Lundi 9 juillet 2018
Après la finale, je redeviens Algérien !
Lalmas a été enterré au cimetière de Garidi dans une communion populaire formidable. Il aurait mérité un hommage national. Comme on en fait, parfois, pour les victimes d’une balle perdue, dans la cour des Invalides à Paris. Lui qui s’est fondu dans l’équipe du FLN, rentrée de Tunis après l’indépendance, à l’âge de 19 ans, qui sans le nationalisme aveugle des instances sportives et politiques du pays, aurait été une légende du football mondial, nous a quitté discrètement. Sur la pointe de ses précieux pieds.
Le football algérien avait des talents à revendre de son temps ! Les Zerga, Peunot, Ouchène, Aouar, Youcef, Debbah, Seridi, Salhi, Tahir et plus près Merzekane, Tasfaout, Madjer, Belloumi… inutile d’allonger la liste, ils sont des dizaines, qui auraient, aisément pu faire leur trou dans les championnats européens au temps où la France, déjà lauréate de la coupe du monde et aujourd’hui, demi-finaliste, était noyée dans les bas-fonds du classement FIFA.
Une directive du ministère de la Jeunesse et des Sports algérien, sortie à l’époque de la réforme sportive, interdisait à tout joueur de football de quitter le territoire avant … 28 ans !
Au moment où des milliers de cerveaux algériens en gestation étaient envoyés par les entreprises publiques, dans les meilleures universités mondiales, notamment américaines d’où ils ne sont, d’ailleurs, jamais revenus, on empêchait les artistes algériens du ballon rond d’aller s’épanouir sous d’autres cieux.
Quiconque avait osé se soustraire à ce devoir patriotique érigé en principe divin – le sacrifice de la patrie – aurait été considéré comme harki. Nos footballeurs ont donc accepté d’accompagner la réforme qui en a fait des fonctionnaires d’entreprises publiques lesquelles, malgré les sommes énormes injectées dans les structures, ont mené le sport algérien à la faillite.
Napht, Milaha, Electronic, Essalb… Le sport de performance tel qu’imaginé par le FLN a été un énorme banquet ouvert aux plus vils opportunistes et corrompus que ce pays a produit.
Toute cette mascarade, en fait, n’a été montée que pour effacer le mot Kabylie de l’intitulé de son équipe phare : la JSK née en 1946.
Quelques années plus tard, les idéologues islamo-baâthistes que l’Algérie aime chouchouter pour mieux s’autoflageller, prennent la décision d’Algérianiser toute la toponymie du pays. A coup de commissions et de séminaires animés par des docteurs et historiens de pacotille, on entreprend de renommer les villes, les villages, les bourgs et les moindres lieux-dits de ce territoire mille fois envahi et autant de fois libéré par sa rude et résistante population. On a voulu arabiser les noms de localités séculaires, ou gommer les traces des ancêtres, on s’est fabriqué une histoire plane, aride, on a trépané les enfants d’Algérie. On a créé la panique dans les officines diplomatiques et les aéroports du monde entier.
L’Algérie était en train de redessiner la géographie de son territoire et partant celui de la planète. Qui dit aujourd’hui « El Bouleïda », « Tilimssen », « Soukeikda » ou « El Djazair » ?
Combien d’argent a été englouti dans ce simulacre de reconquête d’identité ?
L’Algérie est un vaste asile où les fous ne sont pas les patients mais ceux qui détiennent les clés des grilles.
Une bonne nouvelle nous parvient d’Alger. Il semblerait que Zetchi est sur le point de convaincre Vahid Halilhodzic de reprendre les clés du vestiaire de l’EN. Pourquoi, après nous avoir qualifié, pour la première fois , aux huitième de finale de la coupe du monde, c’était en 2014, l’avoir laissé partir ? Il aurait même pu, si le sort ne s’en était pas mêlé, nous emmener beaucoup plus loin, en finale. C’est l’Allemagne qu’on a fait trembler qui avait remporté cette édition là !
C’est quoi ce cinéma ? Nos généraux et leurs supplétifs civils sont de très mauvais comédiens. Ils se doutent que le théâtre qu’ils nous infligent, avec lequel ils nous affligent depuis 1962 ne fait rire personne. Seuls les baltaguias qu’ils perfusent continuent à les applaudir.
Le peuple les vomit. Ils restent là, enveloppés par les couleurs d’un drapeau qu’ils piétinent de l’aurore au crépuscule. La nuit, ils ont des occupations douteuses, toujours obscènes. Ils se nimbent des sonorités d’un hymne national mille fois trahi et très justement violé par Matoub.
Océane Alger, son nom ne s’invente pas, excellente lycéenne, s’est donné la mort en mars dernier. Elle préparait son bac après des notes oscillants entre 17 et 20 aux épreuves anticipées. Elle s’était faite arnaquer par son petit ami qui a abusé de sa carte bleue. Elle a mis fin à sa jeune et pauvre vie pour 2 800 euros de découvert. Pour ne pas mettre la honte à ses parents, qui demandent, aujourd’hui, au ministère de l’Education de lui attribuer son bac, à titre posthume.
A combien se monte le découvert creusé par les voleurs qui monnaient les richesses du peuple algérien ? Combien parmi ces flibustiers se sont suicidés à ce jour ?
Beau combat pour la mémoire de cette belle « basanée » qui aurait sans doute vibré devant sa télé demain lorsque M’Bappé, le métis, se mettra à slalomer au milieu de la défense belge.
Edouard Philippe, le Havrais, fils d’une mère flamande pronostique un 3 à 1 pour la France. Il n’a pas autre chose à faire ? Il va fâcher la cour de Belgique…
A sa suite, tous les Français, même s’ils se méfient énormément des Diables rouges, tablent sur une victoire de la France. Moi j’en rêve. Cela me permettra de rester éveillé jusqu’à la finale.
Juré, le 15 juillet à 19 heures, je revêts le maillot des Fennecs. Je redeviens Algérien.