Jeudi 8 mars 2018
Ces dames contre les femmes
Depuis que le monde est monde, le mâle accuse la femme d’immonde et d’être au diable sa seconde. Chaque fois que le ciel gronde, il la lui offre comme fronde. S’il est stérile, c’est toujours elle l’inféconde et s’il la viole c’est elle qui tombe et succombe. Engendrer une fille pour lui c’est une bombe. Elle est le péché originel d’après sa légende.
L’homme avec son arrogance et sa puissance fait toujours basculer de son côté la balance. Sur la faiblesse et l’innocence, sans pitié, il fonce. À son égoïsme et à sa jalousie jamais, il ne renonce. Nous pouvons comprendre l’origine de cette odeur nauséabonde qui vient de ces mâles qui ont constitué une bande contre les noires, les rousses, les brunes et les blondes.
Mais quand ce sont des dames qui vendent au diable leurs âmes et qui écorchent avec leurs lames d’autres femmes, c’est un véritable drame. Ces dames qui donnent main-forte aux imams qui condamnent l’amour et sa flamme et qui réclament la dissimulation de la beauté et du charme des femmes sous un voile et un litham. À ces dames sans état d’âme qui soutiennent les polygames en récitant en leur faveur des épithalames, nous disons :
Mesdames, cessez ce vacarme et sachez que vous jouez avec une arme qui fait couler le sang et les larmes. Aux pouvoirs autocrates ne soyez pas gendarmes, n’enterrez pas vos filles pour un dinar ou un dirham.
Cette idéologie inguérissable importée du pays du sable qui vous incite à creuser les tombes de vos semblables est punissable et condamnable. Nos filles sont devenues méconnaissables, elles croient qu’elles portent le péché du diable, on les accuse d’être la cause de la fureur du louable. Mesdames, même si ce commerce pour vous est rentable ce que vous faites est inacceptable et vos minables discours sont intenables.
Si vous croyez plaire aux fanatiques hommes, vous êtes vraiment bêtes de somme, car dans leurs gorges, vous êtes toujours cette pomme et ils vous utilisent contre les vôtres comme une gomme. De grâce, gardez de votre dignité le minimum.
Si vous croyez plaire à Dieu, vous le prenez vraiment pour un idiot, ces filles que vous méprisez pour lui sont des joyaux et non des pommes dans les gaviots des corniauds. Demandez pardon d’avoir osé parler en son nom.
En ce huit mars envers vos filles, cessez les menaces, elles sont de votre race à côté de leurs frères, elles ont leur place. À l’intelligence, arrêtez la chasse. Sans la liberté de la femme, c’est l’impasse. Ouvrez-leur l’espace et incitez-les à être efficaces et non pas pour qu’elles s’effacent. Elles ne sont pas responsables de la bassesse des hommes rapaces de Meknès à Damas. Alors, cessez de lécher leurs godasses, vos filles ne sont pas des pétasses.
Femme, sors du noir, éloigne-toi de l’abreuvoir ! Arme-toi de savoir ! Sois la lumière pour tes hoirs et dans le fanatisme jamais choir. Garde en mémoire l’histoire de tes sœurs qui ont franchi les butoirs : La reine Zénobie en Syrie, Kahina en berbéris, Fadhma N’Soumar en Algérie, Malala de 17 ans au Pakistan, Jeanne d’Arc la Pucelle d’Orléans et des milliers de femmes qui peuvent te servir d’exemple.
Avec ta volonté et ta tête, fais à ce que toutes tes journées soient fêtes et sans défaite. Devant tes droits, ne reste jamais muette, car de ton silence les vautours qui te guettent profitent.
Non, tu n’es guère une honte, tu es l’héritière d’Aphrodite et source des poètes et si tu chutes, toute l’humanité avec toi chute.