Les interdictions d’activités culturelles ou politiques s’enchaînent depuis quelques mois. Les autorités ne veulent pas entendre parler des initiatives citoyennes ou politiques. Le monopole total de la vie courante et des esprits doit revenir aux tenants du pouvoir, si l’on comprend bien ces mesures.
La verticale du pouvoir trouve tout son sens en Algérie de Tebboune. Djamel Laceb, auteur, a vu sa conférence sur le patrimoine amazighe interdite à Ath Laksar, dans la wilaya de Bouira. Dans la même semaine, c’est le RCD, un parti dument légal, qui a vu son université d’été interdite par le pouvoir. A quoi riment ces mesures arbitraires ? Ont-elles un sens dans un pays qui se revendique comme étant une démocratie ?
Ces mesures comme tout l’arsenal répressif déployé depuis l’arrivée de Tebboune au pouvoir ont un seul objectif : tétaniser la société algérienne et tuer l’esprit du Hirak/Tanekra. Pari risqué car il ne va pas sans les reniements des fondements d’une république digne de ce nom.
Le pouvoir a décidé la mort cérébrale de la scène politique. Toutes les associations, les intellectuels, les partis qui irriguaient la société algériennes d’une vie politique, culturelle, sportive et citoyennes ont été interdits d’activité, voire dissoutes pour certaines.
Comment expliquer que les autorités aient décidé de détricoter tous les acquis démocratiques d’octobre 1988 ? Y a-t-il une autre raison que celle d’une crainte d’une société éveillée ? Il y a une évidence : le pouvoir ne veut pas d’une société algérienne qui débat, échange, voire qui cultive l’esprit de contestation.
Le Hirak est passé par là. Ce mouvement de dissidence qui a réunit dans les rues pendant plusieurs mois des millions d’Algériens a donné des sueurs froides au système dirigeant.
Les rentiers de cette machine politico-militaire qui dirige le pays ont senti le vent du boulet. Le mandat d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir depuis décembre 2019 demeurera synonyme d’une période sombre pour les libertés. Rien, ni les kilomètres de propagande officielle, ni les interdictions de parole publique n’empêcheront cet état de fait. Demain, Abdelmadjid Tebboune (77 ans) quittera le pouvoir, et on se souviendra de son mandat comme étant une séquence sombre pendant laquelle l’Algérien a perdu tout espoir de l’Algérie. Aura-t-il rendu service à l’Algérie de Novembre ? Assurément non, parce qu’aujourd’hui tout Algérien qui le peut cherche à quitter le pays. Ce qui dénote du désespoir et d’absence de confiance en des lendemains meilleurs.
Maintenant, la seule question qui vaille c’est celle de savoir jusqu’à quand durera cet ordre arbitraire ?
Sofiane Ayache