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C’est décidément la cour du roi Pétaud !

La présidentielle vire au ridicule

C’est décidément la cour du roi Pétaud !

En plus de la possibilité de voir Bouteflika se présenter pour un cinquième mandat, les Algériens viennent d’être encore surpris des profils des prétendants à l’élection présidentielle.

Pour faire diversion ou pour un autre but, mais il doit y avoir un minimum de retenue pour éviter le ridicule. Le plus étrange, qui a instruit ces personnages à accepter d’être risibles?

Ils se présentent au Ministère de l’Intérieur pour retirer les formulaires avec des attitudes pitoyables et carnavalesques. Sans porter de jugements à chacun d’eux, mais venir comme un pitre avec une image déconcertante et tenir des propos de la pire incohérence, il faut bien se rendre à l’évidence que ces premières impressions suscitent beaucoup plus d’interrogations que d’inquiétudes. En tout état de cause, désormais nous sommes en république pétaudière où règnent le désordre et l’anarchie, la fonction de chef d’État est dévalorisée, elle est réduite à une simple mission que n’importe qui peut s’ambitionner.

De l’insouciance ou du manque de jugement de la part de ces candidats inopinés, on peut l’exprimer sans gêne que la société algérienne est dans un abîme s’il s’avère qu’ils sont venus de leur propre gré. Se permettre un tel carnaval dans un pays qui a été chèrement acquis, payé au prix du sang, il y va de soi qu’on provoque de l’affliction et voir de la profonde consternation à ceux qui ont la fibre patriotique. Le peuple est désappointé de cette désinvolture.

Devant cette décadence, les sociologues auxquels doivent s’ajouter les psychologues et les politologues auront du pain sur la planche pour nous expliquer ce phénomène. Il faut attendre de leur part des analyses et des diagnostics pour comprendre comment une personne, sans avoir un minimum de connaissances politiques ni les facultés intellectuelles, peut aller au maximum du ridicule pour afficher fièrement son engouement pour être éventuellement président. Il doit bien y avoir anguille sous roche.

« Sous la loi de raison, rien ne se fait sans cause. » Disait Jean-Jacques Rousseau.

« Mais en fait, ce n’est pas le meilleur moyen de faire diversion pour laisser les choses telles qu’elles sont? Il s’agit de créer un effet de la comparaison favorable pour le candidat du système. »

D’autres cas, plus compliqués que les burlesques que je viens de citer en haut, font du parasitage et de la récupération politique. N’ayant jamais connu de périodes de vicissitudes, ni milité dans les périodes de clandestinité et avec un passé considéré comme une page blanche, ils s’invitent dans cette élection comme des lièvres ou des remplaçants en cas où. Sinon au temps du pluralisme, leurs parrains, complices du chaos, ont contribué à étouffer toutes les initiatives du ressort de la mouvance démocratique. Cette dernière est victime, à la fois, d’infiltration et de filatures par des doubles agents de l’ex-DRS, et de stigmatisation par une administration au service des forces occultes.

Ces personnages, ex-chefs du gouvernement ou ex-militaires, tous issus du système, trouvent, quand même, des relais dans la société civile pour appuyer leurs candidatures. Qu’ils soient avocats, journalistes ou un dissident des formations politiques, ces soutiens sont une occasion pour eux de se recycler et de briller dans la scène.

Sans se soucier dans quelles conditions que l’échéancier va se dérouler, puisqu’aucune garantie n’est offerte. Sauf que Gaid Salah l’a bien exprimé à celui qui veut comprendre, il persiste qu’il va superviser les élections. Mais au profit de qui? Les surveillants seront-ils autorisés à pénétrer dans les casernes pour exercer le droit de regard?  J’émets un grand doute.

Pour en arriver à cet état de lieux affligeant, il a fallu que les choses tournent mal. En effet, c’est le résultat de l’ensemble de durs revers qu’a subis la société depuis le premier coup d’État de Tlemcen en été 62. À chaque occasion que le pays rencontre une opportunité pour poser des jalons pour une nouvelle politique dans l’espoir de faire sortir le peuple d’un marasme selon les préceptes de la démocratie et les principes d’égalité des droits, il se retrouve pris en otage par des mercenaires dépourvus de sensibilité et de compassion. Avec un travail de sape et dévoiement, ils ont réussi à phagocyter toutes les aspirations auxquelles le peuple algérien croyait.    

De nos jours, faire de la politique est vu comme un moyen de s’enrichir. Ils ont infesté  la société, ils ont intoxiqué les structures politiques. La chkara(1) est un phénomène qui a pris de l’ampleur à tous les niveaux des institutions. Notamment, des députés, des sénateurs, et les élus Apw et Apc sont, à majorité, issus du milieu des affaires du genre import-import, l’informel, etc… Ils sont présents pour préserver leurs intérêts. Avec l’argent sale, ils achètent des voix, ils soudoient, ils exercent leur influence et ils ont repoussé l’intellectuel politique. Celui-ci a été empêché d’activer, on lui a coupé tous les relais nécessaires pour diffuser ses idées et ses messages.  

Les cafés littéraires sont soumis à des contrôles sévères par des commis de l’État dans un excès de zèle, suivi d’expéditions punitives sur les blogueurs et les journalistes. Et le peuple est exclu et se résout à son dur quotidien, et tous les référents politiques qui existent sur lesquels, avec conviction, qu’il a parié tout son espoir, ont été disqualifiés injustement par des méthodes de sabotage et de nuisance.

Au final, le plus important, pour une fois, l’Algérie vient d’être hissée en haut du tableau du classement mondial sur le nombre de candidats à la présidentielle.

M. Messaoudene

(1): La chkara, avec le dialecte algérien, on fait référence à un sac d’argent que reçoivent les commis de l’État dans les affaires de corruption.

Auteur
Mahfoudh Messaoudene

 




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