Le régime a peur des livres et des espaces de débats. Il vient de le montrer ce samedi en envoyant la police arrêter une vente dédicaces de l’ouvrage « La Kabylie en partage », écrit par Dominique Martre.
Quels délinquant pouvait bien cacher la belle librairie Gouraya pour mériter une descente musclée de la police ce samedi après-midi ?
Pourtant tout a bien commencé. La librairie Gouraya a mis tous ses moyens pour bien organiser l’événement. Dominique Martre dédicaçait tout heureuse son ouvrage qui témoigne sur la Kabylie à l’époque où elle était enseignante. Rien de bien subversif qui puisse chatouiller les nerfs de nos dirigeants.
Pour autant, une escouade de policiers a vite investi cette librairie et procédé à des arrestations. L’auteure, son mari, Arezki Ait Larbi (éditeur), Kader Sadji, Farid Zeroual, Yasmina Chouaki, Merzouk Touati, journaliste-activiste, et certaines des personnes venues assister à la présentation du livre et à la séance dédicace sont embarqués sans attendre au commissariat. Ils ne seront relâchés qu’en fin de journée, selon les informations publiées par le journaliste et éditeur Arezki Aït Larbi sur son compte Facebook.
Pourquoi donc la police a investi cette librairie, mis un terme à la séance dédicaces et arrêté les participants ? Le livre a obtenu son ISBN et est vendu dans toutes les bonnes librairies du pays. Dominique Martre a même organisé avec l’éditeur une vente dédicace le 27 juin dernier à la librairie des Beau Arts sans que les autorités ne s’en émeuvent ! Mais alors ?
Qui a décidé de cette acte inqualifiable ? Le wali ? Le ministère de la Culture ? Ou simplement le commissaire du coin ?
Il est vrai qu’hormis les agitations officielles, il n’y a plus rien qui se passe. Assommé par la propagande officielle, généreusement relayée par la presse publique et privée, le pays est dans le coma, alors quand une conférence sur un ouvrage a lieu, c’est presque la révolution…
Comment dans ces conditions organiser une présidentielle et accepter que des candidats critiquent les incalculables dérives et ratés du chef de l’Etat ?
Yacine K.
La 4e de couverture de l’ouvrage qui a subi la foudre des autorités.
« Années 1970 : la bourgade kabyle de M’chedallah. Une jeune femme de 22 ans, Dominique Martre, rejoint son poste d’enseignante au titre de la coopération. Durant une année, elle noircit les pages de son journal (près de mille pages), y consigne tout ce qu’elle découvre, partage, observe : elle entre dans les maisons, des femmes l’accueillent à leur table, elle accède à l’intimité de leur vie quotidienne… Peu à peu c’est la société locale dominée par des figures masculines qui se dévoile et prend forme. Commencent à se dessiner des « histoires de vie » marquées par l’ombre et le poids de la colonisation (M’chedallah s’appelait alors Maillot), par l’émigration, par les conflits générationnels, entre tradition et modernité…
Revenue en France, elle cherche comment restituer et transmettre quelque chose de ce vécu, de cette expérience bouleversante et enrichissante. Les années passant, elle retourne à plusieurs reprises en Algérie, retrouve certains de ses anciens élèves restés là, d’autres ayant émigré, trouve finalement la forme qu’elle va donner à son livre : plus que des « histoires de vie », les portraits d’hommes et de femmes, attachants et singuliers, articulant hier et aujourd’hui, histoire individuelle et vécu collectif, ici et là-bas et qui, contre les entraves de l’histoire, continuent à tracer des chemins de liberté ».
Présentation de l’auteure
Après avoir suivi un cursus de lettres puis d’ethnologie à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris, après avoir été enseignante, journaliste, comédienne, Dominique Martre est devenue consultante en formation et communication. Bien qu’elle ait une longue expérience d’écriture : Mon enfant en terre lointaine, une adoption ouverte, éditions Privat, 2009, articles et dossiers de presse, journaux de terrain, rédaction de travaux universitaires, avec cet ouvrage, elle inaugure une forme originale d’écriture.