Les manifestations au Bangladesh, organisées depuis juillet au départ par des étudiants qui voulaient dénoncer les règles d’embauche dans l’administration et violemment réprimées, ont provoqué lundi 5 août le renversement de la Première ministre Sheikh Hasina.
Elle était au pouvoir depuis 15 ans, fille du premier président du Bangladesh. Son palais a été pris d’assaut par les manifestants ce lundi. Quelques minutes avant, la cheffe du gouvernement a quitté Dacca, la capitale, par hélicoptère. Le chef de l’armée explique qu’elle a démissionné et qu’il va former un gouvernement intérimaire.
La contestation et la violente répression reprennent au Bangladesh. Près de 100 personnes ont trouvé la mort ce dimanche alors que les manifestations, menées par la fronde étudiante, exigent la démission de la Première ministre Sheikh Hasina qui a quitté son domicile pour un lieu plus « sûr », a-t-on appris ce lundi alors que son domicile a été pris d’assaut. C’est un retour à la case départ alors que la contestation avait semblé marquer le pas.
Tandis que des centaines de milliers de manifestants antigouvernementaux défient de nouveau ce lundi le couvre-feu et les forces de sécurité du Bangladesh, on a appris que Sheikh Hasina avait quitté son domicile : la Première ministre a quitté lundi dans l’après-midi sa résidence de Dacca pour un « lieu sûr », selon une source proche de la dirigeante bangladaise. Son palais est pris d’assaut par les manifestants, selon des images de la télévision, rapporte l’Agence France presse.
Son fils a, de son côté, exhorté les forces de sécurité du pays à empêcher toute prise du pouvoir, alors que des milliers de manifestants demandent la destitution de la dirigeante de 76 ans, au pouvoir depuis 2009.
Le pays fait de nouveau face à une nouvelle coupure d’internet généralisée, selon le fournisseur d’accès et il est prévu que le chef de l’armée Waker-Uz-Zaman s’adresse à la nation dans la journée.
Un dimanche sanglant
Ces nouvelles émeutes surviennent au lendemain d’un dimanche sanglant au cours duquel 94 personnes ont été tuées, selon les derniers chiffres. Ce dimanche a été la journée la plus meurtrière du soulèvement. Internet avait été coupé et trois jours de vacances ont été décrétés. La Première ministre déclare faire face à des terroristes qu’elle appelle à « supprimer ». Le Bangladesh se trouve dans une situation explosive, soulignait ce lundi matin notre correspondant régional.
« Le temps est venu de la manifestation finale », avait lancé dimanche 4 août Asif Mahmud, un des leaders du mouvement étudiant à l’origine de la contestation, en appelant à marcher sur la capitale. Tout Dacca s’est transformé « en champ de bataille » et une foule de plusieurs milliers de manifestants a mis le feu à des voitures et des motos près d’un hôpital, selon une autre source policière.
Plus tôt dans la journée, des milliers de Bangladais s’étaient rassemblés sur une place de Dacca pour exiger la démission de la Première ministre Sheikh Hasina. Ils répondaient à l’appel du collectif étudiant Students Against Discrimination (étudiants contre la discrimination en anglais) qui avait exhorté la veille à la désobéissance civile. De son côté, le secrétaire général de la Ligue Awami – parti au pouvoir – Obaidul Quader, avait appelé les Bangladais à se rassembler dimanche dans « tous les quartiers de Dacca » et « dans tous les districts » du pays.
« La violence choquante Bangladesh doit cesser. La force excessive, la désinformation et l’incitation à la violence doivent cesser. Je suis profondément inquiet que d’autres vies soient perdues lors de la marche de masse prévue à Dacca. Les dirigeants politiques et les forces de sécurité doivent protéger le droit à la vie », peut-on lire sur le compte X du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, dans un message posté dimanche soir.
Au total, on dénombre au moins 300 morts depuis le début de la contestation.
Situation explosive
Ce mouvement a commencé par la contestation des quotas d’emplois publics jugés favorables aux proches du régime de Sheikh Hasina. Les quotas ont été revus à la baisse et les organisations étudiantes avaient appelé à une trêve après 200 morts. Une trêve seulement, car les manifestants exigeaient des excuses de la Première ministre, la libération des personnes arrêtées, une enquête de l’ONU sur les victimes de la répression et de façon générale le retour de la démocratie au Bangladesh, où l’opposition a boycotté les dernières élections.
Rien de cela n’est arrivé aussi les manifestants sont-ils redescendus donc dans la rue depuis le vendredi 2 août. À mesure qu’Internet était rétabli et que des vidéos d’exactions des forces de sécurité circulaient, la colère se fait d’autant plus forte. C’est un retour à la case départ pour Sheikh Hasina, face à des manifestants prêts à risquer leur vie contre son régime, accusé de violations multiples des droits humains.
Avec Rfi