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Blida : 215 étudiantes sous le voile de la chasteté

Les étudiants se font voiler par centaines en Algérie
Les étudiants se font voiler par centaines en Algérie

Le 11 mai dernier, 215 étudiantes de l’université de Blida ont pris part à une cérémonie du part du voile qu’organisée l’association islamiste estudiantine AREN en collaboration avec la direction wilayale des affaires religieuses, selon le chef du bureau du syndicat étudiant, Hafid Abdelmoumen Karim sur le média Echourouk News.

L’objectif visé par cette association islamiste est de porter le nombre de « voilées » à 1000 d’ici la fin de l’année en cours. Regroupées au sein de l’auditorium de la faculté des langues étrangères du campus d’El-Affroun, les étudiantes sont toutes émues et prêchant la douteuse réconciliation avec l’habille de la chasteté et le « renouveau des valeurs de l’islam».

Le plus surprenant dans cette affaire est que l’administration centrale universitaire en question n’a pas été, semble-t-il, mise au courant des détails du programme. L’avale a été bien signé sur une activité scientifique à l’occasion du 67e anniversaire du 19 mai 1956. Aux premières images télédiffusées, c’est autour de la tutelle ministérielle de s’informer auprès du rectorat de Blida sur la teneur des programmes en question. L’administration universitaire est dans l’embarras, c’est au tour de la tutelle de disjoncter une enquête sur le terrain qui aurait duré plusieurs heures où tous les participants ont été entendus.

En parallèle, « d’autres institutions se sont mêlées à des enquêtes sur la nature de l’activité et sur les organisateurs de l’avènement », dit-on au sein du campus Ali-Lounici. Qu’elle fut le rôle d’un certain ex-membre du parti dissous dans cette douteuse mise en scène ? L’enquête suit son cours et face au marasme généralisé, beaucoup espèrent un réel et pressant dénouement positif en cette période d’examens à l’approche de la fin d’année universitaire.

Et pourtant, c’est la énième activité de prosélytisme mené au grand jour de la part d’organisations liée à l’islamisme politique et utilisant des espaces publics. Auparavant, ce fut le tour de l’université de Bab Ezzouar, classée récemment à la 1950e place mondiale sur 2000 universités, qui a connu le buzz de la chasteté en voilant 150 étudiantes de la résidence U d’El-Djorf, en date du  17 mars 2023. Un éphémère organisme associatif du nom d’El-Maali, proche de l’UGEL de la mouvance des Frères musulmans d’Algérie, de mener à tambour battant une telle exhibition.

Beaucoup d’observateurs nationaux y voyaient le retour à travers ses actions, aux années de plomb du terrorisme islamiste.  Un retour qui a été pourtant signifié le long des deux derniers numéros de l’organe du MDN, sur une éventuelle aventure de l’extrémisme violent qui ne devait pas leurrer et pour deux fois, le peuple algérien. Si l’Algérie a combattu fermement le terrorisme islamiste, elle a averti le monde entier et à temps voulu, des conséquences destructrices et désastreuses de ce phénomène. Il se trouve que certaines enclaves administratives aux idéaux bien rétrogrades portent consciemment ou non, leurs appuis à cet exhibitionnisme qui est bien programmatique pouvant susciter un certain intérêt pour la promotion de l’action violente.

Les activités de la soi-disant réconciliation et au retour à l’habillement intégriste, ne peut être aperçu sur le seul plan de l’apparence d’ascétisme, mais bien d(un facteur permettant la mobilisation générale de nouvelles effectifs pour un projet sordide dans l’attente des prochaines élections présidentielles dans le pays. Les universités nationales renferment et c’est le cas de le dire, un immense potentiel d’influer sur la pratique politique et le devenir de tout un pays. La mise sous voile de centaines voir de milliers d’étudiantes est un « investissement » générique sur le rôle de la femme dans une société masculine qui pratique l’attentisme et l’inertie.

Dans cette absence de dynamiques politiques et sociales, il devient tout à fait « normatif » que des complicités de la part d’institutions universitaires, de s’ouvrir sur un jeu dont ils ignorent l’ampleur de son danger. Après avoir cloisonner l’enceinte des enseignements et de la recherche rationnelle et sa mise à mort, on porta à sa tête des individualités bravant « une science de l’ignorance » et la pratique de l’affairisme de bazar et de la délinquance administrative. Il est logique que nos dernières universités soient mises au seuil de l’éjection totale de l’ordre mondial des sciences et du développement technologique.

La pratique du prosélytisme islamiste est à associer avec la promotion d’une armada d’incompétents au sein des universités nationales, des forces centrifugeuses prêchant la méconnaissance totale de la gestion des affaires et encourageant le négationnisme envers le savoir et le progrès.

Mohamed-Karim Assouane, universitaire.

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