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Cheikh Nourredine : un titan de talent et d’enchantement !

Impérieuse culture du terroir 

Cheikh Nourredine : un titan de talent et d’enchantement !

Quand on se remémore Cheikh Nourredine, on pense immédiatement à de nombreux duos et de sketchs hilarants, pour l’essentiel interprétés avec Slimane Azem, son compère de toujours. 

Ces deux-là, c’était de la dynamite de talent et d’enchantement !

Mais, cheikh Nourredine, c’est aussi quantité de chansons intemporelles, avec des paroles subtiles et amusantes interprétées en solo. Parmi ses nombreuses productions citons « axalti εdouda », « ufiɣţ t-tekes el-karmus », « a tassekurt ad am-daɣaɣ » « ay telha t-nekra n-ṣbah » « a tasseṭṭa n-lahveq » etc., sans oublier le très célèbre « allo triciti », récemment repris et réarrangé par Mohamed Allaoua.

Pour les fans de Allaoua, l’écoute de l’original risque de vous surprendre et vous fait courir le risque de la préférer à la version de votre idole. Car malgré le fait que ce tube date des années 1930, il est indémodable et indétrônable, aussi bien dans l’interprétation que dans l’instrumentation.  Il semblerait que cette chanson fut la première à avoir été enregistrée en Kabyle dans les années 30. Quoique, les enregistrements de « Amar Ouyakoub » remontent à la même époque. Toujours est-il qu’à presque 90 ans, « allo triciti » n’a pas pris une ride !

Rappelons que Cheikh Nourredine a été acteur dans de nombreux films ; parmi lesquels « Les hors la loi », « Chroniques des années de braise », ou encore « Elise ou la vraie vie », souvent dans des second-rôles mémorables.

Pour la petite histoire ; à l’origine, « allo triciti » c’était « alodh triciti », c’est-à-dire « la boue et l’électricité ». Allusion certainement à la condition de vie de nos aïeuls les « indigènes », lesquels pataugeaient dans la boue pendant que le colon vivait dans le confort de l’électricité. Derrière des paroles humoristiques se cachaient bien une complainte et un message.

Biographie

Chanteur, poète, acteur et écrivain, Meziane Noureddine est né en 1918 au village d’Aguemoun, dans la commune de Larbaâ Nath Irathen. Son père, Si Mohand Tahar Ouguemoun, était instituteur à l’école de Sidi Abderrahmane.

Meziane fréquente l’école coranique jusqu’à l’âge de 16 ans. En 1935 il débarque chez son frère Mohamed à Alger, où il est embauché comme serveur dans différents établissements.

En 1936, alors qu’il chante en faisant la vaisselle dans une gargote, Meziane est remarqué par le directeur de Pathé Marconi qui réside non loin de là, et lui propose d’enregistrer ses chansons. Il chante pour la première fois « Anfiy’i ad ru ɣ » et « A xali xali », titre reprit par la suite par Ali Kherraz.

Deux ans plus tard, il enregistre son 1er disque, composé de 12 chansons : « Allo triciti », « Anfiyi ad ruɣ », « A xali xali », « Yelis t murth », etc., et contribue à la fondation d’une chaîne kabyle, la Chaîne 2, par ses émissions, ses sketches et ses chansons.

En 1960, il publie aux éditions du Seuil « Un Algérien raconte » (pour ceux que ça intéresse, quelques vieux exemplaires sont en vente sur internet. J’ai commandé le mien) et, en 1998, l’écrivain Youssef Nacib lui consacre une biographie, « Cheikh Noureddine, comédien, poète, chanteur » (Éditions El-Ouns).

Cheikh Noureddine décède en août 1999, emportant avec lui des décennies d’enchantement.

Il laisse une œuvre immense dont on se demande pourquoi elle n’est pas remise au goût du jour et remastérisée pour donner un peu de bonheur aux nouvelles générations.

Le ton de la plaisanterie est d’ailleurs donné dès le premier quatrain de « allo triciti ». Couplet que l’on peut traduire par :

Le rat possède un bureau

Le juge est un hibou

Son président un asticot (*)

Allo triciti

Pour le reste, aux berbérophones d’apprécier. Quant aux autres contentez-vous de la musique ou apprenez le kabyle ! Ce n’est pas difficile !

(*) Ne connaissant pas la signification du terme « asennuṛ » qu’il utilise dans le texte, asticot est utilisé pour la rime avec bureau. De toute façon, le ton de l’ironie domine tout au long de la chanson.

Allo triciti

Aɣerda yesɛa lbiru

Lḥakem d bururu

Berzidan-is d asennuṛ

Alu trisiti

 

Ufiɣ lbaz la yettru

Isɣi la izehhu

Azekka ad yeṭṭef lbabuṛ

Alu ɣef trisiti

 

Ayaziḍ yuɣ-d li ku

La ad sen-d-iḥekku

La ad sen-iqqar wagi d lǧuṛ

Alu trisiti

 

Itbir yuɣal d-aqqunṣu

Lmir d-aziḍḍuḍ

Fkan-as cciɛa n l’honneur

Alu ɣef trisiti

 

Ufiɣ-tt teffeɣ-d s askwaṛ

lḥenni deg uḍaṛ

lǧeṛnan gar ifassen-is

A mma ɣef trisiti

 

Tedda-d d yiwen wemɣaṛ

Nbedd netḥiyyer

Ma d baba-s naɣ d-argaz-is

A mma ɣef trisiti

 

Fɣeɣ-d s yiwen ustixbaṛ

Mebɛid i d-texẓer

Tettawi lewhi s wallen-is

Alu trisiti

 

A sidi Σebd lqadder

Bu lberhan meqqer

Ad d-ḍḥuɣ si lǧiran-is

Alu ɣef trisiti

 

Lḥeṛf-iw yedda ɣef llif

Allah ya laṭṭif

Ḥaca i keč umi nemmal 

Alu trisiti

 

Kfan yergazen at nnif

I ṣebbren i lḥif

Wid ur nesṭuqut awal

Alu trisiti

 

Lemḥibba yewwi-tt wasif

Tfuk ddunit

Mlet-iyi-d acu mazal

Alu trisiti

 

Lḥeṛf-iw yedda ɣef lba

Acu d sebba

Neǧǧa abrid lɛali

Alu trisiti

 

Yehlek wul tassa tewwa

Tfuk lemḥibba

Di lfisad la nettwali

Alu trisiti

 

Mi tḥeḍreḍ ḥemmlen-k merra

Mi teffɣeḍ berra

Ad regmen deg-k irkulli

Alu trisiti

 

Lḥeṛf-iw yedda ɣef tta

Aql-aɣ di lmerta

Yeɛreq webrid nettawi

Alu ɣef trisiti

 

Ifuk dheb d lfeṭṭa

Ma d neḥḥas yeqwa

Di lǧiban la ad t-nettawi

Alu ɣef trisiti

 

Seg asmi nleḥḥu di lxaṭṭa

I tṣaṛ teqṣiṭ-a

Nehlek ur n-ufi dwawi

Alu ɣef trisiti

 

Ay ul acu i d-tessuliḍ

Γef leɛtab terwiḍ

Berkak anadi n tmura

Alu ɣef trisiti

 

Lukan d lɣeṛs i teẓẓiḍ

Aql-ak la tleggiḍ

La teznuzuḍ di lfakya

Alu ɣef trisiti

 

Akka d lɣerba i teεniḍ

Acu d-tessuliḍ

Deg-i ur k-terri tmara

Alu ɣef trisiti

Auteur
Kacem Madani

 




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