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CHAN 2023 : jeu et enjeux d’un tournoi footballistique 

Stade Nelson Mandela

Pour son match d’ouverture de la 7e édition du championnat d’Afrique des nations, la sélection algérienne de football des joueurs locaux (A’) s’est imposée par la plus petite des marges face à une modeste équipe de la Libye très combative et qui a posé beaucoup de problèmes aux joueurs algériens qui ont eu du mal à s’imposer en maître du jeu.

Les Fennecs iront-ils plus loin dans ce tournoi qui veut signer le retour de l’Algérie du football sur la scène africaine ? Le premier match est peu convaincant. Devant un public euphorique venu massivement se décharger de leur spleen sur les gradins du stade Nelson Mandela de Baraki, les protégés de l’entraîneur Madjid Bouguera n’ont réussi à faire la différence que sur balle arrêtée. Ils ont gagné le match par un petit but marqué sur penalty transformé par Aymen Mahious à la 57′.

Après ce  score étriqué obtenu, de surcroît,  devant une équipe réputée une proie facile en raison de la situation chaotique qui sévit en Libye sur le plan politique et sécuritaire, l’Algérie devra faire montre d’une bien plus de créativité et d’intelligence tactique pour s’imposer devant des équipes, autrement plus coriaces et d’une calibre supérieur.

Un spectacle son et lumière et des artistes de renom

La cérémonie d’ouverture s’est déroulée dans une  atmosphère euphorique créée par le nombreux public ravi d’assister à un spectacle en son et lumière et des chorégraphies reflétant la richesse du  patrimoine culturel et civilisationnel de la nation.

Côté animation, des artistes  de renom dont Soolking, Toto, le groupe du Blues du désert Tikoubaouine, et le chanteur congolais Dadju, ont imprimé une ambiance électrique à la cérémonie.

Après cette atmosphère  survoltée, le Premier ministre M. Aïmene Benabderrahmane a donné le coup d’envoi des rencontres footballistiques  qui se dérouleront  jusqu’au 4 février. Dans un laïus prononcé  en présence de membres du gouvernement et de représentants d’instances footballistiques internationales et locales, dont le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino, le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Djahid Zefizef ainsi que le petit-fils de Nelson Mandela, Zwelivelile, Aimen Benabderrahmane, a mis en exergue les objectifs de l’organisation de cette 7e édition par notre pays qui entend  consacrer les valeurs de coopération et d’échange culturel, en consolidant les voies de communication et du vivre-ensemble entre Etats et peuples africains.

Certains de ses représentants sont venus pour « écrire en lettres d’or des moments historiques qui concrétisent les valeurs du sport, de la communication culturelle et civilisationnelle entre nos peuples qui ont partagé l’histoire et qui se solidarisent aujourd’hui pour construire un avenir prometteur pour une génération africaine artisane du développement et de la paix ».

Diplomatie sportive et enjeux de politique  intérieure 

Au-delà de son caractère purement sportif, l’organisation de la 7e édition du championnat d’Afrique  des Nations revêt un caractère éminemment politique pour l’Algérie qui entend faire de ce tournoi un tremplin pour son rayonnement et son leadership au niveau du continent africain. Ce tournoi footballistique constitue un miroir pour les ambitions diplomatiques de l’Algérie qui dépassent les enjeux sportifs. Le déplacement d’Abdemadjid Tebboune, dont les sorties sur le terrain constituent  une exception, à Baraki, pour l’inauguration du stade donne à ce rendez-vous sportif des allures d’une affaire d’Etat. Tout est affaire d’image.

De prime abord, les autorités veulent soigner la situation politique d’un pays dont on veut escamoter les stigmates d’une crise latente.

A travers cette jeunesse sevrée de joie et qui festoie dans un stade flambant neuf, Tebboune veut donner une image d’un pouvoir réconcilié avec son peuple. Tout se passe comme si on cherche à  effacer la mauvaise réputation d’un pouvoir qui emprisonne des journalistes et multiplie des procès assortis de condamnations pour délits d’opinion.

Sur le plan purement sportif, l’Algérie veut effacer la cruelle frustration du public algérien suite à l’élimination de l’EN de Belmadi à la coupe du monde qui s’est déroulée au Qatar.

Aitre objectif, l’Algérie entend aussi faire-valoir son énorme potentiel en infrastructures sportives et son savoir-faire en matière d’organisation dans la perspective la tenue de la prochaine coupe d’Afrique des Nations prévue en 2025.

Un enjeu tout autant sportif que diplomatique que l’Algérie ne veut pas nullement rater d’autant plus que le rival et « frère ennemi » marocain est en course pour accueillir ce tournoi. Cependant, ce tournoi est déjà entaché par l’absence justement du Maroc, détenteur des deux derniers titres du CHAN. En matière de fraternité et d’échange culturel, il y a comme un loupé qu’aucun observateur n’aura raté.

Samia Naït Iqbal

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