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Archives du FLN/ALN : les graves aveux de Chikhi

POLEMIQUE

Archives du FLN/ALN : les graves aveux de Chikhi

Car « trop dangereuses », les historiens ne sont pas près de consulter à leur aise les archives de la révolution algérienne à Alger. Abdelmadjid Chikhi, conseiller du président chargé des archives et de la mémoire a reconnu la volonté du régime de maintenir sous « séquestre » les archives de la guerre. Voilà qui est clair désormais. 

Dans une déclaration à El Watan, Abdelmadjid Chikhi a soutenu que «nos archives nationales sont très sensibles et ne sont pas communicables, au risque de provoquer le chaos dans le pays ». Rien que ça !

Quelles vérités historiques que contiennent donc ces archives pour que les Algériens n’aient pas le droit de connaître leur passé ? Quels sont ces secrets que le régime ne veut pas faire savoir aux Algériens 60 ans après leur indépendance ? De quoi a peur le régime ? De beaucoup de choses sans doute.

A quand l’ouverture des archives ?

Des historiens algériens avaient envoyé, il y a quelques semaines, une lettre ouverte à Abdelmadjid Tebboune pour leur permettre l’accès aux archives de la guerre de libération. Mais tout porte à croire que l’aveu d’Abdelmadjid Chikhi vient doucher leurs espoirs. Ce n’est pas demain la veille qu’ils consulteront les impressionnantes quantités d’archives des sept wilayas, sans oublier celles du MALG (Ministère de l’armement et des liaisons générales, ancêtre de la Sécurité militaire). A l’automne 1963 après la proclamation du FFS, sous les ordres de Boumediene l’ANP a investi Tizi Ouzou et la première opération qu’elle a menée fut de récupérer les archives de la wilaya III. C’est dire l’intérêt qu’avait le régime pour ces archives dès l’aube de l’indépendance.

Toutes les archives demeurent sous le sceau du secret officiel. Et pourtant tous les historiens et autres connaisseurs de la guerre de libération savent qu’en plein lutte armée, le FLN/ALN était aussi une administration qui produisait très régulièrement des rapports circonstanciés sur toute la vie du maquis. Pour combien de temps encore ces tonnes d’archives resteront muettes ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître le régime algérien refuse d’ouvrir les archives nationales mais, en même temps réclament de la France, les archives qu’elle détient encore. Pourquoi faire ? Sans nul doute pour les mettre aussi sous éteignoir et empêcher ainsi les Algériens de connaître la vérité ? Car, il n’y a, manifestement, si l’on comprend les déclarations de M. Chikhi, aucune intention des autorités actuelles d’ouvrir les archives de la guerre de libération.

Il est vrai que la révolution algérienne s’est faite avec d’immenses sacrifices, de la mort, du sang et de la douleur. Mais aussi des scandales tus.

Les affaires de liquidations physiques au maquis (Abane Ramdane, Abbès Laghrour, celle des animateurs berbéristes Bennaï Ouali, Amar Aït Hamouda et M’barek Aït Menguellet, les assassinats des wilayas 4 et 6, la lutte contre les messalistes…) et après l’indépendance sous l’ère de Boumediene (Krim Belkacem et Mohamed Khider entre autres) pourraient constituent de lourds secrets qui peuvent remettre en cause des pans entiers de l’histoire officielle. En la matière, la séquestration des dépouilles des colonels Amirouche et Si Lhouès par Houari Boumediene est aussi le symptôme des haines recuites de cette période.

Mais plus récemment encore, l’affaire des faux moudjahidine révélée par Benyoucef Mellouk dans les années 90 n’a pas connu son aboutissement. Tout a été fait pour briser ce courageux militant de la vérité.

« Depuis l’indépendance, les faux moudjahidine ont pris le pouvoir », avait-il déclaré en 2014 à la presse. En effet, le nombre des moudjahidine a mystérieusement explosé depuis les années 1980. Alors que les historiens les plus sérieux estimaient leur nombre dans les maquis à une dizaine de milliers, l’Algérie se retrouve aujourd’hui avec des dizaines de milliers d’individus qui se réclament anciens moudjahidine. De cette affaire éclatera celui des magistrats faussaires.

Sans doute pour cette raison et pour bien d’autres, les autorités ne veulent pas d’une ouverture transparente des archives maintenant. Mais quand ? 60 ans après la fin de la guerre d’indépendance n’est-il donc pas temps ?

 

Auteur
Sofiane Ayache

 




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