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Assassinat d’Amar Slimani : l’étrange silence des autorités algériennes !

Amar Slimani

Amar, 32 ans, a été abattu le 29 juin à Bobigny par un policier hors service.

Cela fait presque une semaine qu’Amar Slimani, un jeune Algérien sans papiers, originaire de Tazmalt, dans la wilaya de Bejaia, a été tué le 29 juin par un policier à Bobigny (région parisienne). Depuis, les autorités consulaires algériennes gardent un silence plus que troublant.

Tout Algérien à l’étranger est censé être protégé par les autorités. C’est l’une des missions des nombreuses représentations diplomatiques déployées à l’étranger à coups de milliards. Cependant, dans l’affaire d’Amar Slimani, il faut souligner le silence troublant des autorités algériennes.

Pourtant, on est dans une affaire de crime où un homme dépositaire de la loi a tiré sur un Algérien dans des conditions que la justice française finira, comme l’espère la famille, par élucider.

Il reste donc la lourde question de ce silence de l’ambassadeur et/ou du ministère des Affaires étrangères. Pourtant, nos autorités nous ont habitués à un caractère très chatouilleux dans d’autres circonstances. Alors pourquoi ont-elles perdu leur morgue habituelle ?

Tout porte à croire qu’il y a comme une volonté de la part des autorités algériennes de ne pas gêner le gouvernement français avec cette affaire particulièrement embarrassante. Un policier qui tue un sans papier algérien : problématique quand même quand on se rappelle de l’affaire Nahel et de toutes les autres qui ont mis le feu aux poudres dans les quartiers populaires !

Alors motus, la diplomatie se tait et gère l’affaire en douce, sacrifiant la demande de vérité sur le crime du jeune Amar Slimani (33 ans) sur l’autel de relations diplomatiques.

Mohamed Hani, député membre de la commission des affaires étrangères à l’APN, a répond aux questions de BRTV, il a soutenu que les autorités suivent l’affaire. Il a bien souligné que le consulat de Bobigny, selon des sources fiables dit-il, a commis un cabinet d’avocats pour suivre l’affaire de cet assassinat. Ajoutant même qu' »on ne laissera pas le sang algérien couler de cette manière là ».

Il est vrai que cette affaire survient au moment où l’extrême droite a le vent en poupe, où la parole raciste et xénophobe s’est affranchie de toute retenue. Mais aussi et surtout, le gouvernement français, à sa tête Emmanuel Macron, est plus que jamais isolé, dans la panade. Car au prise avec une crise politique majeure. Alors ajouter à Emmanuel Macron, une affaire dont l’extrême droite pourrait se saisir…

L’absence de réaction des autorités algériens ne peut s’expliquer que par une volonté de ne pas gêner le président français et de fil en aiguille ne pas compromettre la fameuse visite d’Etat prévue pour l’automne que Tebboune a annoncée en personne alors même qu’il n’est pas encore réélu.

Le jeune Amar a fui l’Algérie comme des milliers d’Algériens pour travailler, avoir un toit, fonder un foyer, vivre dignement, librement… bâtir une vie meilleure que celle qu’il avait au pays. Non pas pour finir tué. Comme des dizaines de milliers de jeunes Algériens, Rabah Slimani a préféré accepter de vivre sans papiers en France que de rester en Algérie. C’est la terrible et triste réalité qu’aucune autorité ne peut nier.

Et l’absence de réaction des autorités consulaires au sujet de ce crime ne fait que confirmer le peu de cas qu’elles accordent à la jeunesse et à la diaspora. Pire, en vrai, la présence de milliers de jeunes Algériens en France sans papiers renvoie l’image de l’échec lamentable des autorités à leur assurer une vie descente au pays.

La famille Slimani appelle à un rassemblement ce samedi, à partir de 11 heures, sur le parvis du tribunal judiciaire de Bobigny (département de Seine-Saint-Denis) avec pour seul mot d’ordre : « Justice pour Amar ». 

Sofiane Ayache

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