À Hamla, quartier populaire de Batna, un trottoir neuf avait récemment attiré les regards. Bien tracé, bien posé, bien aligné. Les riverains parlaient presque avec fierté d’un chantier « makhdoum sur ech-chaara » — comprenez : fait avec soin, comme on n’en voit pas souvent.
Mais cette illusion de rigueur n’a pas tenu longtemps.
Il a suffi d’une pluie. Une seule.
En quelques heures, le trottoir s’est transformé en terrain miné : fissures, dalles disloquées, flaques stagnantes et ciment délavé.
Les photos du saccage ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux. On y voit ce qui devait être un symbole de renouveau virer au décor effondré.
> « Makhdouma à la surface, mais creuse à l’intérieur », commente un habitant.
« Ils construisent pour les caméras, pas pour les citoyens », ajoute un autre.
Ce trottoir — déjà en ruine — illustre une maladie chronique de la gestion locale : la hâte, le bricolage, l’absence de contrôle, et surtout l’oubli que les infrastructures publiques ne sont pas là pour impressionner, mais pour durer.
À Hamla, la pluie n’a pas seulement abîmé le béton. Elle a rincé l’illusion.
Djamal Guettala