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Bruno Poindefert : l’élégance du geste, la rigueur du cœur

Bruno Poindefert est une figure majeure du paysage musical français, dont le parcours allie virtuosité, engagement institutionnel et rayonnement international. Né à Paris, il réside aujourd’hui à L’Étang-la-Ville, où il poursuit avec constance et passion son engagement artistique et pédagogique.


Chef d’orchestre reconnu, pédagogue attentif et directeur d’institutions visionnaire, il a su bâtir une carrière où l’exigence technique se conjugue toujours avec une profonde humanité. Son ancrage local, à L’Étang-la-Ville, ne l’empêche pas de rayonner bien au-delà, grâce à une activité qui l’a conduit aussi bien sur les grandes scènes internationales que dans des projets de proximité, où la musique se fait vecteur de partage et de transmission.

Au-delà de sa vie professionnelle, il cultive une curiosité et une ouverture nourries par la musique, la montagne, les voyages et le sport, autant de domaines qui enrichissent sa sensibilité et alimentent une vision artistique profondément enracinée dans l’expérience humaine.

Il se forme dans les plus prestigieux établissements : le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (CNSMDP) et la Sorbonne, où il obtient une licence de musicologie (1982) et une maîtrise en musicologie (1983).

Sa formation est enrichie par des rencontres décisives avec des maîtres tels que Leonard Bernstein, Charles Bruck, Franco Ferrara et Jean Fournet, qui affinent son style et nourrissent sa pensée artistique. En 1986, il est finaliste du Concours International de Direction d’Orchestre de Besançon — seul chef français à atteindre ce niveau cette année-là — confirmant son talent sur la scène internationale.

Une formation d’exception

Bruno Poindefert bénéficie d’un parcours académique remarquable, jalonné par les plus hautes institutions musicales françaises. Il se distingue par une série impressionnante de distinctions :

1er prix de piano (Asnières)
1er prix de trompette (Versailles)
1ère médaille de solfège spécialisé (Paris)
1er prix d’histoire de la musique (Paris)
1er prix d’analyse musicale (Paris)
1er prix de recherche en analyse
2nd prix de contrepoint (Paris)
1er prix de fugue (Paris)
1er prix de direction d’orchestre (Paris)
Certificat d’aptitude de directeur de conservatoire de première catégorie.

À la Sorbonne, il approfondit sa réflexion théorique et historique, consolidant une culture musicale à la fois rigoureuse et ouverte.

Mais au-delà des diplômes, sa formation est marquée par des rencontres décisives avec des figures majeures de la direction d’orchestre : Leonard Bernstein, Charles Bruck, Franco Ferrara, Jean Fournet. Ces maîtres, chacun porteur d’une esthétique et d’une philosophie singulières, affinent son style, nourrissent sa sensibilité et l’aident à forger une vision personnelle de l’art de diriger.
Il participe à plusieurs stages de perfectionnement : au Mozarteum avec Ferdinand Leitner (1984), dans les classes de Jean Fournet (1984), Franco Ferrara (1985), Charles Bruck (1986), et Leonard Bernstein au Conservatoire de Fontainebleau (1987), dans le cadre d’un hommage à Nadia Boulanger.
Entre exigence technique et profondeur expressive, Bruno Poindefert développe une approche où la musique devient langage, dialogue et responsabilité.

Une carrière riche et plurielle

Bruno Poindefert débute comme professeur d’écriture à l’ENM d’Évreux (1980–1981), puis à l’ENM de Saint-Brieuc (1983–1987), tout en étant producteur à France Musique (1980–1981).
En 1984, il fonde l’Ensemble Orchestral de Bretagne, qu’il dirige jusqu’en 1990.
Il est ensuite nommé directeur musical stagiaire des orchestres régionaux sous l’égide du Ministère de la Culture, ce qui lui permet de collaborer avec les formations suivantes :

Orchestre National de France
Orchestre National de Lille
Orchestre National de Lyon
Orchestre du Capitole de Toulouse
Orchestre Philharmonique de Strasbourg
Orchestre National d’Île-de-France
Orchestre Pasdeloup
Orchestre de l’Opéra de Marseille
Orchestre de l’Opéra de Saint-Étienne
Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy
Orchestre de Besançon
Ensemble Orchestral de Paris
Ensemble Instrumental de Grenoble
Orchestres régionaux de Cannes, Avignon, Rennes, Picardie, Auvergne
Orchestre de la Radiotélévision de Ljubljana
Deutschkamer Orchestra de Berlin
Orchestre Franz Liszt de Budapest
Orchestre Cherubini
Orchestre I Pomeriggi Musicali
Opéra de Rouen

À l’Opéra de Saint-Étienne, il participe de 1991 à 1995 à la majorité des productions lyriques, en tant que chef invité ou assistant. Il travaille aux côtés de chefs renommés comme Riccardo Muti, Jean-Claude Casadesus, Marc Soustrot, Thomas Guschlbauer, Fabrice Bender et Patrick Fournillier.
De 2005 à 2008, Ricardo Muti lui confie les répétitions et certains concerts avec l’Orchestre Cherubini qu’il a fondé.
En 1986, il est finaliste du Concours International de Direction d’Orchestre de Besançon, seul chef français à atteindre ce niveau cette année-là.

Un acteur majeur du développement institutionnel artistique

Bruno Poindefert s’est imposé comme une figure centrale du développement culturel au sein des institutions musicales parisiennes.
De 1990 à 2001, il dirige le Conservatoire Municipal du Centre de Paris, où il impulse une dynamique nouvelle fondée sur l’ouverture, l’excellence et la diversité des formes musicales. Sous sa direction, l’établissement devient un véritable lieu de vie artistique, proposant une programmation ambitieuse mêlant opéras, musique symphonique, musique de chambre et conférences. Plus de trente manifestations annuelles attirent près de 10 000 spectateurs, témoignant de la vitalité du projet et de sa capacité à fédérer un public large autour d’une exigence artistique assumée.

Cette mission se poursuit au Conservatoire du 7ᵉ arrondissement de Paris, qu’il dirige de 2017 à 2023. Là encore, Bruno Poindefert met en œuvre une politique culturelle fondée sur la valorisation des talents, la transmission intergénérationnelle et le rayonnement local. Il adapte son approche aux spécificités humaines et pédagogiques de l’établissement, tout en maintenant un haut niveau d’exigence et de cohérence artistique.

Depuis 2023, il prend en charge les orchestres d’étudiants des conservatoires des 12ᵉ et 13ᵉ arrondissements, poursuivant son engagement en faveur de la formation, de la pratique collective et de l’accès à une culture musicale vivante. Il enseigne également la direction d’orchestre aux étudiants en cycle spécialisé.
À travers ces différentes fonctions, Bruno Poindefert incarne une vision institutionnelle de la musique : structurée, inclusive, et toujours tournée vers l’avenir.

Une passion pour la transmission

Pédagogue dans l’âme, Bruno Poindefert place la transmission au cœur de son engagement artistique.

À la demande du Ministère de la Culture, il dirige de 1996 à 1997 des stages de préparation au certificat d’aptitude pour les chefs d’orchestre, contribuant ainsi à former les futurs cadres de la musique en France.

Son enseignement, à la fois exigeant et profondément humain, repose sur une écoute fine, une capacité à révéler les singularités, et un sens aigu de la communication musicale.

Au-delà de la technique, il transmet une éthique du métier : celle du respect des œuvres, de la responsabilité envers les musiciens, et de la nécessité de construire une vision partagée.

Ses élèves, devenus pour certains des professionnels reconnus, témoignent de l’impact durable de son approche, fondée sur la rigueur, la bienveillance et la confiance.

Pour Bruno Poindefert, enseigner la direction d’orchestre, c’est aussi transmettre une manière d’être au monde : lucide, engagée, et toujours tournée vers l’autre.

L’Orchestre I Ponticelli, un projet musical au service du collectif

Depuis plus de quinze ans, Bruno Poindefert crée et anime l’Orchestre I Ponticelli, un ensemble singulier qui réunit musiciens professionnels, jeunes talents en formation et amateurs de haut niveau.

Ce projet, soutenu par la commune de L’Étang-la-Ville, repose sur une conviction forte : celle que l’excellence artistique peut aller de pair avec l’ouverture et la proximité.

Loin des logiques élitistes, l’orchestre incarne une culture musicale exigeante mais accessible, où chacun trouve sa place dans le respect du collectif.

Dirigé bénévolement par Bruno Poindefert, I Ponticelli est bien plus qu’un ensemble instrumental : c’est un espace de transmission, de dialogue intergénérationnel et de rayonnement territorial.

Avec trois à quatre concerts par an, l’orchestre tisse des liens durables entre les habitants, les institutions et les artistes, faisant de la musique un vecteur de cohésion et de sens. Le public, toujours plus nombreux, témoigne de la pertinence et de la portée de cette initiative.

Ce projet, soutenu par la commune de L’Étang-la-Ville, repose sur une conviction forte : celle que l’excellence artistique peut aller de pair avec l’ouverture et la proximité.

Loin des logiques élitistes, l’orchestre incarne une culture musicale exigeante mais accessible, où chacun trouve sa place dans le respect du collectif.

Dirigé bénévolement par Bruno Poindefert, I Ponticelli est bien plus qu’un ensemble instrumental : c’est un espace de transmission, de dialogue intergénérationnel et de rayonnement territorial.

À travers des programmes ambitieux et des concerts réguliers, l’orchestre tisse des liens durables entre les habitants, les institutions et les artistes, faisant de la musique un vecteur de cohésion et de sens.

Ce projet illustre parfaitement la vision humaniste de son fondateur : une musique vivante, partagée, enracinée dans les territoires et tournée vers l’avenir.

Une reconnaissance internationale

La carrière de Bruno Poindefert ne s’est jamais limitée aux frontières hexagonales.

Son enregistrement pour la compagnie américaine Elan, consacré à des œuvres inédites de Germaine Tailleferre et Randall Snyder, lui vaut une distinction aux États-Unis, saluant à la fois son engagement pour la redécouverte de répertoires méconnus et la finesse de son interprétation.

Ce succès discographique s’inscrit dans un parcours marqué par une ouverture constante à l’international.

Il a dirigé des formations prestigieuses telles que le Deutschkamer Orchestra de Berlin, l’Orchestre Liszt de Budapest ou encore l’Orchestre de la Radiotélévision de Ljubljana, apportant à chacune son sens du détail, sa rigueur expressive et sa capacité à fédérer les musiciens autour d’une vision commune.

Ces collaborations témoignent d’une reconnaissance artistique fondée sur la confiance, l’exigence et le respect des œuvres comme des interprètes.

Une vision où l’art et l’humain se rejoignent

Bruno Poindefert n’est pas qu’un musicien accompli ; il est un ardent défenseur d’une vision de l’art où l’exigence technique se met au service d’une profonde générosité humaine. Tout au long de sa carrière, qu’il s’agisse de diriger sur les plus grandes scènes internationales ou d’animer des projets de proximité, il a prouvé que la rigueur n’est pas l’ennemie de l’humanisme, mais son principal allié.

Cet équilibre se manifeste de manière flagrante dans son travail de pédagogue. Aux conservatoires, il ne se contente pas de transmettre la technique musicale. Il inculque une éthique du métier basée sur le respect des œuvres et la responsabilité envers les musiciens. Ses élèves ne s’entraînent pas seulement à la beauté du geste ; ils apprennent à construire une vision artistique collective, à être lucides et engagés, et à cultiver le lien que la musique peut tisser entre les êtres.

Son projet le plus emblématique, l’Orchestre I Ponticelli, illustre parfaitement cette philosophie. Bien loin des logiques élitistes, cet ensemble réunit professionnels, jeunes talents et amateurs. C’est un espace de dialogue intergénérationnel et un lieu de partage, où l’excellence n’est pas un obstacle à l’accessibilité. En dirigeant bénévolement cet orchestre, Bruno Poindefert fait de la musique un véritable vecteur de cohésion sociale, démontrant que l’art peut être une force puissante pour le collectif et le territoire.

En définitive, sa carrière est une partition sans fausse note, construite avec patience et conviction. Chaque action, chaque projet semble guidé par une triple fidélité : à la beauté du geste musical, à la dignité et à l’éthique du métier, et surtout, à la puissance du lien humain que seule la musique peut créer. C’est cette vision, où l’art et les valeurs s’entremêlent, qui fait de Bruno Poindefert bien plus qu’un musicien de talent : un véritable bâtisseur de ponts entre les cœurs et les esprits.

Brahim Saci

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