Lundi 25 novembre 2019
Cher ami Said Boukhari
Il y a de cela maintenant deux ans que tu nous quitté , il ne se passe pas un jour sans que ton nom ne soit évoqué , tant il était synonyme d’amitié de vertu et de valeur.
Je ne parle de toi qu’au présent et j’éprouve toute les difficultés du monde pour parler de toi au passé, toi qui fût de ton vivant de tout les combat nobles et les engagements qui exigent plus qu’ils ne donnent.
Ta disparition au moment même où se dessinaient les prémices de cette révolution que nous vivons, fut insupportable tant ton apport était des plus important, les visions que nous partagions, les moments de doutes et les âpres débats n’ont rien entamé à ton humanisme et ton esprit de solidarité à l’égard des simples et modestes de nos concitoyens, à qui tu répondais avec espoir et une conviction profonde que les lendemains seraient certes meilleurs mais exigeraient de nous un engagement.
L’évocation de ton nom est doublement significative, ce n’est pas une oraison funèbre ni un simple rappel mais plus que cela, l’exemplarité de ton profond engagement est à méditer et un modèle à suivre, ton refus de rentrer dans le rangs moyennant des strapontins nous éclaire sur ce que ta nature soufrant de réserve quasiment maladives quand d’autres cherchaient à se mettre sous les feux des projecteurs.
Je tenais à t’exprimer à travers ces quelques lignes ma gratitude envers toi , non seulement de m’avoir accordé le privilège de ton amitié mais aussi de m’avoir permis de ne pas désespérer de la nature humaine.
Avoir partagé ces moments de camaraderie ponctués à la fois par la gravité et l’humour, ton humour qui désarçonnait plus d’un tant il était empreint de tendresse et d’affection, évoquer ton nom aujourd’hui c’est célébrer ce moment révolutionnaire pour lequel tu n’avais pas lésiné, évoquer ton nom c’est conjuguer tous nos engagements au présent et à un futur qui consacrera une Algérie où il fera bon de vivre et de respirer la liberté, toutes libertés celles pour lesquelles l’histoire retiendra ton nom, à commencer par celle de lire et d’écrire et de converser en Tamaziγt. Les graines semées sur le parcours qui fut le tien ont non seulement germé mais ont donné des pousses et des arbres qui sont en train de résister aux tempêtes que leurs imposent ce pouvoir comme ce fut le cas pour toi.
Cher ami Said Boukhari, sache que notre mémoire t’a déjà réservé une grande place parmi les justes et qu’elles te restera fidèle et reconnaissante.