Une semaine d »une campagne électoral qui n’en est pas une véritablement s’achève. Piteuse et empoulée. Une autre commence avec toujours la même frilosité dans le discours.
Seule inconnue de cette escroquerie électorale : le taux de participation que les limiers du régime n’héditeront pas à grossir entre 15h et 18h le 7 septembre.
Pendant que la police rafle hommes politiques, militants et citoyens pacifiques, les candidats à la mascarade présidentielle poursuivent leur propagande dans le plus pur style de l’ancien parti unique. Décidément, il n’y a aucune différence (hormis les moyens) entre Aouchiche, Tebboune et l’islamiste Hassani Cherif. Trois pâles copies aux discours aseptisés.
La même médiocrité teintée d’un cynisme crasseux qui ignore superbement les réalités nationales. A les entendre, on croit rêver. Aucune critique du bilan de Tebboune. Un silence sidérant entoure les violations de l’Etat de droit par les deux lièvres du candidat Tebboune.
Leurs représentants ont adopté un style de communication qui ne laisse de place à aucun jaillissement d’idées qui viendrait perturber une ambiance bien terne, renvoyant une réalité factice marqué par une prudence excessive.
Il parait clair que ce fausse élection n’est pas faite pour permettre l’expression des différences idéologique ou susciter des conflits politiques qui minent la société. Tout va bien comme dans le meilleur des mondes !
Des candidats aux ordres
Les trois concurrents qui, en principe, tout oppose s’abstiennent de toutes critiques réciproques pour orienter le vote des électeurs à leur faveur. Une entente douteuse les entoure.
Entre Youcef Aouchiche, qui déclare représenter le courant moderniste et progressiste, Hassani Cherif au pédigrée islamiste bien marqué et Tebboune qui se veut l’incarnation d’un bloc nationaliste exclusif et tatillon tout se passe comme si les divergences d’idées et les mots qui fâchent doivent être proscrits et évacués des débats.
On se contente d’énoncer des lieux communs et des récits aseptisés, empreints d’une prudence qui incline à un entre-soi politique déconnecté du réel.
C’est à croire qu’un accord, une sorte de gentelman’s agreement sur des limites discursives à ne pas dépasser est conclu entre les trois adversaires qui donnent l’impression de participer à une compétition sans enjeu.
Sur sa page Facebook, le directeur de campagne de Hassani Cherif qui se plaignait du traitement médiatique de faveur réservé par les télévisions privées aux sorties des représentants du candidat Tebboune, usera de formules allusives évitant de nommer ce dernier.
S’ils mettent au centre de leurs discours certaines questions économiques et sociales (augmentation des salaires, renforcement du pouvoir d’achat, construction d’une économie forte…), tous professent des convergences et focalisent sur la consolidation de l’unité nationale et la préservation de la stabilité du pays, appelant à une forte participation au rendez-vous électoral du 7 septembre.
Le compte-rendu fait par le journal gouvernemental Horizon des sorties sur le terrain effectuees, jeudi dernier, par les candidats, est illustratif à ce sujet.
« Le candidat du Front des forces socialistes (FFS), M. Youcef Aouchiche, rapporte le journal, a affirmé, jeudi dernier, depuis la wilaya de Chlef, avoir choisi de participer à cette échéance pour « redonner espoir aux Algériens et éviter de céder au défaitisme et à la politique de la fuite en avant ». Voire !
Le FFS a « toujours pris ses responsabilités envers le peuple algérien et le pays, il le fait encore aujourd’hui en participant à cette échéance qui intervient à un moment crucial où la mobilisation est le maître-mot pour préserver le pays », a martelé courageusement Youcef Aouchiche. L’homme se veut donc un rempart contre les ennemis imaginaires que le pouvoir s’emploie à inventer depuis décembre 2019.
Expliquant la teneur de son programme électoral « Vision pour demain », notamment dans ses volets économique et social, le candidat du FFS a précisé qu’il « propose des solutions tangibles et palpables afin de redonner espoir aux citoyens, notamment les jeunes ». Ce qu’il feint d’ignorer c’est qu’il participe à une des mascarades électorales auquel le pouvoir a habitué les Algériens. Cette participation du candidat Aouchiche à cette imposture électorale tranche verticalement avec l’histoire du FFS, un parti né dans la résistance et les maquis contre la dictature.
L’arrière-cour du pouvoir travaille à animer le cadavre d’une campagne sans âme. « A Alger où il animé une rencontre avec des représentants du mouvement associatif et des organisations nationales, rapporte encore le même journal, Brahim Merad, directeur de campagne du candidat Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que le peuple algérien aspire à «la poursuite des grandes réalisations et des projets qu’il avait lancés en 2019 ». Epatant n’était le burlesque de la situation.
Brahim Merad (le ministre de l’Intérieur ou le directeur de campagne ?) a ajouté que « les citoyens sont au cœur du programme de M. Abdelmadjid Tebboune qui connaît leurs préoccupations à travers le pays », relevant « l’amélioration du cadre de vie des citoyens, appelés à contribuer, aux côtés des institutions de l’Etat, à préserver la stabilité du pays ». Il a assuré que l’Algérie saura « relever le défi » à travers « un vote massif en faveur de M. Abdelmadjid Tebboune ». A couper le souffle tout ça !
Dans le même registre, le candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abdelaali Hassani Cherif, il a affirmé, à Médéa, qu’il s’engage à renforcer l’unité nationale et à préserver la stabilité du pays, faisant observer que le MSP « apprécie toutes les réalisations accomplies par l’Algérie ». Il a ajouté, à cet égard, que son programme électoral « porte un message visant à servir la patrie, à préserver la dignité des citoyens et à exploiter les ressources naturelles du pays en vue d’atteindre le développement escompté». En clair, l’islamiste maison fait les yeux de Chimène à des Algériens à des années lumière de cette fourberie.
Le candidat du MSP n’a pas manqué de rappeler l’importance de la participation à la prochaine élection et de « soutenir le processus démocratique », exhortant ainsi les citoyens avec lesquels il a eu des échanges au centre-ville de Médéa, à « s’engager pleinement dans le processus électoral et à lui accorder leur soutien le 7 septembre prochain ».
Samia Naït Iqbal