Mercredi 22 juillet 2020
Chakib Khelil ou Monsieur trop et jamais assez !
Je commence mes idées par les paroles d’un ancien ingénieur de l’IAP, ex-haut responsable à la Sonatrach, à la retraite depuis 2009 : Il faut au moins trente ans pour redresser la Sonatrach à son niveau de production et de performance avant l’arrivée de Chakib Khelil !
Les expressions de cet ingénieur m’ont fait penser au cerveau humain. Le cerveau est une machine ahurissante. Elle a la capacité de devancer son futur si elle est utilisée dans le bon sens. Elle évolue, s’auto-régule et corrige les fautes des hommes lorsque ces derniers ont la volonté de reconnaître leurs erreurs et admettre leurs défaites.
Parmi les politiciens décideurs, il y a ceux dont les cerveaux acceptent l’existence d’autres cerveaux, plus intelligents qu’eux, plus dynamiques ou plus jeunes d’idées et de talent. Il y a aussi ceux dont les cerveaux sont obsolètes. Ces derniers s’éternisent sur la chaise du pouvoir et se prennent pour des bons dieux infaillibles. Ils refusent tout changement vers le bien-être et le développement. Je continue mes idées par un adage des hauts-plateaux.
Cet adage nous enseigne une excellente leçon de gouvernance: N’est pas chevalier qui cavalait dans le passé, le vrai cavalier est celui qui galope aujourd’hui. Le vrai cavalier a un cerveau vigoureux. Il reconnaît ses défaillances et salue le vainqueur.
La morale de cette leçon nous oblige à chercher une nouvelle optique de voir les choses. Nous devons admettre que toute opposition aux idées innovatrices de penser tue le génie, étouffe le savoir et limite les libertés de voir le futur.
Les personnes mentalement équilibrées sont celles qui sont en perpétuel changement. Elles ne se clouent ni aux rêves de leur jeunesse ni aux succès de leurs aînés. Dans la vie, il nous arrive des moments où nous nous trouvons dans une situation chaotique, coincés entre le paradis et l’enfer. Ces deux limites sont extrêmes. Le paradis nous charme et l’enfer nous éblouit. Dans cette endroit, le phénomène de conviction vertical nous étire.
En ces moments d’élongation, ne perdons pas trop notre temps, revenons à la raison et interrogeons notre conscience. Notre conscience nous répond: Vous avez besoin de nouvelles compétences ou même de nouvelles connaissances. La nécessite vous oblige de changer votre manière de penser pour avancer et améliorer votre vie. Votre vie est le résultat de vos pensées et de nos actions.
Cessons de voire uniquement le côté négatif de la vie et soyons un peu disciplinés. La discipline est une démonstration de notre niveau de civilisation. J’ai remarqué que la majorité des personnes que l’on croise dans la rue, a tendance à nous parler de ce qui est négatif dans leur vie, plutôt que, ce qui est positif. Voici le langage dans nos rues: Cette crise qui n’en finit pas de durer. Jusqu’où cela va nous emmener. Cela va de mal en pis et encore ce n’est que le début. Ce gouvernement ne fait rien pour nous.
Même s’il y a une part de vérité dans ce langage, il faut reconnaître que la vision négative et le manque de civisme dans la rue transforment la vie des Algériens en un enfer insupportable. Nous oublions que Dieu aide ceux qui aident eux-mêmes. Nous blâmons les autres et nous oublions nos propres comportements. Il est regrettable de dire que chez nous beaucoup de ces gens montrent une anormalité négative de la réalité. Ils possèdent un manque d’objectivité et une dureté vis-à-vis d’eux-mêmes.
En psychologie, ce comportement est connu. Il s’agit d’une fausse sensation de soi, d’un ressenti particulier visant à se désigner comme un incapable n’étant pas à la hauteur malgré des témoignages de compétences et d’intelligence. Ce sentiment est le résultat d’une longue marginalisation dans un système politique de clans sous la gouvernance de Bouteflika. Espérons que ça va changer.
J’ai écouté avec attention le discours du président Tebboune. Il a parlé dans un langage simple et loin des tournures philosophiques qui déguisent la réalité et cachent les intentions. Un langage qui ne transforme pas Mascara en Californie algérienne. Un langage qui fait la distinction entre un mulet de Tarragona en Espagne et un pur-sang arabe de Tiaret en Algérie.
Il faut reconnaitre que le succès politique d’un homme d’état est une variable relative. Le succès aux Etats-Unis n’est pas le même succès qu’on chante en Afrique centrale. Quel que soit la volonté d’un homme d’Etat, il ne peut rien faire sans la volonté du peuple. Oublions le passé des rancunes. La paix dans nos esprits, la croyance dans nos actes, l’honnêteté dans nos discours, la sagesse dans la politique crée un lien solide entre gouverneurs et gouvernés. Si vous êtes d’accord avec ces déclarations, je nous conseille de ne pas voir le monde comme un mécanisme linéaire ou stationnaire, mais comme un système en zigzag ou sinusoïdal en perpétuel changement.
Dans notre histoire technologique nous lisons : la première usine au monde de gaz naturel liquide est construite en Algérie. En 1964, la Camel, usine de gaz naturel liquide, commence à produire du GNL destiné à l’exportation du terminal Arzew. Cette usine a fasciné le monde de l’industrie du gaz et fut même chantée pas le célèbre roi du raï, Cheb Khaled. Il a chanté en1974, la Camel La Camel. Même pendant la période de terrorisme les trois tains de cette usine et les six trains de GNL 2 fonctionnaient à plein régime.
Dans notre histoire des hydrocarbures, en 1974 la conférence de GN4 s’est tenue à Alger après la nationalisation des hydrocarbures en 1971. En 1971, l’Institut algérien du pétrole cycle long de Boumerdès est né. Dans notre histoire de l’éducation, nous notons: les premiers ingénieurs au monde en spécialité GNL sont sortis en 1976 de l’Institut Algérien du Pétrole de Boumerdès.
Les célèbres professeurs dans le domaine du gaz, Prof. Madox de l’université d’Oklahoma, Prof Peck de IGT Illinois Chicago, ont enseigné dans ce lieu. Boumerdès était un centre d’excellence ! Boumerdès était le centre de la dignité, la fierté et l’orgueil algériens. Inutile de vous dire que les meilleurs techniciens au monde dans le domaine des hydrocarbures sont sortis de ce centre.
La malchance et le changement rétrograde ont voulu qu’un virus corona vienne détruire la Sonatrach, le poumon de l’Algérie. Les italiens le nomme monsieur trop et jamais assez.
Chakib arrive en Algérie pour aider son ami d’enfance Bouteflika. Bouteflika le nomme comme conseiller. Bien que l’éthique de la profession ne permet pas d’être juge et partie. En 2001, Chakib se retrouve ministre de l’énergie et P.D.G de Sonatrach. Du jamais vu dans l’histoire politique énergétique algérienne.
De 2001 à 2009, Chakib vide la Sonatrach de ses cadres les plus compétents. La plupart de ces cadres sont sortis avec une retraite anticipée (tranche d’âge 45 -55 ans). Une partie de ces cadres s’est dirigée vers le Moyen-Orient. Certains ont rejoint des postes de consultants dans des compagnies pétrolières étrangères exerçants en Algérie. Le visus-200 a permis aux compagnies étrangères d’avoir le beurre et l’argent du beurre chez nous.
Ould Kaddour, un produit Chakib, avait des relations très étroites avec le P.D.G de Lord Energy. Officiellement, Lord Energy est supposée vendre du ciment ensaché mais les rapports des compagnies maritimes indiquent qu’au lieu d’envoyer du ciment à travers l’Europe, Lord Energy vend du pétrole d’Afrique du Nord (Algérie et Libye) avec la bienveillance et l’accord de Ould Kaddour. Un rapport de l’agence de presse Reuters datant du 3 février 2017 montre que Lord Energy propose du pétrole brut d’Algérie. 270 000 barils ont été expédiés via Hellenic Shipping vers le terminal offshore d’East Spar en Australie. D’autres envois de Lord Energy ont quitté la Libye. Le 23 avril 2019, suite à un discours du général Ahmed Gaïd Salah, Abdelmoumen Ould Kaddour est licencié. Le général Ahmed Gaïd Salah déclare que l’affaire de corruption impliquant Ould Kaddour serait prochainement instruite.
J’apprécie les décisions du président Tebboune de ne plus importer l’essence et le gasoil. Il a parlé des développements des dérivés du gaz naturel. L’Algérie était pionnière dans la fabrication de l’ammoniac. Ce produit est fabriqué à partir du gaz méthane et de l’azote de l’air. Il est la base de fabrication des engrais pour l’agriculture. Il est bon de signaler les engrenages de corruption qui font tourner la fabrication de ce produit et dénoncer les jeux des mercenaires dans l’industrie pétrochimique.
Dans la production de ce produit, trois projets étaient programmés sous gestion de Chakib Kalil. Le premier projet, Algeria Oman Fertiliser Complex. L’entreprise El Djazairia El Omanina Lil Asmida SPA a investi 2,4 milliards de dollars pour construire le complexe d’engrais à grande échelle dans la zone industrielle d’Arzew. Le complexe produit 4 000 t/j d’ammoniac, dont la quasi-totalité est convertie en urée. A cette époque, les mercenaires nous disaient que l’installation sera le plus grand complexe d’engrais au monde à être livré en une seule phase. Le site du projet est situé à Mers El Hadjadj (Port aux poules) dans la région de Mostaganem. Le site s’étend sur 90 hectares, une superficie surestimée. Normalement une superficie de 10 hectares est plus que suffisante. Aujourd’hui les belles plages de cette région sont polluées. Les mercenaires ont causé un véritable crime écologique.
Le second projet, Sorfert Algérie Fertiliser Complex, Arzew. Sorfert Algérie est une joint-venture entre Orascom Construction and Industries (OCI) et le groupe Sonatrach. Blague industrielle du siècle: Orascom s’improvise expert dans la pétrochimie. Tout était possible en Algérie ! Nous ne sommes pas loin de l’adage algérien « L’apprenti coiffeur apprend le métier sur la tête des orphelins ». Le site de cette usine est à El Mohgoun village situé à 10 km du port d’Arzew. Je ne sais pas comment ce site a été choisi. L’ammoniac est un produit toxique et très dangereux. Ce produit est transporté par pipe sur les dix kilomètres pour enfin arriver au port. Drôle de gestion et drôle de planification. Les coûts d’investissement sont évalués à 1,9 milliard de dollars. Normalement, environ 1,1 million de tonnes d’engrais à base d’urée sont vendues sur le marché intérieur. Environ 750 000 tonnes par an de production excédentaire d’ammoniac sont exportées.
Le troisième projet est le projet le plus sérieux. Hélas ! ce projet n’a jamais vu le jour malgré la somme colossale d’argent gaspillée. En 2008, la joie envahit les cœurs des algériens quand ils ont lu cette information « Sonatrach et Fertiberia créent El Bahia Fertilizer. Comme précédemment annoncé (CPH n°426), le groupe pétrolier public algérien Sonatrach et la société espagnole Fertiberia ont créé en Algérie une société commune pour la production et la commercialisation d’ammoniac. La nouvelle société dénommée El Bahia Fertlizer, détenue à 49 % par Sonatrach et à 51 % par Fertiberia, construira un complexe de production d’ammoniac à Arzew d’une capacité de 1,1 Mt/an d’ammoniac. ».
Normalement, l’usine devait s’étaler sur une superficie de 7 hectares dans la zone industrielle d’Arzew. Ce site est convenable pour une telle usine. Les mercenaires nous disaient que cette usine est la plus grande usine d’ammoniac au monde avec une capacité de production de 3 300 tonnes / jour, dont le sort sera exporté et vendu directement aux clients finaux. La construction de la nouvelle usine, dont l’investissement s’élève à 1 000 millions de dollars, et intégrera les technologies les plus sophistiquées et innovantes, sera située dans la zone industrielle d’Arzew, près d’Oran. D’après les informations que j’ai le projet était très avance Cette usine qui n’a jamais vu le jour. El Bahia Fertilizer représente l’arbre qui cache la forêt où se distribuaient les pots de vin pour les mercenaires du pétrole chez Orascom et Lord Energy.
En conclusion : D’après les informations que j’ai le projet d’El Bahia Fertilizer était très avancé. La non-exécution du projet El Bahia Fertilizer représente l’arbre qui cache la forêt où se distribuaient les pots de vin pour les mercenaires du pétrole chez Orascom et Lord Energy. Nous sommes en 2020, 50 ans après la nationalisation du pétrole. Le pétrole et le gaz traversent la méditerranée sans interruption. Que dites-vous si j’affirme que les réserves de gaz naturel et d’eau potable en Algérie sont inconnues. Ces deux fluides indispensables pour la vie vont continuer à couler pour une période indéterminée.