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Casting et sequencing de la transition

INTERROGATION

Casting et sequencing de la transition

La détention d’Issad Rebrab, président de Cevital, pose de sérieuses questions sur les réels objectifs de ceux qui ont actionné la justice au moment où le pays est plongé dans la crise.

Le brouillard épais qui entourait les décisions majeures sous l’ancien président avant son départ ont fait place au trou noir au sens de la galaxie dont font état les physiciens du CERN.

Les choses restaient relativement intelligibles pour le commun des mortels, à l’intérieur et à l’international. Si pour certaines puissances étrangères, le présent est lisible, le peuple avec les partis de l’opposition ne suivent plus les signaux de la baguette du chef d’orchestre dans la mesure où celui-ci n’est pas tout à fait identifiable.

La seule autorité qui parle sans être démentie est le chef d’état-major de l’ANP. Sa dernière sortie du 23 avril est un rejet de la demande du peuple parce qu’elle ne corrobore pas la démarche civilisationnelle du président Bensalah. Il rappelle aussi l’orientation donnée à « la justice d’accélérer la cadence des poursuites judiciaires concernant les affaires de corruption et de dilapidation des deniers publics…»

Le message est on ne peut plus clair : c’est au peuple d’accepter la démarche et de suivre la baguette du chef d’orchestre ; les détenteurs de l’autorité ont renoncé même au discours où « toutes les portes sont ouvertes ».

Cette clarification accompagne un mal incommensurable causé par des décisions accélérées de la justice sur des affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics. La justice n’a fait aucune déclaration sur les griefs retenus contre le PDG de Cevital. La justice est censée avoir acquis son indépendance par rapport aux autorités politiques. Or, la souveraineté du peuple qui devait en être le fondement reste lettre morte.

Il ne s’agit pas ici de défendre l’intéressé : je n’en ai pas le droit ; c’est l’affaire de son avocat. Le problème est ailleurs : une décision que ne comprend pas le peuple pour ce qui concerne Issad Rebrab risque de démobiliser les travailleurs du groupe Cevital et au-delà. On ne peut faire procès à personne d’avoir visé un tel objectif ; mais le Hirak risque d’être morcelé pour de bon.

Dans ce genre de situation, les condamnations de privation de liberté rapportent moins au pays que le recouvrement des fonds en dinars qui ont échappé à l’Etat et/ou les recettes en devises soustraites frauduleusement au pays. Celles-ci et ceux-là sont très importants et permettraient d’équilibrer les finances publiques et de renflouer les réserves devises du pays dès leur récupération.

Il importera, pour cela, de remonter à tous les acteurs impliqués : en Algérie et en dehors sous des formes et par des voies diverses. C’est dire qu’il faudra du temps. C’est dans ce sens que les investigations gagneraient à être accélérées. La privation de liberté serait, alors et à bon escient, le complément des sanctions financières.

Une telle approche contribuera à amortir le choc causé à l’économie durant la période de transition et aidera à renflouer les capacités d’investissement privées et publiques. Peut-on considérer, a contrario, que la démarche mise en œuvre n’est pas celle du gouvernement ?

Dans quelque direction que l’on oriente la réflexion, l’on ne fait qu’entrer plus au fonds dans l’œil du trou noir. Le peuple a seulement besoin d’être rassuré sur le lancement des actions qui permettent d’aboutir aux résultats. Les actes ont besoin d’être qualifiés et quantifiés.

Auteur
Baba-Ahmed Mustapha

 




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