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« Chaos, essai sur les imaginaires des peuples » de Stéphane Rozès : l’inconscient collectif des peuples

Chaos

Stéphane Rozès est ce que l’on pourrait appeler un grand témoin de la vie publique. Pour ce faire, il ne se contente pas de décrire ce qui se présente à sa compréhension immédiate ― il s’en remet aux siècles de cette histoire continue qui a façonné son pays. Il se prévaut également de ce qu’il a fait pendant longtemps en tant que sondeur à l’institut CSA et en tant que conseiller des princes qui ont gouverné la France.

Avec Chaos – Essai sur les imaginaires des peuples, paru aux Editions du Cerf, Stéphane Rozès, poussé par Arnaud Benedetti, le rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, décortique le réel avec une grille de lecture qui n’appartient qu’à lui. Dans son imaginaire et celui des peuples, il nous indique que seule la lutte permettra à ces derniers de relever la tête et de prendre en mains leur destin.

Il est évident que pour Rozès, ce n’est pas l’économie qui propulse cet imaginaire, mais le peuple lui-même. Concernant la France, il sait que ce pays a été un ensemble qui a réussi à s’agglomérer pour supporter les algarades et les charivaris parce que le pays a vécu un imaginaire universaliste. C’est cela qui a fait que les dissemblances ont été vaincues et c’est cela qui a altéré les phénomènes particuliers à chaque région, les caractéristiques initiales.

C’est cela que la France a sondé pour que s’établisse un destin commun. Autant dire que la France est née d’abord sur des données qui n’ont rien à voir avec tout ce qui est ethnique : « Notre universalisme est la condition nécessaire pour se penser Français. »

Pour Stéphane Rozès, il y a un monde entre le libéralisme et le néolibéralisme. Si le libéralisme peut se fondre dans une souveraineté nationale, le néolibéralisme est totalement incompatible avec les indépendances des États, et donc des peuples.

Ce néolibéralisme dépossède les peuples de la souveraineté qui leur revient de droit. Et l’Union européenne en est un exemple parfait tout comme beaucoup d’organisations supranationales. Dépossession des peuples mais aussi destruction du concept même de nation et impossibilité de mettre en place une paix durable.

Stéphane Rozès nous donne à comprendre la réalité de la crise que nous vivons à travers la mondialisation. C’est à travers cette démonstration que nous reprenons espoir en nous persuadant que nous pouvons aller de l’avant pour mieux ferrailler. Parce qu’il n’y a rien qui puisse se faire sans la prise en compte de la réalité des peuples.

Merci infiniment cher Stéphane Rozès.

Kamel Bencheikh

Stéphane Rozès, Chaos – Essai sur les imaginaires des peuples, Entretiens avec Arnaud Benedetti, Paris, Cerf, 2022, 221 pages, 20 €.

 

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