Site icon Le Matin d'Algérie

Bouteflika : le maillon faible de l’image du gouvernement algérien ?

Tribune

Bouteflika : le maillon faible de l’image du gouvernement algérien ?

L’insistance de reporter au pouvoir un individu qui aurait été disqualifié dans de nombreux pays en raison de son état de santé montre-t-elle à toute la planète la faiblesse de la démocratie en Algérie ?

L’État algérien est aussi faible que le plus faible de ses maillons. Au pouvoir depuis 1999, le président de 81 ans Abdelaziz Bouteflika est en fauteuil roulant en raison d’un AVC depuis 2013. L’insistance pour donner un cinquième mandat a un individu qui ne peut plus s’exprimer en public depuis cinq ans, pourrait-elle être considérée comme une atteinte à l’image de la chaine de pouvoir algérien? Elle pourrait même montrer publiquement cette faiblesse.

Si le parti qui gouverne l’Algérie depuis son indépendance n’était pas si faible, il aurait trouvé depuis longtemps un autre candidat capable de remplir toutes les fonctions reliées à cette tâche. Mais ce n’est pas le cas et à chaque fois qu’un communiqué affirme que le président de la République a adressé un message quelconque, la question se pose toujours au sujet de l’auteur réel de la notice en question.

La faiblesse du maillon Bouteflika dans l’image publique de la chaine du pouvoir algérien est visible depuis longtemps. L’État entier est obligé de faire des efforts d’imagination pour la cacher. C’est pourquoi, depuis sa bronchite aiguë qui l’a empêché de recevoir la chancelière allemande, Angela Merkel, l’état de santé du président est devenu un secret d’État. En l’absence du chef de l’État algérien, c’est maintenant à son portrait que l’on adresse hommages et soutiens.

Ce n’est pas comme si le quatrième mandat de Bouteflika en avait fait une personne indispensable à l’amélioration économique du pays. On apprenait d’ailleurs en janvier 2018 que l’Algérie était classée comme le pire pays au monde. Ce classement des meilleurs pays au monde de la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie la considère comme l’antithèse de la Suisse qui arrive en tête des 80 pays examinés.

En comparaison, le Maroc y est en 47e position et la Tunisie en 65e. On apprenait de plus en février 2018 que l’Algérie était en 115e position sur 180 pays dans l’Indice 2017 de perception de la corruption de Transparency International. Elle occupe aussi le 79e rang sur 144 dans le classement mondial de la compétitivité économique, établi tous les ans par le Forum économique mondial.

L’Institut américain Heritage la met de plus parmi les dix pires pays au monde dans son classement sur les libertés économiques.

Le gouvernement algérien est aussi obligé à recourir à la planche à billets pour payer ses comptes courants. Le cours est donc maintenant de 120 dinars pour un dollar et l’écart continue à croître.

Les conséquences sociales de garder ce maillon faible de l’image du pays sont encore pires que celles économiques. Le gouvernement doit aller fouiller les médias sociaux pour tenter de cacher ce qui est évident. Amnesty International lance donc régulièrement des appels pour la libération de journalistes, de blogueurs ou de citoyens ayant osé dire le fond de leur pensée sur le gouvernement.

L’organisme demande actuellement la libération immédiate et sans condition de Merzouk Touati, éprouvé par près d’un mois de grève de la faim. Celui qu’il considère comme un détenu d’opinion a été condamné a sept ans de prison et 50 000 DA d’amende pour incitation à un attroupement non armé, intelligence avec une puissance étrangère dans le but de nuire aux relations diplomatiques et incitation à des rassemblements dans des lieux publics.

Après avoir examiné les pièces judiciaires, Amnesty International affirme qu’elles ne montrent ni incitation à la violence ni appel à la haine et que les publications de Merzoug Touati entraient dans le cadre de la liberté d’expression selon la charte internationale des droits de l’Homme.

Si un président aimé de la population tout en étant capable de remplir toutes ses fonctions d’État remplaçait Bouteflika, une partie de la répression populaire qui existe actuellement en Algérie ne serait plus nécessaire.

Ceux qui essaient d’empêcher que soient diminués le prestige et l’honneur de l’Algérie devraient donc regarder du côté des personnes qui demandent un report en fonction d’un président incapable de remplir une bonne partie de ses fonctions protocolaires. Ce sont les individus qui tentent de maintenir un maillon faible au niveau de l’image de l’État qui nuisent à la réputation internationale de l’Algérie.

Auteur
Michel Gourd

 




Quitter la version mobile