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Au temps du coronavirus, Sidi Mezghiche gémit sous une décharge publique sauvage

REGION

Au temps du coronavirus, Sidi Mezghiche gémit sous une décharge publique sauvage

Si vous êtes sur le chemin wilayal numéro 7 et vous apercevez, à peine, de loin, une agglomération urbaine enveloppée dans une bouffée de fumées, sachez que vous n’êtes pas à Londres, mais plutôt à Sidi Mezghiche.

Au moment où l’épidémie du Covid 19 menace l’humanité entière, au sud-ouest de la wilaya de Skikda, en Algérie, se trouve une commune répondant au nom de Sidi Mezghiche où les ordures dégringolent la scène urbaine, s’il en reste une. 

Paradoxalement, la ville de Sidi Mezghiche était, jusqu’à peu, un exemple en matière de propreté à l’échelle nationale. En dépit de l’amélioration du cadre urbain en matière de propreté, Sidi Mezghiche vit toujours sous la menace de la pollution engendrée par une décharge publique sauvage installée au seuil de la ville, au lieudit « Kirane »

Avec l’extension arbitraire de Sidi Mezghiche, ayant d’ailleurs vu surgir des cités entières poussant comme des champignons, les habitants souffrent de plus en plus du problème écologique résumé en grande partie dans la décharge publique. 

Cette petite ville aux terres agricoles généreuses se trouve maintenant en train de gémir au péril de la pollution de toutes formes au su et au vu de tout le monde sans pour autant qu’une fin soit mise à cette catastrophe écologique au sens propre du terme. Ainsi, les terres avoisinant « la décharge de la honte » deviennent de moins en moins rentables. Au lieu d’un paysage digne d’un lieu qui a, hier, écrit une glorieuse histoire révolutionnaire, la laideur et les mauvaises odeurs règnent aujourd’hui en maîtres absolus dès l’entrée est de cette localité

Malgré la réception d’une nouvelle décharge, soi-disant normée, mise en place dans les environs de la commune de Tamalous, les promesses chantées depuis la nuit des temps d’y transférer les déchets de Sidi Mezghiche sont tombées dans l’eau. 

De ce fait, la population de Sidi Mezghiche  continue à respirer un air contenant tous les gaz toxiques du monde, résultants de l’embrasement régulier des ordures qui ne cessent de grimper en atteignant la porte d’entrée de la ville. L’extension anarchique de cette dernière – dont le sol avait été arrosé par le sang du feu héros Zighoud Youcef – est accompagnée, malheureusement, de l’extension sauvage de cet énorme espace polluant où se dégagent toutes les maladies mortelles.

En fait, Sidi Mezghiche compte aujourd’hui un nombre assez élevé des maladies dangereuses telles que le cancer. En outre, ce lieu, ennemi de l’environnement,  devient un berceau pour des insectes dangereux qui vomissent leur venin dans les corps des Mezghichis, sans parler des hordes de chiens sauvages qui trouvent refuge dans ces lieux et déambulent dans les rues de jour comme de nuit. 

De leur côté, les citoyens nous ont exprimé leur malaise par rapport à ce cauchemar environnemental. Plusieurs sont les gens qui nous ont témoigné de l’enfer  qu’ils endurent pendant les périodes estivales – surtout – où les ordures sont journellement mises à feu. 

Rachid un quinquagénaire, nous a douloureusement confié ces propos : «On a marre de ces fumées qui rendent la vie un véritable enfer. Les fumées polluées et fétides envahissent nos maisons même si on ferme les fenêtres en pleine période de canicule. Car on ne peut plus respirer. On a peur pour les petits enfants et les personnes âgées souffrant des maladies respiratoires à cause de ce crime écologique qui plane sur notre vie quotidienne depuis des décennies. » 

Lassés des fausses promesses, les habitants de Sidi Mezghiche appellent pour la énième fois les autorités publiques à intervenir en urgence en vue d’éradiquer le spectre de la pollution qui menace leur vie.

Il est vrai que la préoccupation la plus urgente pour les acteurs publics doit être centrée sur l’endiguement du Covid 19, mais nous voyons que tôt au tard, l’épidémie sera une histoire du passé. Par ailleurs, la hantise de la décharge publique est une crise pérenne pour les Mezghichis. 

Mohamed Bouchelta (PES de français, sortant de l’Ecole Normale Supérieure de Constantine et doctorant en littératures francophones comparées) 

Auteur
Mohamed Bouchelta (PES de français)

 




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