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Bouaziz Aït Chebib : un combat pour les libertés

Bouaziz Aït Chebib

« A tidet arǧu fella-aɣ xas ur reggel ara/Nugad ad nettu win akken turez snesla.»  Lounès Matoub

Refuser de lutter pour la liberté, c’est renoncer à la justice. Renoncer à la justice, c’est accepter l’injustice. Accepter l’injustice, c’est céder à la peur. Céder à la peur, c’est la pire des indignités que l’être humain puisse s’infliger.

Les insoutenables condamnations d’Aït Chebib, Kamira Naït Sid et des autres

La dignité humaine est sacrée par la nature même de son existence. Puisqu’elle est immanente à l’être humain, tant son importance relève du « sacré », qu’elle se caractérise par l’immortalité. Défendre la dignité de chaque personne, c’est incontestablement, continuer sans cesse à consolider le chemin de la liberté.

Emprunter ce chemin, n’est pas une mince affaire. C’est un chemin long, difficile, semé d’embuches et de situations éprouvantes. Celles et ceux qui font le choix de le suivre, sont uniques, persévérants et avec un sens des responsabilités très distingué.

Bouaziz Aït Chebib fait partie de cette catégorie de personnes impliquées sans relâche dans la défense des libertés humaines, qu’elles soient politiques, économiques, sociales, culturelles ou cultuelles.

La réflexion s’avère étriquée quand il s’agit d’aborder le combat pacifique d’un homme politique aux valeurs humaines très larges.

L’enfant d’Aqvil a entamé son long périple pour les libertés démocratiques très jeune, avec sérieux, curiosité et énergie. Il nourrit en lui l’espoir de voir son pays levé au rang des grandes nations. Des nations qui ont le souci de construire pour leur peuple et non contre sa volonté. Un espoir pour lequel des générations successives ont porté et portent toujours, au prix de leur vie et de leur liberté.

Il est un homme politique qui a su joindre le statut de responsable politique à la stature d’un politique responsable. Loin des facondes politiciennes indigentes, loin de la posture lubrique, et d’une certaine impéritie militante, son discours politique est enjolivé dans une langue kabyle élégante et parfaitement maîtrisée. Bouaziz Aït Chebib est un politique pacifique aux convictions chevillées au corps.

Attaché aux valeurs humaines et universelles, sensible à toutes les causes justes, il sait captiver l’esprit des Kabyles et des Amazighs en général. L’oreille est naturellement attentive à son éloquence. Ce qui lui vaut le mérite et le respect des siens, au-delà même  de leur vision et projet politiques.

Arrêté, incarcéré et accusé à tort depuis le 21 juin 2021, Bouaziz Ait Chebib victime d’une injustice exécrable. Toutefois, il ne désespère pas. C’est un homme qui souffle sur les braises de la liberté afin que la flamme demeure une lumière pour les opprimés de par le monde.

Son arrestation injuste ne fait pas exception. Depuis le déclenchement de la dissidence populaire fin février 2021, énormément de militants, responsables politiques, journalistes, et parfois de simples citoyens ont été arrêtés arbitrairement pour avoir exprimé simplement leur soif de liberté et leur désir fort de contribuer à la construction d’un Etat de droit.

Un État de droit se cristallise par le respect des libertés démocratiques, veiller à la pérennité de ces dernières ne peut pas être la mission d’une seule personne, mais celle de toute une société, tout un peuple. Elles ne s’octroient pas. Elles s’arrachent. C’est le lourd devoir des militants épris de liberté.

Notre passé est lourd, lourd de sacrifices, d’erreurs et d’hésitations. Le présent n’a pas réellement distancé notre passé. Quant à l’avenir, il ne devrait pas être une addition de conséquences, mais l’aboutissement d’une révolution.

Une révolution guidée par « la famille qui avance», afin d’arriver, à terme, sur des chemins qui montent, et ira, inéluctablement, dans le sens de sa libération pour paraphraser Mouloud Mammeri.

C’est cette voix de liberté, qui doit être entendue, pour qu’enfin, les portes des prisons insensées s’ouvrent pour tous les détenus politiques et d’opinion.

Y. Cheraiou

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