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Après son échec de rejoindre le Brics, l’Algérie se rapproche de l’Asean

Asean

Après avoir échoué à intégrer le groupe des Brics, l’Algérie réoriente sa diplomatie vers l’Asie du Sud-Est en se préparant à rejoindre le Traité d’amitié et de coopération (TAC) de l’AseanS. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie de diversification de ses partenariats internationaux, dans un contexte mondial marqué par la multipolarité.

L’adhésion aux BRICS, soutenue notamment par la Chine et la Russie, représentait un objectif majeur pour Alger. Toutefois, le rejet de sa candidature – en partie lié à des critères économiques et démographiques – a conduit le pays à chercher des alternatives régionales plus accessibles.

Le choix de l’ASEAN n’est pas anodin. Avec près de 700 millions d’habitants et un PIB cumulé supérieur à 4 000 milliards de dollars, cette organisation régionale constitue aujourd’hui un acteur économique et diplomatique de premier plan. Le TAC, signé en 1976, repose sur des principes de non-ingérence, de souveraineté et de coopération pacifique, en phase avec la doctrine diplomatique algérienne.

Le 46e sommet de l’ASEAN, tenu les 26 et 27 mai derniers à Kuala Lumpur, a confirmé cette dynamique. Dans leur déclaration finale, les États membres ont exprimé un soutien unanime à l’adhésion prochaine de l’Algérie au TAC, saluant la portée stratégique du traité comme fondement des relations interétatiques dans la région. L’organisation a également réaffirmé l’importance de ce cadre juridique pour la préservation de la paix, de la sécurité et de la stabilité, tout en soulignant sa pertinence croissante à l’échelle mondiale.

Mais que fera l’Algérie au sein de cette organisation de dragons économiques ?

Sur le plan politique, l’Algérie cherche, à travers ce rapprochement, à  élargir son champ d’action au-delà de ses zones traditionnelles d’influence (Maghreb, Sahel, Afrique). Il (ce rapprochement) s’inscrit également dans la vision fondée sur le multilatéralisme et l’ouverture vers de nouveaux pôles imprimée à la politique étrangère par Abdelmadjid Tebboune. Une vision qui a beaucoup pêché par son improvisation et son manque de réalisme.

D’un point de vue économique, les perspectives sont multiples : accès à des marchés asiatiques en croissance, possibilité d’attirer des investissements directs étrangers, notamment dans les secteurs des infrastructures, des énergies renouvelables, du numérique et du tourisme. L’Algérie espère aussi tirer parti de l’expertise technologique des pays de l’ASEAN pour moderniser son économie.

Cependant, ce tournant stratégique nécessite des réformes internes. Le climat des affaires, la modernisation des infrastructures et l’amélioration de la compétitivité restent des défis majeurs pour espérer bénéficier pleinement de ce partenariat.

L’adhésion au TAC s’inscrit dans une volonté légitime de diversification des partenariats stratégiques de l’Algérie. Toutefois, ce repositionnement vers la lointaine Asie du Sud-Est, après l’échec de l’option BRICS, met également en lumière un certain flottement diplomatique. Il reflète les hésitations et le manque de cap clair qui caractérisent, depuis 2019, la politique étrangère du nouveau pouvoir algérien, souvent perçue comme réactive plutôt que guidée par une vision stratégique cohérente.

Samia Naït Iqbal

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