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Boualem Sansal transféré à une unité de soins à Alger

Boualem Sansal

L’affaire Boualem Sansal suscite toujours une vive inquiétude tant sur le plan humanitaire que juridique. L’écrivain de 75 ans arbitrairement embastillé a une santé fragile. Et son arrestation révèle surtout les graves violations des libertés en Algérie.

Incarcéré depuis mi-novembre 2024 pour atteinte à la sûreté de l’État, Boualem Sansal a été arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre, en vertu de l’article 87 bis du code pénal algérien, qui punit les actes jugés comme terroristes ou subversifs. Cette arrestation a été perçue comme une tentative de museler une voix dissidente, notamment celle de l’auteur de « Le Serment des barbares » et « 2084: la fin du monde ».

Récemment, il a été transféré dans une unité de soins d’un hôpital Mustapha Pacha à Alger, une décision qui a été annoncée par son éditeur, Antoine Gallimard, et son avocat, François Zimeray, lors d’une soirée de soutien au Théâtre libre.

Antoine Gallimard a précisé que ce transfert, demandé par Boualem Sansal lui-même, était le deuxième du genre, soulignant la fragilité de sa santé. Il a également noté que les autorités pénitentiaires avaient compris l’importance de préserver la vie de Boualem Sansal, tant pour des raisons humanitaires que pour éviter des répercussions négatives sur leur image.

L’avocat Zimeray a exprimé des préoccupations similaires, déclarant que Sansal ne se portait pas bien et que des biopsies récentes avaient révélé des résultats préoccupants. Il a lancé un appel aux autorités algériennes pour qu’elles fassent preuve d’humanité dans cette affaire, soulignant l’urgence de la situation.

Lors d’une conférence de presse à Paris le 11 décembre, Me Zimeray avait déjà dénoncé le transfert de Boualem Sansal vers la prison de Koléa, sans que la défense ni la famille ne soient informées au préalable, ce qui a soulevé des questions sur le respect des droits de l’homme et des procédures judiciaires.

Le rejet de la demande de libération provisoire de l’écrivain par un tribunal d’Alger a également été un point de tension, renforçant les craintes quant à son traitement et à son état de santé.

À 75 ans, Boualem Sansal est considéré comme un prisonnier politique, et son incarcération est perçue comme une atteinte à la liberté d’expression en Algérie.

Les appels à sa libération et à un traitement humain continuent de se multiplier, tant au niveau national qu’international, alors que la communauté littéraire et les défenseurs des droits de l’homme s’inquiètent de l’impact de cette affaire sur la liberté d’expression et la santé de l’écrivain.

En somme, l’affaire Boualem Sansal est emblématique de l’arbitraire qui règne en Algérie, et elle soulève des questions cruciales sur les droits de l’homme et la santé des prisonniers politiques dans le pays. 215 détenus d’opinion croupissent dans les prisons pour avoir, souvent juste, apporté une critique au régime ou à ses représentants locaux.

Yacine K.

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