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Arrestation de Fethi Ghares et son épouse : un harcèlement déguisé en « erreur » policière

Fethi Ghares et son épouse

Fethi Ghares et son épouse

Les services de sécurité ont arrêté, puis libéré après plusieurs heures de détention, le coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS. suspendu par les autorités), Fethi Ghares, et son épouse, la militante Messaouda Cheballah.

Officiellement, la police a justifié cette arrestation par une « fausse dénonciation », s’excusant par la suite pour cette prétendue erreur. Mais derrière cette explication, tout laisse penser à un acharnement systématique contre les opposants politiques et à une nouvelle atteinte aux libertés publiques

Une « erreur » qui en dit long

Le couple a été interpellé alors qu’il rentrait à pied du tribunal de Bainem, où il avait signé des procédures de surveillance judiciaire toujours en vigueur. Selon Messaouda Cheballah, qui s’est exprimée sur Facebook, des policiers en civil ont tenté de les arrêter de manière brutale et arbitraire, sans motif apparent. Ce n’est qu’après plus de trois heures de détention au commissariat de Bab El Oued que la police a finalement relâché les deux militants, en présentant des excuses sous prétexte qu’ils avaient reçu de fausses informations les accusant d’avoir filmé une vidéo à la sortie du tribunal.

Cette justification apparaît comme une simple manœuvre pour masquer une répression politique évidente. Car il ne s’agit pas d’un incident isolé : Fethi Gheras et son épouse ont déjà été visés par des poursuites judiciaires et condamnés dans une affaire liée à l’obstruction des dernières élections présidentielles. Leur arrestation récurrente et l’acharnement dont ils font l’objet traduisent une volonté de museler toute voix dissidente.

Ce nouvel épisode illustre une pratique de plus en plus courante : la persécution des opposants sous couvert de « malentendus » ou d’ »erreurs ». Derrière les excuses de la police, c’est en réalité un climat d’intimidation et de harcèlement politique qui se met en place. Le simple fait que les forces de sécurité puissent arrêter arbitrairement des militants, les détenir sans justification valable, puis se rétracter en prétendant avoir agi sur la base de « fausses informations » démontre l’absence totale de garanties pour les libertés fondamentales.

Par ailleurs, le président Abdelmadjid Tebboune lui-même a désigné Fethi Ghares comme l’un des responsables de l’ »obstruction » du processus électoral, exigeant symboliquement un dinar de compensation pour le « préjudice subi ». Un geste qui en dit long sur la volonté du pouvoir de réduire au silence les figures de l’opposition.

Quand l’erreur devient un outil de répression

Plutôt qu’une simple méprise, cette arrestation et les excuses qui l’ont suivie sont une énième démonstration de la manière dont les forces de sécurité sont utilisées pour restreindre l’espace politique et intimider les militants. Dans un pays où les arrestations arbitraires deviennent monnaie courante, où les opposants sont constamment sous pression et où la liberté d’expression est menacée, parler d’ »erreur » policière relève de l’hypocrisie.

Il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais bien d’un système organisé visant à faire taire ceux qui osent défier l’ordre établi. Fathi Ghares et Messaouda Cheballah, comme tant d’autres, en paient le prix.

Samia Naït Iqbal

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