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Badi Lalla, doyenne du tindi et figure de la musique touareg, s’éteint

Badi Lalla

L’artiste Badi Lalla s’est éteinte ce lundi 21 avril, a l’âge de 88 ans, au Centre hospitalo-universitaire de Tizi-Ouzou, où elle était hospitalisée depuis une quinzaine de jours pour des soins médicaux approfondis.

Sa disparition marque la fin d’un parcours musical exceptionnel, salué par le ministère de la Culture et des Arts comme une perte inestimable pour le patrimoine artistique algérien.

Dans un communiqué officiel, le ministre de la Culture, M. Zahir Bellou, a exprimé sa profonde tristesse et rendu hommage à cette grande voix du Sud algérien. Il a souligné « l’héritage artistique éternel » laissé par Badi Lalla, qui a su conjuguer les traditions musicales ancestrales touarègues avec des influences contemporaines, tout en portant haut l’identité culturelle de la région du Tassili N’ajjer.

Née en 1937 à In Guezzam, dans la région de Tamanrasset, Badi Lalla, de son vrai nom Badi Lalla Bent-Salem était considérée comme la mère spirituelle des Touaregs. Dès l’âge de 10 ans, elle maîtrisait le Tindi, un style musical traditionnel d’inspiration spirituelle, souvent réservé aux femmes lors de cérémonies communautaires. Son parcours l’a menée à devenir l’une des pionnières du Tichoumaren – souvent qualifié de blues touareg – qu’elle a contribué à faire évoluer en y intégrant des sonorités modernes, telles que la guitare électrique et la basse.

Enveloppée dans le Tisseghnest traditionnel, sa voix profonde et vibrante a résonné bien au-delà des scènes de Tamanrasset, vibrant jusque dans les grandes salles parisiennes. Sa performance mémorable aux côtés du groupe Tinariwen dans la capitale française demeure un moment fort, tant elle semblait incarner l’âme du désert algérien. En 2017, la sortie de son premier album a été saluée pour sa subtilité, mêlant avec justesse l’héritage touareg et les sonorités contemporaines.

Ambassadrice d’une culture souvent marginalisée, Badi Lalla a incarné pendant plus de sept décennies l’âme musicale du Sahara. Son engagement artistique a été un vecteur puissant de transmission, de mémoire et de dialogue entre les générations.

Sa dépouille devait être transférée dans la soirée de Tizi Ouzou vers Alger, avant de rejoindre  Tamanrasset, où elle sera inhumée.

Avec Badi Lalla disparaît une gardienne de la poésie et du chant touareg. Mais son héritage, lui, continuera de résonner à travers les dunes, les guitares et les voix de celles et ceux qu’elle a inspirés.

La rédaction

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