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Aouchiche-Hassani Cherif contre Tebboune : en un combat douteux !

Que les choses soient claires : les Algériens et ceux qui connaissent le marigot de la politique algérienne savent pertinemment que la présidentielle est de la poudre aux yeux. Tebboune gagnera cette pseudo-élection avec un taux stratosphérique et restera chef de l’Etat.

En ce huitième jour d’une campagne électorale ubuesque et sans relief, peinant à accrocher grand monde, l’image renvoyée par les  comptes-rendus de presse des  meetings et des sorties effectuées par les différents candidats pour les besoins de la campagne électorale est saisissante : Youcef Aouchiche et Hassani Cherif tentent difficilement d’exister face au chef d’Etat-candidat, Abdelmadjid Tebboune  qui dispose d’une puissante ingénierie électorale. 

Une grosse machine constituée d’une direction de campagne dirigée par le ministre de l’Intérieur, Brahim Merrad avec des dépendances dans toutes les wilayas et surtout d’une armée de partisans et de soutiens qui lui permettent de ratisser et de parcourir, par défaut, le pays profond pour transmettre son message. Les moyens de l’Etat, y compris les médias publics sont mis au service de Tebboune.

A contrario, tels le coureur de fond reclu dans sa solitude, les candidats du FFS et du MSP  sont astreints à payer de leur personne, s’échinant à aller de ville en ville pour rencontrer les citoyens. En vain !

 Ce faisant, ils  livrent un combat aussi douteux qu’inégal contre un adversaire qui mène une campagne tranquille, ne se donnant même pas la peine de s’engager pleinement dans la bataille. 

En clair, Tebboune fait la course tout seul. Le seul adversaire qu’il peut avoir est sa propre personne. Autrement, tant qu’il l’onction de l’Etat profond, rien ni personne ne l’empêchera d’être chef de l’Etat après le 7 septembre. L’affaire est cousue de fil blanc.

Engoncé  dans sa posture suffisante du champion qui est sur de ses forces, le chef de l’Etat-candidat à sa propre succession renforce, de ce fait, l’idée largement partagée qu’il sera reconduit à son poste.

Une semaine après le début de cette pseudo-campagne électorale, Abdelmadjid Tebboune  continue de vaquer à ses activités officielles de chef de l’Etat comme s’il n’était nullement concerné par le carnaval qui se joue dans certaines salles et rues. Il n’a organisé qu’un  seul meeting, à Constantine, laissant l’initiative à une armée de sous-fiftres, grands artisans de la brosse à reluire (n’est-ce pas Bengrina ?) pour le soutenir et diffuser sa propagande.

Pas moins de 15 partis politiques dont le FLN, le RND, le Front Al Moustaqbal, le Parti Voix du Peuple auxquels sont venus s’ajouter des sigles qui servent d’emballage à une flopée de personnes qui se gargarisent du titre de chefs de partis politiques et d’organisations  dites  de la société civile se chargent d’organiser meetings et sorties de proximité. Même de Naïma Salhi, condamnée pour propos raciste, est de la partie.

La situation est illustrée par l’agenda de ce jeudi 22 août, 8e jour de la campagne électorale.  

Alors que le candidat du Front des forces socialistes (FFS), Youcef Aouchiche était à Chlef où il a organisé  un meeting, Abdelaali Hassani Cherif du parti islamiste, MSP, était  successivement à Cherif et  Médéa dans la matinée) puis à Blida, dans l’après-midi).

La direction de campagne du candidat Tebboune a organisé une rencontre interactive avec des représentants du mouvement associatif et des organisations nationales, à la salle de cinéma « Algeria » à Alger. 

Des  meetings populaires ont été animés au profit du même candidat par le  parti du Front de libération nationale (FLN) à la Maison de la culture Mohamed-El-Amine-El Amoudi à El Oued (9h) puis à  la salle des conférences Saci-Hocine à Biskra (17h). Dans la même journée, des membres de la direction de campagne électorale du meme candidat étaient la maison de jeunes « Hassan El Hassani » de  la commune de Bouzaréah à Alger pour s’adresser aux citoyens. Une même activité a été organisée pa le Mouvement El-Bina à la salle de cinéma « M’Zab » à Ghardaia. 

Des meetings populaires ont être aussi organisés par le Front El Moustakbal  dans la  wilaya déléguée de Barika (10h) et un autre à Biskra (17h). Tadjamoue Amal El Djazaïr (TAJ)  de Fatma Eohra Zarouati devait, quant à lui,  animer un meeting au Centre culturel islamique à Chlef (21h). Des meetings sont aussi animés par le parti le Front du militantisme national (FMN), à la salle de cinéma de la commune de Ben M’hidi à El Tarf (11h) et par  l’Union nationale des femmes algériennes (UNFA) à la salle de cinéma « Es-Saâda » à Oran (09h). Le  parti Sawt Echaâb s’est contenté d’une activité de proximité dans la commune de Bordj Bounaama à Tissemsilt (10h). Une véritable machine de guerre qui joue aussi sa survie.

La lutte s’annonce donc inégale, mais peu importe : cette chamaillerie électorale ultra-médiatisée est avant tout un formidable coup de pub pour les candidats du FFS et du MSP qui, bien qu’ils sont les seuls à ne pas croire que les dès sont pipés et que la joute électorale du 7 septembre est perdue d’avance, auront une petite compensation: ils bénéficient d’une ivisibilité illusoire pendant cette courte séquence électorale avant de rentrer de nouveau dans les rangs. Quand la chappe de plomb sera déployée sur la vie politique du pays. 

Samia Naït Iqbal

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