de l’autre côté, la relation avec la France est importante pour légitimer ce régime. Et de l’autre côté, la France a besoin d’apaiser ses relations avec l’Algérie. Je suppose que, après la poussée de fièvre, on retournera à une relation apaisée puisqu’il y a des jeux internes aussi bien en France qu’en Algérie et il y a un besoin mutuel d’apaiser les relations ».

L.M./RFI

 

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