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Ayache au pays de Bouteflika !

COUP DE GUEULE

Ayache au pays de Bouteflika !

Les cris de détresse du jeune Ayache se sont fracassés sur les murs de l’indifférence des autorités.

« C’est qui l’État ? L’État, c’est le peuple », telle est la réplique démagogique du wali de M’sila en direction du frère d’Ayache, le jeune qui a agonisé seul au fond d’un puits, lui reprochant l’absence de ses services pendant trois jours pour venir au secours de son frère.

Le chef de l’exécutif de la wilaya justifie son irresponsabilité et celle de l’État en voulant s’approprier la solidarité des citoyens.

Des rapaces, même face à la mort ! Ils ne viennent que pour constater, et se rassurer ainsi que la victime ne dérange plus, elle a avalé ses râlements. Car les cris d’Ayache sont remontés sur la surface et ils se sont faits entendre ailleurs, à travers d’autres canaux, d’autres « tuyaux », à l’exception les oreilles des autorités qui sont restées sourdes.

Pour se soustraire à sa responsable, le wali s’est targué même de l’omniscience. Et, selon lui, le frère de la victime n’est qu’un pauvre ignorant auquel il faudra tout expliquer et lui dire qui est qui : tout ce qu’il aurait pu voir comme solidarité des citoyens, c’est l’État qui n’était pas absent et qui s’exprimait en réalité à travers le peuple. Incroyable !

Passons sur les sorties pathétiques d’Ouyahia, du nouveau président de l’Assemblée nationale, qui semble atteint lui aussi du syndrome de Ouled Abbès, de Haddad et des courtisans de Bouteflika, le wali n’en dira pas plus sur la suite de son raisonnement. À le croire, c’est le peuple qui s’auto-réprime quand l’État déploie ses forces et fait  sortir son arsenal policier pour disperser et arrêter des citoyens revendiquant le droit de vivre, de s’exprimer, de s’organiser et de liberté. Si l’on comprend bien, on est masochiste au point à se mutiler et de se saisir des clés pour s’enfermer volontairement dans leurs geôles alors qu’eux, les grands coeurs, ils se saignent pour nous bâtir un pays pour vivre décemment et dignement…

Ce discours s’inscrit dans la rhétorique habituelle. C’est la marque de fabrique du régime qui consiste également à culpabiliser les harragas, alors que le pays leur a, à croire le pouvoir et ses relais, tout offert : ils fuient la richesse et le bien-vivre, pas la misère et l’oppression.    

À la déliquescence de l’État, la crise économique et l’impasse politique s’ajoutent le cynisme, la médiocrité du discours, la pénurie du raisonnement et des idées.

Tout cela explique les plans foireux qui sont échafaudés ces jours-ci pour soi-disant trouver une sortie de crise.

Ils étaient occupés à murmurer dans l’oreille de Louisa Hanoune, (rappelons Cheb Mami en 2005 qui avait informé le peuple algérien sur l’état de santé de Bouteflika après lui avoir rendu visite au Val-de-Grâce) à qui est revenu cette fois-ci l’honneur d’annoncer au peuple algérien une probable sortie du Président Bouteflika à la fin de semaine pour rendre publique sa « feuille de route ».

Pendant ce temps, le jeune Ayache dont les cris étaient assourdissants attendait au fond de son puits une ultime main venant le secourir. Mais personne en haut ne l’a entendu. Tous les tenants de régime et leurs valets étaient accrochés aux lèvres du chuchoteur de Madame Hanoune qui serait subitement devenu de bon augure.

Mais quel que soit le contenu de « cette feuille de route » qui risque d’être dévoilée par Bouteflika sauvera-t-elle la vie des jeunes qui se jettent par dizaines à la mer, celle des familles dont les toits de maisons s’effondrent sur leurs têtes ? « Cette feuille de route » sera-t-elle à même d’apaiser la misère qui tord le ventre de ces millions d’Algériens qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts ? Rien de cela. Tous ces plans concoctés ici et là sont une entreprise à maintenir le régime en place et à entretenir l’illusion d’une possible sortie de l’impasse dans le cadre du système actuel.

Auteur
Youcef Rezzoug

 




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