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BEM 2025 : « Tizi Ouzou en tête », le ministre Saâdaoui rectifie le tir après la polémique

Mohamed Seghir Saâdaoui,

Mohamed Seghir Saâdaoui n'aime pas Tizi-Ouzou

Le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Sghir Saâdaoui, a tenté ce mercredi 2 juillet de calmer la polémique provoquée par ses précédentes déclarations sur le classement des wilayas aux résultats du Brevet d’enseignement moyen (BEM).

Le minsitre Saadaoui a dû avoir les oreilles qui sifflent ces derniers jours suite à ses déclarations frisant le racisme concernant les résultats du BEM.

Lors de la conférence nationale sur la clôture de l’année scolaire, tenue au lycée des mathématiques de Kouba, le ministre a officiellement confirmé que, « en termes de wilayas », Tizi Ouzou s’est classée première à l’échelle nationale, devant Béjaïa, Jijel, Sétif, Alger Centre, Batna, Bouira, Guelma, Aïn Defla et Souk Ahras. Bien sûr, le ministre ne s’y est pas attardé, emballant ses propos d’une logorrhée pour noyer les premiers.

Cette mise au point intervient en effet quelques jours après une sortie controversée dans laquelle le ministre avait d’abord salué l’École internationale algérienne en France comme ayant obtenu les meilleurs résultats, ce qui avait suscité une vive incompréhension, notamment sur les critères de classement et la pertinence d’associer un établissement spécifique à une évaluation régionale.

Une clarification tardive

Face à la polémique, le ministre a opéré un rétropédalage prudent en recentrant son discours sur les performances des directions de l’éducation des wilayas, qu’il a qualifiées de « modèles à suivre ». Sans revenir explicitement sur ses propos initiaux, il a tenté de repositionner le débat autour des efforts pédagogiques et des pratiques éducatives locales.

Tizi Ouzou, régulièrement en tête des classements aux examens nationaux, a été mise en avant comme une wilaya exemplaire. Le ministre a souligné que les résultats obtenus « sont le fruit d’une mobilisation continue au sein des établissements scolaires». Une reconnaissance perçue par beaucoup comme un correctif nécessaire pour désamorcer les accusations de partialité.

Enquête ministérielle sur les wilayas en difficulté

Dans un autre registre, Mohamed Sghir Saâdaoui a annoncé l’ouverture d’une enquête par l’Inspection générale et la Direction de l’enseignement pour comprendre les contre-performances enregistrées dans certaines wilayas. Cette démarche, placée sous sa supervision directe, vise selon lui à « identifier les faiblesses structurelles » et à adapter les politiques éducatives en conséquence.

Si cette volonté de transparence est affichée, elle n’en demeure pas moins perçue par certains observateurs comme une opération de communication visant à détourner l’attention des maladresses verbales du ministre. 

Les Cadets de la nation : modèle d’élite ou écran de fumée ?

Le ministre a également salué les « résultats excellents et complets » obtenus par l’École des Cadets de la nation, affirmant que les méthodes pédagogiques appliquées dans cet établissement militaire d’élite pourraient inspirer le reste du système éducatif. Une déclaration qui suscite elle aussi la controverse : certains y voient une valorisation excessive d’un modèle non généralisable, en rupture avec les réalités de l’école publique algérienne. Pas seulement puisqu’il faudrait se pencher sur les moyens mis dans cette école par rapport à ceux des écoles publiques.

Une rhétorique revisitée pour calmer les tensions

En définitive, Mohamed Sghir Saâdaoui tente de reprendre la main sur un dossier sensible. Tout en évitant l’autocritique explicite, il recompose son discours autour de la performance éducative, de l’équité territoriale et de l’exemplarité. 

La polémique aura eu le mérite de mettre en lumière les attentes fortes autour de l’équité dans l’éducation, et la nécessité pour les autorités de mieux maîtriser la communication sur des sujets aussi sensibles que la réussite scolaire régionale — dans un pays où les fractures territoriales restent un sujet latent de tension.

Samia Naït Iqbal

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