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Approvisionnement en gaz : les fantasmes européens !

Pétrole

La présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, croit fermement, selon Reuters, que les Etats-Unis vont fournir aux pays européens davantage de Gaz naturel liquéfié (GNL). 

Pour Ursula Von Der Leyen, c’est un très grand pas pour sortir du joug russe et du diktat de Poutine. La commission qu’elle préside travaille d’arrache-pied avec son allié américain pour réduire cette dépendance « vis-à-vis des combustibles fossiles russes pour qu’enfin on s’en débarrasse ». Elle a répété le vieux slogan de plus de quatre décennies sans parvenir  à diversifier son approvisionnement en gaz loin de la Russie. Nous allons nous tourner vers des fournisseurs de confiance « qui sont nos amis, fiables » en clignant vers son co-conférencier américain Joe Biden, a-t-elle souligné. Ce dernier s’est engagé tout de suite pour fournir à l’Europe 15 milliards de m3 et travailler ensemble pour atteindre 50 milliards de m3 « au fil du temps » comme si cette crise allait durer une éternité. 

Cette échéance pronostique Von Der Leyen permettra d’ici à 2030 de remplacer un tiers des approvisionnements en gaz russe vers l’Union européenne (UE). Pour rappel, la Russie fournit aujourd’hui 175 milliards m3 à l’Europe.

C’est à peu près le même discours que tenait cette commission à l’Algérie voilà plusieurs années pour lui promettre monts et merveilles en vain.

Son fournisseur traditionnel qui est l’Algérie a travaillé sérieusement pour respecter ses engagements en assurant trois sorties de gaz GNL vers l’Europe, une première unité de liquéfaction dans le monde suivie par une autre à l’Est du pays, une flotte appréciable de shipping du Gaz naturel liquéfié (GNL) pour une capacité totale de transport avoisinant les 80 milliards de m3 tandis que l’Europe qui s’accommodait paisiblement de son fournisseur de la CEI lui mettait les bâtons dans les roues : le refus catégorique de la Commission de lui permettre de s’intégrer à travers la création de joints ventures, la distribution directe à travers ses sorties de GN aux consommateurs européens. De fallacieux prétextes écologiques ont été aussi avancés pour réduire les investissements.

A la moindre occasion, la commission a poussé vers l’abandon carrément des contrats à long terme pour bloquer le développement des infrastructures gazières très capitalistiques. Les pays européens approvisionnés en gaz sous toutes ses formes par l’Algérie lui font pression sous l’influence d’une inéquitable concurrence du gaz de schiste américain pour baisser ses prix parfois au plus bas etc. Bref ! Avec les avances des contrats à long terme, l’Algérie a fait pour l’Europe beaucoup plus que ce continent a fait pour elle-même. La preuve est le goulot d’étranglement dans lequel il se trouve aujourd’hui.

Pourquoi ce que dit Ursula Von Der Leyen est irréalisable  

Dans cette échéance avancée par la présidente de la Commission européenne, on y décèle plus un effet d’annonce politique qu’une réalité effective. D’abord de nombreux pays dont la première économie de l’Europe, l’Allemagne, ne sont pas dotés de stations de regazéification pour recevoir le GNL. Cette puissance économique incontestable s’est lancée déjà dans la construction d’une station de regazéification d’une capacité de 8 milliards de m3. 

Même en chantier accéléré comme prévu, cette station risque de prendre plusieurs années pour une économie énergétivore. Les responsables n’excluent pas le retour au nucléaire ou constituer des réserves de charbon, ce qui veut dire prendre le risque de renoncer à son objectif ambitieux de parvenir à la neutralité carbone à l’horizon 2045. 

Ensuite, compter sur Joe Biden pour assurer à très court terme un remplacement de 8,5% des besoins en gaz russe européen tout en lui permettant la mise en œuvre de sa stratégie, implique un risque que de nombreux pays de l’Europe n’accepteront pas de courir. Les Etats-Unis ont l’habitude d’être très quantitatifs dans leur façon de vivre : grosses voitures, gros sandwichs, grandes villas mais souvent s’oublient dans leurs propositions « la faisabilité » immédiate de mettre à la disposition de l’Europe 15 milliards de m3. 

 Où se trouve cette flotte mondiale pour l’assurer ? 

Rabah  Reghis                                            

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