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Bruits de botte et ordres en kaki en perspective

Lettre de philadelphia

Bruits de botte et ordres en kaki en perspective

« Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent. » Atrée, roi de Mycènes, entre 1400 et 1200 av. J.-C.

Rien n’y fit, les moult tentatives de briser le Hirak se sont heurtées à une incroyable mobilisation populaire pour les déjouer. Après avoir usé et abusé des ruses, des manipulations, de la propagande sécessionniste et des arrestations spectaculaires, plus portées sur le sensationnel des dignitaires honnis du régime Bouteflika, voilà que le pseudo « constitutionnaliste » ou du moins le gardien de la maison Algérie autoproclamé, qui est la nôtre et néanmoins chef d’état-major de l’Anp, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah se la joue en Père-fouettard lors de son dernier discours, stigmatisant les revendications du peuple, scandées 24 vendredis de suite, s’apparentant avec leurs slogans et leurs banderoles à des référendums constitutionnels, voilà que le plus vieux soldat du monde intime et dicte  l’ordre au peuple de composer avec un gouvernement illégitime et sans assise populaire, chapeauté par un spécialiste de la fraude électorale pour organiser l’élection présidentielle. Faute de quoi…Suivez son regard !

En vérité, rien n’étonne plus, après s’être appuyé des années durant sur la cooptation militaire dans le choix d’un président, les décideurs de l’ombre  n’entendent pas, cette fois-ci lâcher du lest et se démarquer définitivement du politique et de sa primauté sur le militaire, Abane Ramdane en a bien payé le prix durant la révolution, le concepteur de cette idée, lors du congrès de la Soummam fut assassiné quelques mois plus tard dans un traquenard tendu par ses frères d’armes du MALG au Maroc, tiens ! Tiens ! La source de tous les malheurs du pays.

Vilipendé, hué et haï, comme jamais auparavant, par les citoyens , le vieux général, en lieu et place de gagner et conquérir leurs cœurs, s’apprête à conquérir leurs corps, arrestations massives de jeunes manifestants pacifiques, et des icônes de la guerre de libération nationale, le commandant Lakhdar Bouregaa pour avoir questionné impudemment ses déplacements aux Émirats, maillage des services  sécuritaire et blocages de la libre circulation sans précédent des grandes villes du pays, et sans surprise aucune, les télévisions voraces et lèche-bottes ne cessent pas de pontifier la grandeur, le charisme de Si Ahmed Gaïd Salah, forcément Bouteflika n’étant plus là, le roi est mort, vive le roi !

Et il est du moins très surprenant qu’aucun baron et trafiquant notoire d’Annaba, des Tliba en puissance  n’ait été inquiété et poursuivi en justice. Une protection du puissant du moment qui ne dit pas son nom… Allez savoir !

Tout est visible, désormais, le pouvoir à court d’idées, mise sur le pourrissement et la désobéissance civile pour s’imposer et déclarer de facto l’état d’urgence. Alors de grâce, gardons-nous de jouer son jeu et de continuer à prôner le pacifisme du mouvement de revendications, qui fait école à travers le monde. Ne dit-on pas « Ad wam yatkoub Arkham » La persévérance perfore le marbre. C’est tout dire !

Peace and keep the faith !

Auteur
Brahim Ferhat

 




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