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Bouteflika ou la gouvernance en cachette, une invention bien algérienne

DECRYPTAGE

Bouteflika ou la gouvernance en cachette, une invention bien algérienne

Quelqu’un a pris la place du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, et « gouverne » tapi dans l’ombre, le plus anormalement du monde, sans que le président du conseil constitutionnel ne s’émeuve outre mesure.

Abdelaziz Bouteflika étant dans l’état que tout le monde a vu le 1er novembre dernier, le conseil Constitutionnel aurait dû réagir en appliquant strictement ce que dit la constitution dans pareil cas, mais des forces invisibles en ont décidé autrement.

Elles ont accaparé les leviers de commande et ont commencé à prendre des décisions dans le but évident de préparer le terrain à des élections présidentielles sur mesures.

Les désormais ex-président de l’APN, Saïd Bouhedja,  et ex-secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, ainsi que les ex-patrons de la police, Abdelghani Hamel, et de la gendarmerie nationale, Menad Nouba, ont été limogés. Et ce n’est pas tout ! Les choses évolueront certainement dans les jours à venir.

Théoriquement, vers la fin de cette année, ou au début de la prochaine, tout sera fin prêt pour annoncer aux Algériens la nouvelle, bonne ou mauvaise. Il n’est pas du tout exclu, en effet, que la montagne accouchera d’une souris et que chacun s’exclamera : « tout ça, pour ça ! ».

Nul besoin d’être un politique de la première heure pour savoir que les décideurs du moment n’ont pas beaucoup de choix cette fois. Pour l’heure, entre un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika et la désignation d’un successeur affublé du sobriquet de « candidat du consensus », leur cœur balance.

A moins qu’ils ne décident de créer un vide constitutionnel pour maintenir le statu quo sans passer par des élections.   

Le scénario de janvier 1992 est encore vivace chez les Algériens d’un certain âge. Alors que la campagne électorale battait son plein en vue du second tour des élections législatives, des forces invisibles ont concocté une situation non prévue par la constitution : la démission du président Chadli Bendjedid qui avait auparavant dissous l’APN. Une situation qui a conduit à l’arrêt du processus électoral et la désignation d’une présidence collégiale, que l’actuel chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, qualifiera plus tard de « première violence ».

Cela est devenu maintenant une habitude en Algérie : le chef de l’Etat en poste mène le pays dans l’impasse, démissionne ou tombe malade et laisse le soin à d’autres de se débrouiller comme bon leur semble.

Auteur
Ahcène Bettahar  

 




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