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Batifolages entre la France des Lumières et l’Orient des Ténèbres

REGARD

Batifolages entre la France des Lumières et l’Orient des Ténèbres

« La religion n’est pas seulement un système d’idées, elle est avant tout un système de forces. » Emile Durkheim

Cette citation est tirée de Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912) du sociologue positiviste Emile Durkheim. Elle synthétise impeccablement les relations de notre pays avec les puissances financières et pétrolières du Moyen-Orient, surtout depuis que la France s’est mise volontairement sous les fourches caudines du Qatar et, subséquemment, sous celles de sa grande voisine, l’Arabie saoudite. 

Comment la patrie de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui stipule, en son article 1er que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » peut-elle accepter de se mettre sous l’influence de ces deux pays qui n’ont pour seules dialectiques que la discrimination basée sur l’appartenance à une religion révélée. 

La France est à mille lieues aux sens géographique et idéologique, avec ces deux entités artificielles que la Grande-Bretagne a aidées à mettre sur pieds à la fin de la Première Guerre mondiale après l’effondrement des empires centraux. Rien, absolument rien, ne relie la patrie des Lumières qui ont illuminé la planète il y a plus de deux siècles à celles de l’obscurantisme le plus profond. Ici, chez nous, la femme française est l’égale de son compagnon avec lequel elle peut faire des enfants sans être mariée et, surtout, sans être passée devant monsieur le curé. Là-bas, la femme ne décide de rien. Elle est mariée, contre son gré s’il le faut, par son père, et si elle est orpheline, par son frère. Si elle n’a pas de frère, ce sera son oncle, son grand-père ou son cousin au besoin qui décidera pour elle ou n’importe quel homme de la famille, proche ou éloignée. Pourvu que ce soit un homme qui ait l’honneur chevillé au corps, qu’il puisse montrer, haut et flottant au vent, la bannière de la décence et de la pudeur.

Ici, toute citoyenne et tout citoyen ont le droit de pratiquer la religion qui leur sied – ou de ne pas en pratiquer du tout si ça fait partie de leurs convictions. Là-bas, seule l’adhésion à la foi mahométane a droit de séjour. Ou, du moins, celle de faire semblant d’y croire.

Ne jamais dire son athéisme. Ne jamais l’avouer. Surtout pour les apostats qui sont des cadavres en sursis et qui risquent d’y passer à la moindre interrogation.

Que lister encore ? On continue l’arsenal des différences, que dis-je des gouffres ? Ici, l’immense humaniste Robert Badinter, brave parmi les braves, géant au sein des géants, une des rares figures qui me donne l’espoir de croire encore et encore dans l’être humain, a tenu en 1981 un discours historique proche de la chanson de geste qui traverse les temps, pour crier haut et fort son aversion de la barbarie : la peine de mort a été définitivement déclarée hors la loi.

Là-bas, on lapide les femmes en public jusqu’à ce que mort s’en suive, on fouette les rares personnes qui osent faire état de leur scepticisme comme le blogueur Raïf Badawi, emprisonné pour dix ans et condamné à être flagellé de mille coups de fouet, et sur lequel les autorités des pays dits démocratiques ont mis définitivement un voile, pour ne pas dire un hidjab. Ceux qui sont voués à la mort sont exécutés dans la rue, à même l’asphalte, d’un coup de sabre devant les passants.

Continuons la longue litanie qui sépare les valeurs de notre pays du peu de morale que possèdent ces monarchies d’un autre âge. A se demander comment de telles épousailles, de raison faut-il le préciser, peuvent lier la France, patrie de Voltaire, d’Olympe de Gouge et d’Antoine Lavoisier à l’Arabie saoudite, vaste étendue sablonneuse où rien n’a jamais été fabriqué par l’être humain mais dont les sous-sols sont gorgés de richesses naturelles qui font baver les occidentaux. Cette réalité a pour conséquences de créer des relations commerciales déséquilibrées qui prévoient d’un côté l’exportation des hydrocarbures et de l’autre le bradage du peu de dignité des gouvernants des pays de l’Ouest.

Ici, chez les infidèles, la femme a le droit de voter depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et même d’être élue, voire d’être nommée ministre, et même Première ministre. Là-bas, on commence timidement à accepter de la voir assise au volant de sa propre voiture. Ici, il y a le mariage pour tous, y compris, depuis quelques années pour deux personnes du même sexe. Là-bas, le mariage ne peut se faire qu’entre musulmans et au son de la « fatiha » s’il vous plaît, psaume chanté par un imam dûment mandaté par la seule branche wahhabite. Ici, nous élisons nos dirigeants, bons ou mauvais, même si nous le regrettons pendant un laps de temps. Nous, nous pouvons dénigrer et déblatérer sur les actions de nos gouvernants, nous pouvons même en rire et vomir sur les vêtements avec lesquels s‘affublent leurs femmes ou leurs maris. De l’autre côté, les autorités considèrent toute voix dissidente comme du terrorisme.

Là-bas, il y un roi tout puissant, descendant forcément de la famille du prophète, voire un sultan, ou un émir qui transmet le flambeau à son fils ou éventuellement à son frère. Tous les ministres du gouvernement sont cousins, les dirigeants des sociétés pétrolières, immobilières ou de tourisme, et tous ceux qui comptent dans l’organigramme du pays sont de la même famille. Jusqu’au nom du pays qui prend sa racine dans celui de la famille qui a été mise sur le trône à partir du « quart vide », Rub el Khalli, par les Britanniques en général et en particulier par T.E. Lawrence qui était un ami personnel de Fayçal Ibn Hussein Al Saoud.

Voilà le démon que l’Occident a créé, pour ses intérêts bien compris et sans savoir ce qu’il allait subir de la part de sa propre créature, à l’image du docteur Frankenstein et son monstre. Sponsorisés par les grandes capitales occidentales, voilà que le Qatar et l’Arabie saoudite se mettent à leur tour à chaperonner des officines plus que douteuses. Les nervis qui leurs servent d’ambassadeurs, fanatiques et sectaires, noyautent les grandes organisations internationales et s’infiltrent dans les associations européennes pour y injecter des sommes astronomiques, achetant clubs de football, entreprises et partis politiques. Ils ouvrent des centres communautaires, financent des écoles islamiques, construisent des mosquées et ainsi, forment des islamistes dont la radicalisation n’est plus à démontrer. 

L’Occident et plus précisément la France, cette terre qui a donné au monde des valeurs de générosité et de grandeur, se voient petit à petit dépecés de leurs attributs pour se constituer désormais en un conglomérat de wilayas de dhimmis à la solde des enturbannés de tous poils qui n’ont comme seul projet que celui de réduire la partie occidentale de la planète à une colonie servile. De ce point de vue, ils sont sur le point de réussir : l’Europe est en train de se vider de sa force d’âme et la France de son authenticité et de sa vaillance !

 

Auteur
Kamel Bencheikh

 




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