À Arris, dans la wilaya de Batna, la situation du lycée Mohamed Yekken El-Ghassiri illustre de manière concrète la crise de la surfréquentation scolaire dans les zones de montagne. Conçu initialement pour une capacité d’environ 400 élèves, l’établissement accueille aujourd’hui, selon des estimations concordantes de parents d’élèves et d’enseignants, entre 900 et 1 000 lycéens.
Seul établissement secondaire de la commune, le lycée reçoit des élèves du centre d’Arris mais aussi de plusieurs localités environnantes, notamment Mezata, Dechra El Baïda et Inerkeb. Cette concentration a conduit à une explosion des effectifs par classe, qui atteindraient 45 à 50 élèves, parfois davantage, selon les mêmes sources.
Cette surcharge a des conséquences directes sur les conditions d’enseignement. Les salles de classe, prévues pour des effectifs nettement inférieurs, ne permettent plus un suivi pédagogique normal. « Le professeur ne peut plus travailler correctement avec près de cinquante élèves par classe », témoigne un parent, évoquant une dégradation continue de la qualité de l’enseignement.
À cela s’ajoute la question de l’accès. De nombreux lycéens parcourent de 2 à 4 kilomètres à pied chaque jour, faute de transport scolaire suffisant, notamment pour les zones rurales et montagneuses. Une contrainte qui pèse lourdement sur des élèves souvent issus de familles modestes et qui favorise fatigue, absentéisme et décrochage.
Face à cette situation, la revendication principale des habitants est connue : la réalisation d’un nouveau lycée à Arris. Un projet de lycée de type 800 à 1 000 places figure bien dans les programmes d’équipement de la wilaya de Batna. Les études techniques seraient achevées et les procédures administratives engagées, selon des annonces officielles antérieures, mais aucun calendrier précis de réalisation n’a encore été rendu public.
En attendant, le lycée Mohamed Yekken El-Ghassiri continue de fonctionner bien au-delà de ses capacités. Pour les parents et les enseignants, la question n’est plus seulement celle du confort, mais celle de l’égalité des chances et du droit à une éducation décente dans une région longtemps marginalisée.
À Arris, les chiffres parlent d’eux-mêmes : un établissement prévu pour 400 élèves contraint d’en accueillir plus du double, dans un contexte où les solutions tardent à se concrétiser.
Djamel Guettala

