« Aucun régime autoritariste ne peut durablement résister à une lame de fond de rejet pacifique », a soutenu le président du RCD, Atmane Mazouzi, lors dune conférence de presse organisé, ce lundi 23 septembre, au siège national du parti, pour adébattre « de la situation du pays et exposer les enseignements inhérents au scrutin du 7 septembre dernier.
Au sujet du déroulement et des résultats de l’élection du 7 septembre dernier, le leader du RCD considère que ce rendez-vous a été l’expression d’un « désaveu historique infligé au pouvoir par les populations de toutes les régions du pays et de l’émigration ».
Un désaveu qui « ne souffre d’aucune contestation y compris dans les cercles du pouvoir et (qui) a contraint ce dernier à faire jouer au conseil constitutionnel le rôle de consolidation des résultats pour s’octroyer un score moins humiliant que les quelques 15% de bulletins sortis des urnes », a expliqué l’orateur qui ajoute sur un ton ironique que « cet antidote est plus mortel que le poison lui-même ».
Et de considérer, dans ce contexte, qu' »on ne peut faire croire à personne que le comptage initial a oublié en cours de route près de la moitié des suffrages exprimés, subitement découverts par une instance, de surcroit, non outillée pour ce travail qui ne relève pas de ses attributions constitutionnelles »
Pour Atmane Mazouz, « cette tendance au rejet massif des scrutins depuis décembre 2019 » est l’expression d’un rejet populaire du régime qui ne s’est jamais démenti malgré toutes les contraintes imposées aux algériens durant les cinq ans de la mandature de Tebboune.
« Les cinq ans d’exercice du chef de l’Etat dédiés à une normalisation hypothétique par le biais de la répression, l’instrumentalisation éhontée de la justice doublé d’une perte de pouvoir d’achat sans précédent et d’un chômage endémique des jeunes livrés aux petits boulots, à la drogue et à la harga ont approfondi la défiance populaire à l’endroit du régime », explique le chef du RCD.
« Le déroulement du crutin du 7 septembre comme ses résultats doivent constituer un signal d’alarme pour opérer une halte et réunir les conditions d’un contrat social forcément inclusif », poursuit-il, appellant les tenants du pouvoir à tirer les conclusions de leurs dérives autocratiques.
« En effet, la disqualification des institutions de l’Etat aux yeux de l’écrasante majorité des citoyens est telle que toute tentative de mobiliser les Algériens autour des tâches de développement est vaine si on ne tranche pas le nœud gordien de la légitimité qui implique respect du mandat, responsabilité et contrôle démocratique des politiques publiques. Plus grave encore, à court terme, dans une conjoncture régionale et internationale porteuse de dangers, toute invocation de la construction d’un front intérieur qui peut être, à un moment ou à autre, une nécessité impérieuse, relève de la gageure quand l’Algérie du système des privilèges tourne le dos à l’Algérie de février 2019, c’est-à-dire cette écrasante majorité qui vient, une nouvelle fois, de bouder les urnes », soutient Atmane Mazouz qui alerte sur les limites et les dangers de l’immobilisme qui caractérise la gouvernance actuelle.
« La poursuite de ce statu quo de rigueur vire au blocage de la vie politique, économique et sociale. Et ce n’est pas le dépoussiérage de projets de l’ère de Bouteflika, en particulier dans le domaine minier et des infrastructures y afférentes qui peuvent durablement relancer la machine quand nombre d’entreprises licencient à tour de bras, faute de disponibilité continue d’intrants et de plus en plus faute d’une consommation finale à cause de la perte de pouvoir d’achat », note le leader du RCD qui appelle à entreprendre « des réformes à tous les niveaux de la gouvernance et qui ont été laissées en rade depuis longtemps à la faveur d’une aisance financière et d’une conception autoritariste de la gouvernance adossée à un idéologisme qui bride les évolutions en cimentant les archaïsmes sociétaux ».
Dressant une liste de chantiers à ouvrir pour sortir de l’orniere dans laquelle s’est engouffré le développement du pays dans de nombreux secteurs comme l’école, la santé, l’economie, le commerce, l’investissement…, le parti constate que « ce n’est ni le temps, ni les moyens qui ont manqué pour entreprendre toutes ces réformes », rappelant que « le mouvement révolutionnaire de février 2019 n’a pas d’autres contenus que le changement pacifique d’un système politique qui a échoué à réaliser les aspirations du peuple algérien au progrès et au développement dans la liberté, la justice, la paix et la sécurité. »
« Toute sortie de crise passe par la volonté politique de donner la parole au peuple dans un débat national libre et un dialogue qui inclut toutes les forces politiques et sociales en vue de redonner confiance et de réunir les conditions de véritables choix souverains », poursuit le chef le parti de l’opposition démocratique qui énoncé des mesures de détente au soutien desquelles les mécanismes légaux existent.
« l’expression de cette volonté politique ne peut faire l’économie de mesures de détente et d’apaisement aux plans social et des libertés comme : la cessation immédiate du harcèlement policier et judiciaire contre les militants politiques, associatifs et contre les citoyens qui expriment leurs opinions, la levée de l’interdiction qui frappe de nombreux citoyens (résidents ou dans la diaspora) dans leur droit de circulation à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, l’ouverture des champs politique et médiatique et l’abrogation des lois liberticides comme l’article 87bis, la libération des prisonniers politiques et d’opinion, de tous les détenus du hirak et la révision de tous les procès expéditifs comme celui des détenus de Larbaa nath Irathen », préconise Atmane Mazouz qui conclut de façon péremptoire : « aucun régime autoritariste ne peut durablement résister à une lame de fond de rejet pacifique. »
La rédaction