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Bras de fer à Tunis : l’UGTT appelle à la rue pour défendre les droits syndicaux et les libertés

UGTT Tunisie

Manifestation de l'UGTT

À Tunis, ce 21 août 2025, la Place Mohamed Ali s’annonce comme l’épicentre d’un affrontement social et politique majeur. L’Union générale tunisienne du travail (UGTT), pilier historique du mouvement syndical, a appelé à une marche nationale sous le slogan : « Défense du droit syndical, de l’indépendance de l’UGTT et des droits des travailleurs ».

Cette mobilisation dépasse le seul cadre ouvrier. Plusieurs associations et collectifs de la société civile — l’Association tunisienne des femmes démocrates, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, Al-Bawsala, la Campagne contre la criminalisation du travail civil ou encore la Ligue pour la défense des libertés individuelles — ont uni leurs voix pour appeler à une participation massive. Leur message est clair : au-delà des revendications salariales et sociales, c’est l’avenir des libertés publiques et de l’indépendance syndicale qui se joue.

Depuis plusieurs mois, les tensions entre le pouvoir et l’UGTT se sont exacerbées. Un discours du président Kaïs Saïed accusant certains d’avoir voulu attaquer le siège de l’organisation a cristallisé les inquiétudes. Dans le même temps, un décret gouvernemental est venu remettre en cause le système de détachement syndical, perçu comme une tentative de fragiliser l’action collective. Pour de nombreux observateurs, ces signaux traduisent une volonté de mise au pas du principal contre-pouvoir social du pays.

L’UGTT, de son côté, affirme que cette marche n’est pas un geste de défiance isolé mais l’expression d’une détermination : relancer le dialogue social, défendre le pouvoir d’achat laminé par une inflation galopante, garantir de meilleures pensions pour les retraités et exiger le respect des accords sociaux déjà signés. « C’est une bataille pour la dignité des travailleurs mais aussi pour la sauvegarde de la démocratie et des acquis de la révolution », insistent les responsables syndicaux.

Les associations soutenant la mobilisation n’hésitent pas à établir des parallèles avec le milieu des années 1980, lorsque la répression contre les grèves avait ouvert la voie à un cycle d’autoritarisme et d’austérité. Elles mettent en garde contre une « réédition » de ce scénario : museler l’UGTT, réduire les marges de contestation et préparer l’opinion à des mesures sociales douloureuses.

Au-delà de la foule attendue dans les rues de Tunis, le 21 août 2025 marque un test : celui de la capacité de l’UGTT et de la société civile à faire bloc face aux velléités autoritaires, mais aussi celui du pouvoir à écouter une colère sociale qui pourrait, une fois de plus, ébranler les équilibres politiques en Tunisie.

Mourad Benyahia 

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