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Anglais : le charcutage a commencé !

L’incompétence des traducteurs dans toute leur splendeur des tra

Du temps de Kaïd Ahmed, le grand Alger se délectait d’innombrables blagues attribuées à ce premier secrétaire des « FLiN-tox » que l’on disait unique contrepoids au pouvoir dictatorial de Boumediene. Aux dires de ceux qui ont assisté à ses discours, ses propos souffraient de tant de rigueur qu’il lui arrivait, aux seules fins de justifier des fautes de français incongrues, de rebondir en dardant à son audience : « Oui je le dis et le redis ainsi car il nous faut massacrer la langue française ! »

Si anéantir la langue du colon pouvait se justifier (à leurs yeux) par le rejet systématique de tout ce qui le représentait au lendemain de l’indépendance, comment peut-on expliquer, en l’an de grâce 2022, la légèreté de forme avec laquelle sont confectionnés des documents officiels tels que le passeport biométrique, censé être la vitrine par excellence d’une Algérie moderne exhibée à chaque traversée des frontières du monde ?

Au-delà du scandale relatif à l’attestation JMO 2022 dans laquelle on relève une faute dans une phrase de deux mots, « gold medal » ayant été retranscrit « gold medale », revenons sur les erreurs de documents officiels.

Comme le démontrent les fautes et corrections ci-après, il semble que la traduction, du français à l’anglais, des recommandations contenues dans le passeport biométrique, a été effectuée par des administrateurs peu soucieux de la conformité académique du texte traduit. Le très peu de sérieux émerge au détour de chaque paragraphe, confirmant le faible niveau de connaissances linguistiques de ses auteurs.

Autopsie de quelques méprises :

1-La forme contractée « cannot » est utilisable dans un cadre oral ou écrit plutôt informels. Dans un cadre formel, il est plus judicieux d’utiliser la forme plus emphatique « can not »

De même « by mail » est préférable à « by post », donnant ainsi pour un document officiel : « It can not be lent or sent by mail ».

2- « take care of it », pour une puce fragile, est à remplacer par « handle with care », et

« will lead to the nullity of the document » par « will make the document void ».

3- « invalidation »  est à remplacer, de préférence, par « make the document invalid ».

4- La signification de « competent issuing » n’est pas la même que son équivalent français « autorité compétente ». « Relevant issuing » est plus correct.

5-Et enfin, faisons preuve de tolérance en attribuant l’absence d’un « s » à « authoritie », pluriel d’« authority », à une simple erreur typographique d’un secrétariat bien plus préoccupé par le cours de l’euro que par la rigueur d’un document officiel international.

Curieusement, ce genre d’erreurs et de légèretés ne se limitent pas au passeport biométrique et à la langue de Shakespeare. Comme le montre l’une des enseignes qui s’affichent à l’aéroport Houari Boumediene, des erreurs de forme caractérisent les indications écrites en arabe, en français, et en anglais :

1-Dans la ligne en arabe, la virgule n’est pas conforme à l’écriture gauche droite.

2-En français, il manque un accent à « 1ère », et il s’agit de classe « Affaires » avec une majuscule et un s manquant.

3-« Air Algeria » n’existe pas ! Il s’agit plutôt de « Air Algérie » ou « Algeria Airlines ». Le « St » de 1st doit apparaître en minuscules en indice bas, alors que business lounge doit s’écrire avec un B et un L majuscules.

Cqfd ! l’analphabétisme trilingue n’est pas un canular mais une réalité qui se démontre chaque jour, et à tous les niveaux.

Et dire que ces canailles et leurs relais intégristes martèlent mordicus, à qui veut les entendre, que nous serions bien mal avisés de ne pas opter pour l’anglais comme première langue étrangère, en lieu et place du français.  Un peu de sérieux nom d’une pipe ! Comment oser nous faire croire que nous pourrions facilement léguer l’anglais aux générations futures si sa maitrise n’est assurée que par très peu d’Algériens ? Et comment continuer à faire semblant d’oublier qu’à contrario, le français est maitrisé par toute une génération d’après-guerre, éparpillée aux quatre coins de la planète, pour les raisons que l’on connait ?  Génération exilée dans sa quasi-totalité mais toujours à l’écoute et dans l’attente d’un signe « s » (pour sérieux) afin de s’engager et offrir ses services pour tenter de redresser l’éducation de nos enfants. Pourquoi refuser de comprendre que seule une éducation conforme à un monde qui intègre l’homme dans l’univers du cosmos et des exoplanètes, tout en le soustrayant de celui qui le désintègre et le plonge dans les ténèbres de façon violente et irréversible, est à même de construire un avenir moderne qu’il mérite autant que tout autre Terrien ?

Les petits exemples ci-dessus démontrent, de façon flagrante, la médiocrité d’un système qui ne s’encombre point de rigueur pour faire fonctionner le pays. Comme « médiocrité » et « rigueur » sont deux qualificatifs qui entrainent vers des directions opposées, seul un virage à 180° est à même d’entrainer notre pays dans le sens de la modernité.

Evidemment, cette conclusion est une lapalissade de plus rajoutée à diverses démonstrations des lecteurs du matin, mais les erreurs contenues dans le passeport biométrique et sur  l’enseigne de l’aéroport  sont si éloquentes qu’elles représentent à elles seules la preuve physique irréfutable de la faillite d’un système qu’il est grand temps de remplacer, si tant est que le sursaut patriotique rassemble autour d’énergies modernistes, à contre-« Coran » de ces canaux aliénants, utilisés à tort et à travers comme tremplins vers le pouvoir par de nombreux opportunistes de la chose politique.

Kacem Madani

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