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Arkab ne se serait-il pas emballé dans les chiffres communiqués au conseil des ministres ?

TRIBUNE

Arkab ne se serait-il pas emballé dans les chiffres communiqués au conseil des ministres ?

Dans l’exposé du ministre de l’Energie Mohamed Arkab lors du conseil des ministres organisé par visioconférence hier dimanche 19 avril 2020,  repris intégralement dans le communiqué final diffusé ce matin par l’Agence Presse Service (APS) (01) on y lit que le ministre de l’Energie a rappelé qu' »en vertu de l’accord du 12 avril courant de l’OPEP + relatif à la baisse de la production en trois étapes jusqu’à avril 2022, la part des « exportations » de l’Algérie va baisser, pour une première étape, de 241.000 barils/jour, puis de 816.000/barils/ jour à compter du 1er mai. 

Cette part augmentera à partir du premier juillet jusqu’à 864.000 barils/jours avant d’atteindre le seuil de 912.000 barils/jours entre janvier 2021 et avril 2022. » Dans la feuille facebook de la présidence de la république (02), on parle carrément de la diminution du quota (حصة) pour remonter à partir de juillet à 912 000 barils jour entre janvier 2021 et avril 2022.

Dans les deux communiqués l’un en français parle de la quote part réservée à l’exportation et celui en Arabe parle du quota fixé par la réunion de l’OPEP+, l’engouement persiste à plus d’un titre Pourquoi ? 

1-Que dit le communiqué final de l’OPEP+ ?  

Cet accord est structuré  en 3 parties qui vont du mois de mai 2020 à fin avril 2022. Cela selon toute vraisemblance vise à envoyer un signal fort au marché pour faire comprendre aux acteurs pétroliers que  cette organisation informelle est entrain de prendre les choses en mains suites à l’échec du début de mois de mars qui aurait pu causer son effritement. Le premier accord sera une réduction de 10 millions de barils par jour qui prendra effet du 1er mai prochain jusqu’à fin juin 2020 qui coïncidera selon cette approche avec la fin possible du confinement de la population dans le monde et éventuellement un début de reprise des activités économiques et sociales. Il était peu probable que cet accord visait une ambition quelconque mais juste limitait une descente en enfer d’un prix du baril non rentable pour la majorité des gisements dans le monde.

Le deuxième accord quant à lui accompagnera la reprise économique tout en maintenant une réduction de production réduite  8 millions de barils par jour sur une période jugée suffisante pour une reprise effective de l’usine mondiale allant du premier juillet à fin décembre 2020.

Ensuite pour marquer leur pérennité, l’accord prévoit enfin que les pays concernés par la déclaration de coopération de l’OPEP+, signée en 2016, continuent leurs efforts visant à équilibrer un marché fortement impacté par la pandémie de coronavirus, en appliquant une réduction de leur production de l’ordre de 6 millions de baril par jour à compter du 1er janvier 2021 et jusqu’à la fin avril 2022. Les plus grandes réductions seront supportées par l’Arabie saoudite et la Russie qui vont baisser leurs productions respectives de 2,5 barils par jour chacune à partir du 1er mai.

Le reste des réductions, soit 5 millions de barils par jour, doivent être donc supportées par les 18 autres pays OPEP/non OPEP concernés par l’accord. L’Algérie est concernée, quant à elle, d’une diminution de 200 000 barils par jour et le compte se fera sur la base du quota qui lui a été fixé par l’OPEP+ du mois d’octobre 2018 et qui était de 1,056 millions de barils par jour.

2- A cette date, l’Algérie n’arrivait pas à ce quota donc elle n’a rien à diminuer

Si l’on considère les chiffres rapportés dans le rapport de l’OPEP d’avril 2020 (03)  à la page 46, tableau des quotas basé sur le rapport du ministère de l’Energie algérien ( direct communication), nous constatons que  l’Algérie a produit en moyenne en 2018, 16000 de moins que son quota. Ce déficit est remonté en 2019 à 33 000 barils par jour pour redescendre en mars 2020 à 23 000 barils jour soit toujours moins que son quota qui lui a été fixé. Alors pourquoi le ministre parle-t-il d’une diminution qui ne figure pas dans le communiqué final de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole et ses alliés ? 

Par contre dans la mesure où la production actuelle de la majorité des membres de l’OPEP+ est supérieure à celle à la date de référence d’octobre 2018, c’est un total de 14,5 Mbj par rapport aux niveaux de production de début avril qui seront retirés du marché par l’OPEP+ c’est du moins ce que laisse entendre le secrétaire d’Etat américain à l’énergie.

Ainsi, selon d’autres sources citées par l’agence Reuters, ce sont près de 20 millions de barils qui devraient sortir du marché pendant les mois de mai et juin, ce qui correspond à environ 20% de la demande mondiale avant la pandémie de Covid-19. Donald Trump a lui aussi cité le chiffre effectif proche de 20 millions de barils par jour dans un Tweet publié lundi passé.  Les Etats-Unis, le Brésil et la Canada, vont contribuer à l’effort pour 3,7 millions par jour supplémentaires.

Les États-Unis, premier producteur mondial, ne sont pas membre de l’alliance OPEP+ mais selon Alexander Novak, ils « soutiennent l’accord », favorable à leur industrie de pétrole de schiste, en grande difficulté. « Ils disent qu’ils sont prêts à contribuer à la baisse de la production : on a entendu des chiffres allant de 2 à 3 millions de barils par jour », a indiqué le ministre russe la semaine dernière. Il a dit ne pas attendre un retournement favorable de la conjoncture économique « avant la fin de l’année, dans le meilleur des cas ».

«Lorsque vous additionnez toutes les réductions de production dans le monde, nous allons être beaucoup plus proches de 20 mb/j qui sortiront du marché.» précise le secrétaire américain à l’Énergie Dan Brouillette sur Fox Business. Il se trouve désormais que ces effets d’annonce ici et là n’ont pas l’air de faire sortir le baril de pétrole de son confinement.

R. R.

Renvois

 (01)-http://www.aps.dz/algerie/104197-communique-du-conseil-des-ministres

(02)-https://www.facebook.com/AlgerianPresidency/posts/136750061241221

(03)-https://momr.opec.org/pdf-download/

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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