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«Assassinat revendiqué», «ciblage délibéré»: indignation après la tuerie de 6 journalistes à Gaza

Casque de journaliste

Les condamnations se multiplient depuis l’annonce de l’assassinat par l’armée israélienne de six journalistes, dont cinq travaillaient pour la chaîne qatarienne Al Jazeera. Plus rien, ni aucun État n’est manifestement à même d’arrêter les tueries.

C’est une à l’information que mène l’armée israélienne depuis octobre 2027 dans la bande de Gaza. A l’interdiction ferme et systématique de la présence dela presse internationale dans cette région qui a vu la mort de plus de 60 000 civils en moins, l’armée israélienne s’en prend aux rares journalistes palestiniens qui essayent au prix de leur vie de rapporter l’innommable supplice que vivent les Palestiniens de Gaza.

L’organisation de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé, lundi 11 août, « avec force et colère l’assassinat revendiqué » par l’armée israélienne d’un journaliste de la chaîne Al Jazeera dans la bande de Gaza. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et le Qatar dénoncent également « le ciblage délibéré » de journalistes d’Al Jazeera à Gaza par Israël.

Dimanche 10 août, Al Jazeera, chaîne basée au Qatar, a annoncé la mort de cinq de ses journalistes lors d’une frappe israélienne dans la bande de Gaza. Parmi eux, Anas al-Sharif, 28 ans, reporter bien connu de ses téléspectateurs, que l’armée israélienne a reconnu avoir ciblé en le qualifiant de « terroriste », qui « se faisait passer pour un journaliste ». Il « était le chef d’une cellule terroriste au sein de l’organisation terroriste Hamas et était responsable de la préparation d’attaques de roquettes contre des civils israéliens et les troupes » israéliennes, a-t-elle affirmé sur Telegram.

Des accusations sans preuves, rétorque RSF. « Anas al-Sharif, l’un des journalistes les plus célèbres de la bande de Gaza, était la voix de la souffrance imposée par Israël aux Palestiniens de Gaza », a estimé Reporters sans frontières dans un communiqué, en demandant une « action forte de la communauté internationale pour stopper l’armée israélienne ». 

Reporters sans frontières reproche aussi à l’armée israélienne d’avoir « reproduit un procédé connu et déjà éprouvé, notamment contre des journalistes d’Al Jazeera ». « Le 31 juillet 2024, l’armée israélienne avait tué les reporters Ismail al-Ghoul et Rami al-Rifi dans une frappe ciblée et revendiquée, accusant le premier d’être un terroriste », a fait valoir RSF.

« Depuis le début du conflit, les collaborateurs d’Al Jazeera font l’objet d’un ciblage répété. L’équipe d’Al Jazeera et Anas al-Sharif se préparaient à l’éventualité d’une telle frappe, indique Thibaut Bruttin, directeur général de Reporters sans frontières sur RFI, ce lundi 11 août. C’est pour cela qu’il avait écrit un courrier qui avait été rendu public par Al Jazeera, dans les heures qui ont suivi son décès. »

Le Qatar et l’ONU condamnent aussi

De son côté, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdulrahmane Al-Thani, a dénoncé, sur X, « le ciblage délibéré des journalistes par Israël dans la bande de Gaza » qui « révèle à quel point ces crimes dépassent l’imagination ». Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a également accusé Israël d’avoir « visé la tente » où se trouvaient les employés de la chaîne Al Jazeera, ce qui « constitue une grave violation du droit humanitaire international », selon le communiqué.

Un sixième journaliste décédé

Les autres morts sont le correspondant Mohammed Qreiqeh, le photojournaliste Mohammed Al-Khaldi, ainsi que des cameramen, Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa. Les cinq victimes ont été portées en terre ce lundi matin au cimetière Cheikh Redouane, dans la ville de Gaza, selon un vidéaste de l’AFP.

Et on apprenait ce lundi matin encore la mort d’un autre journaliste pigiste, blessé lors de l’attaque sur la tente abritant les reporters d’Al Jazeera. « Le photojournaliste Mohammed Al-Khaldi a succombé à ses blessures (…). Cela porte à six » les victimes de cette frappe, a affirmé à l’AFP le porte-parole de la Défense civile de la bande de Gaza, Mahmoud Bassal.

Leurs noms s’ajoutent à une liste de près de 200 journalistes, selon RSF, tués dans la guerre lancée en représailles à la sanglante attaque du mouvement palestinien Hamas du 7 octobre 2023.

Selon Reporters sans frontières, « le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir d’urgence sur le fondement de la résolution 2222 de 2015 sur la protection des journalistes en période de conflit armé », afin d’éviter « de tels meurtres extrajudiciaires de professionnels de médias ». L’ONG rappelle aussi avoir déposé « quatre plaintes » contre l’armée israélienne « auprès de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre commis contre les journalistes à Gaza ».

La rédaction/Rfi

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