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Ces étrangers sous le charme du soulèvement populaire en Algérie

IMPRESSIONS D’AILLEURS

Ces étrangers sous le charme du soulèvement populaire en Algérie

Depuis bientôt deux mois, les Algériennes et les Algériens poursuivent leur soulèvement pour exiger le départ du pouvoir en place. Un soulèvement pacifique qui ne laisse pas indifférent et qui, le moins qu’on puisse dire, suscite l’admiration et la sympathie des masses de par le monde.

Pour Michel Dandelot qui a participé à la Guerre d’Algérie, de mai 1961 à janvier 1963, à Aïn Sefra, «bien contre ma volonté, car je suis anticolonialiste, antiraciste et j’ai refusé la croix du combattant», ce qui se passe en Algérie est juste «un tsunami pacifique, un peuple qui mérite un prix Nobel de la Paix».

Agréablement surpris par les images de ces manifestations impressionnantes, il est interpellé par «les jeunes Algériens entraînant les plus âgés qui retrouvent leur dignité en osant s’opposer, alors qu’ils avaient renoncé à cela depuis les années 90». Ces Algériens, hommes, femmes, jeunes et vieux «changent aussi notre regard, à nous les Français. Jusqu’à présent, l’Algérie était vue comme une machine à exporter des migrants, parfois jihadistes. On découvre un peuple instruit, qui a l’humour décapant, créatif, qui rend hommage à ceux qui ont résisté sans relâche et qui l’ont payé parfois de leur vie», explique-t-il, ajoutant, non sans une pointe de fierté, que «c’est le peuple qui l’emporte».

Michel, pour qui l’Algérie est presque comme une deuxième patrie, les lendemains ne sont pas encore certains, mais «pourquoi, pour une fois, ne pas espérer ?!». Exprimant, sans complexe aucun, son admiration et son soutien pour le peuple algérien, celui qui a toujours été pour l’indépendance de l’Algérie conclut : «Je suis sûr que cette nouvelle Algérie va finir par naître. Déjà, je peux vous dire que nous, Français, comme le monde entier, voyons ce grand peuple avec beaucoup d’admiration… comme un exemple qui doit être donné à d’autres pays à commencer par l’ancien pays colonisateur: la France».

Mohammed, Marocain établit en France depuis de nombreuses années, estime que «les Algériens sont tout simplement en train de clouer le bec à ceux qui ont toujours douté de son civisme, de sa solidarité et de sa détermination». Pour lui, ses «frères et sœurs algériens» méritent le meilleur car «ils ont tellement souffert». Pour ce sexagénaire qui dit ne pas mâcher ses mots, «les Algériens et les Marocains sont frères, une même famille. Si des frictions existent, ce sont les dirigeants des deux pays qui en sont à l’origine».

Catherine, elle, abonde dans le même sens : «Je ne connais pas bien l’Algérie, mais je suis impressionnée par ce peuple qui donne des leçons de civisme et de pacifisme. C’est juste une chose merveilleuse». Et merveilleuses sont également les réactions que la révolution pacifique des Algériens suscitent ici et là.

C’est le cas de  Minh Châu, Vietnamienne vivant en Ile-de-France. «Ici, en France, on a toujours été influencé par les clichés selon lesquels les Algériens sont violents, agressifs, extrémistes. Je sais aujourd’hui que cela n’est que mensonge. Je vais tout le temps sur Youtube pour visionner les vidéos de la révolution algérienne, et tout ce que je vois, c’est un peuple civilisé, éduqué, uni… Je suis sous le charme et ça me donne très envie de visiter l’Algérie».

Idem pour Régina, étudiante en médecine. Française d’origine russe, elle estime qu’ «un peuple qui prend son destin en main suscite forcément l’admiration», et dit avoir été subjuguée, plus que tout autre chose, par ces femmes jeunes, moins jeunes et même des vieilles qui marchent aux côtés des hommes. «L’image qui me revient à l’esprit, c’est celle où des hommes offraient des roses à des femmes qu’ils ne connaissaient même pas. C’était lors de la marche du 8 mars. Et je n’ai pas vu ça ailleurs, même dans ces pays occidentaux qui se croient les berceaux du civisme», poursuit-elle.

Christian, lui, est Gilet Jaune de la première heure. Il suit également les évènements en Algérie depuis le début. C’est avec une voix emprunte de respect qu’il témoigne: «En France, nous vivons sous la dictature. Une dictature qui prend des allures de démocratie, mais c’est une dictature. Le mensonge et les préjugés sont devenus un mode de vie. On nous a toujours laissé croire que les Algériens n’étaient que des incultes, des gens agressifs, intolérants. Et pourtant, je connais pas mal d’Algériens ici qui sont médecins, écrivains, ingénieurs. On pensait qu’ils étaient différents des Algériens qui sont là-bas, en Algérie. Mais ce qu’on voit aujourd’hui, c’est tout simplement hallucinant: des dizaines de millions de citoyens dans les rues, et pas le moindre incident, pas la moindre violence. J’ai presque envie de dire que j’aimerai faire partie de ce peuple, qui est en train de donner des leçons de civisme et de solidarité, tout en reprenant son destin en main».

Blessé à deux reprises par des tirs de lacrymogène et de flashball, il tient à saluer cette «fraternité entre les Algériens et les forces de l’ordre». Il indique, tristement: «Ce n’est pas demain la veille qu’on verra ce genre de scènes en France», et de conclure: «Les Algériens ne doivent pas lâcher. Je crois que le gouvernement est en train de les pousser à l’essoufflement. Ils doivent résister et, surtout, préserver cette unité qui est, avec leur détermination, leur unique arme… One, two, three, viva l’Algérie!». Quel bel hommage!

M.S.

 

Auteur
Meriam Sadat

 




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