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Bengrina accuse un ministre de falsifier les chiffres !

Tebboune Bengrina

La nouvelle Algérie : Tebboune et Bengrina.

Lors d’une intervention publique, le chef du parti crypto-islamiste, Al Bina al Watani (parti de la construction nationale) a affirmé qu’« un député de son mouvement avait rapporté la plainte d’un directeur de wilaya contre un ministre en exercice».

Ce dernier, selon Abdelkader Bengrina, aurait exigé de « gonfler les statistiques et de les modifier », promettant même l’envoi de « chiffres alternatifs » par ses assistants. Le directeur, sanctionné par son wali pour avoir appliqué ces consignes, aurait alors saisi les élus de la mouvance islamiste, craignant que cette affaire n’écourte sa carrière.

La sortie de l’ex candidat islamiste à la présidentielle a suscité de vives réactions, notamment celle du cinéaste Bachir Derrais. Dans un billet publié sur sa page Facebook, il écrit : « Bengrina a accusé un ministre — sans le nommer — de falsifier les chiffres et de gonfler les statistiques afin de présenter un bilan mensonger suggérant un succès devant le président. Mais soyons clairs : Bengrina ne parle jamais au hasard, ses déclarations sont toujours calculées. Il semble que cette sortie vise à faire tomber un ministre encore soutenu par des cercles influents de l’État. En réalité, ce ministre avait déjà été “donné en pâture” avant même les déclarations de Bengrina, car tous ceux qui connaissent les coulisses de la politique savent que ce qu’il dit, tout le monde le sait déjà. »

Et Derrais d’ajouter : « Ces pratiques ne sont pas une exception et ne concernent pas seulement un ministre. Le maquillage des bilans et la manipulation des statistiques sont devenus une habitude profondément enracinée chez de nombreux responsables actuels. Alors pourquoi braquer les projecteurs sur un seul ministre ? Et pourquoi maintenant ? L’affaire ressemble davantage à un règlement de comptes politique… Dieu seul le sait. »

Dans ce théâtre où les bilans sont souvent « arrangés », Bengrina ne fait donc que dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Mais l’étonnant n’est pas tant dans le contenu de ses accusations que dans le timing et la cible, souligne encore le cinéaste.

L’homme politique n’est pas coutumier des déclarations impulsives. Ses interventions sont calculées, ses silences aussi. Sa sortie sonne donc moins comme un cri d’alerte que comme un tir ajusté dans une bataille de clans où les règlements de comptes se font à ciel ouvert, selon Bachir Derraïs.

L’analogie avec le célèbre western américain de John Sturges (*) est frappante : à « O.K. Chorral », les protagonistes dégainent non pour défendre une vérité, mais pour marquer un territoire et éliminer un rival.

La rédaction

* Règlements de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral) est un western américain de John Sturges sorti en 1957, inspiré de la fusillade d’O.K. Corral.

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