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Augmentation des salaires à Sonatrach : peut-on parler d’une bourde d’Ouyahia ?

POLEMIQUE

Augmentation des salaires à Sonatrach : peut-on parler d’une bourde d’Ouyahia ?

Une vidéo circule sur internet, succinctement commentée sur le site e-bourse d’Algérie, montrant  Ould Kaddour parler des augmentations 20% des salaires de Sonatrach et non de l’ensemble du groupe dont il a la charge (01).

Selon ses propres déclarations,  cette annonce « a créé une révolution » au point où le chef du gouvernement l’aurait appelé pour lui dire : « O sait que vous avez de l’argent mais n’en parlez pas, parce que vous allez nous créer des problèmes avec les autres institutions ».

Si ces déclarations devenues maintenant publiques sont vérifiées, quand bien même elles le seraient, montrent une carence dans le système de communication à ce niveau de la hiérarchie. Parce qu’elle semble à la lecture des commentaires dans les réseaux sociaux chauffer à blanc non seulement les institutions publiques qui préoccupent le premier ministre mais les entreprises et les filiales du groupes qui, eux aussi, montent au créneau. Ils considèrent lit-on que l’exploitation et la vente du pétrole est la propriété de tous les Algériens et en premier lieu ceux qui activent dans ce groupe.

Pourquoi donc un responsable politique d’un aussi haut niveau, propriétaire de ce groupe, s’abaisse à ce point face à un simple manager d’une entreprise pour le prier de faire cela en « cachette » alors qu’il aurait pu l’instruire autrement ?

Le plus grave, est cette sortie du PDG de Sonatrach qui a divulgué en toute impunité des propos qui pourraient choquer les citoyens, surtout en ces périodes difficiles d’une dégradation du pouvoir d’achat et les conflits qui en découlent. Il faut dire qu’à chaque occasion, les responsables se gargarisent des recettes engrangées par la vente du pétrole et du gaz mais évoquent très peu les coûts de production qui sont très importants, spécialement pour le cas de l’Algérie par le biais de Sonatrach.

Pourquoi ? Parce qu’elle importe tout. De la simple garniture d’une tête d’injection dite Wash pipe qui peut immobiliser un appareil de forage, en passant par le petit tube d’une colle Backer Lock pour l’étanchéité des filetages au produits chimiques, turbines, compresseurs jusqu’aux usines clé en main.

Aujourd’hui même pour faire manger son personnel elle fait appel au catering étranger. Elle devra donc compter ses sous pour éviter d’arriver à une situation d’un échange des dollars contre d’autres sans bénéfices.

La production d’un baril est le fruit de toute une chaîne pétrolière depuis les levées pour l’établissement des cartes géologique jusqu’à sa commercialisation et qui doivent être incorporés dans les coûts pour estimer la rentabilité de l’exploitation de ses différentes découvertes. Or, dans toutes cette chaîne, Sonatrach n’intervient que très peu. Ce sont les entreprises étrangères qui prennent la grosse part.

On peut citer entre autres : Schlumberger, Halliburton, Weatherford et bien d’autres  pour la recherche, diagraphie, la cimentation, l’interprétation, l’instrumentation, la sécurité aux puits, les éruptions etc. Toutes ces interventions sont faites en dollars qui amincissent le flux d’entrée et influent sur le prix de vente qui échappe complètement à la société car il reste l’œuvre du marché Les coûts avancés s’appuient dans certains forums de pacotille sur des transparents qui datent des années soixante dix.

Le coût de production se situait autour de 5 à 7 dollars le baril. Le prix actuel du baril, comme ceux que qui ont été pratiqués dans le passé lors des chocs pétroliers de 1973 et 1979, repose principalement sur un déséquilibre de volume.

D’abord l’embargo pétrolier  qui n’est autre qu’un gel des volumes en 1973 suivi un peu plus tard par la  révolution iranienne en 1979 ensuite la guerre Iran-Irak de 1980 ont conduit aussi à une contraction de l’offre par une baisse des volumes.

Le premier événement à quadrupler les prix qui sont passés de 3 dollars le baril à plus de 12 dollars le baril. Le retrait de l’Iran et de l’Irak de la production de l’OPEP devait conduire à un triplement de ce prix pour passer de 12 dollars le baril à 36 dollars le baril. Il faut préciser qu’à chaque fois que le prix du baril grimpe, les fournisseurs de Sonatrach le répercutent sur ses achats de l’étranger. Même si les prix des années 2000 avant la crise économique mondiale ont atteint voire dépassé les 150 dollars le baril, la pièce de rechange aussi a augmenté avec la même ampleur. On peut prendre à titre d’exemple de 1966 à 2018 le prix d’une voiture importée a augmenté de plus de 25 fois. Le salaire minimum de la moyenne européenne plus de 45 fois sur la même période.

Avancer des coûts aussi bas c’est soit les méconnaître, soit pour tromper les citoyens sur des réalités qu’on ne veut pas qu’ils sachent et surtout priver ces 32000 agents de Sonatrach qui n’ont aucune responsabilité dans sa gestion.                                                                        

R.R.

Renvoi :

(01)- http://bourse-dz.com/sonatrach-ouyahia-a-demande-la-discretion-sur-les-salaires-video/?fbclid=IwAR1CNCyjRIShLC8yrdP6qFg6z14uXp_H9XuSFDQ8gFZL7PGUipFLvTaSrEk

Auteur
Rabah Reghis

 




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