Cherif Mellal est en détention depuis le 19 janvier 2023. Il observe une grève de la faim depuis le 3 mars 2025.
Une condamnation à une peine de quatre ans de prison ferme a été infligée à Cherif Mellal par jugement rendu par le pôle pénal économique et financier sis au tribunal de Sidi M’hamed en date du 23 octobre 2024, jugement confirmé dans toutes ses dispositions par arrêt rendu par la chambre pénale près la cour d’Alger en date du 25 février 2025, rapporte son avocate et militante des droits humains, Me Fetta Sadat.
Plusieurs personnalités publiques et hommes politiques ont appelé à sa libération ainsi que celle des autres détenus d’opinion. En vain, le régime campe sur ses positions et nie l’existence d’Algériens et d’Algériennes embastillés pour leur opinion.
Près de 240 prisonniers d’opinion croupissent dans les prisons algériennes. Le nombre d’Algériens placés sous interdiction de quitter le territoire national est inconnu, mais selon plusieurs avocats, ils se comptent par dizaines. Et cela concerne toutes les couches professionnelles : hommes politiques, journalistes, avocats, activistes, anciens hauts fonctionnaires de l’Etat…
Depuis plusieurs années, l’Algérie est régulièrement accusée de violations des droits humains et de répression des libertés individuelles. Jamais en effet ces 30 dernières années l’Algérie n’a autant été pointée du doigt par les ONG de défense des droits humains.
Bien que le pays ait ratifié plusieurs conventions internationales garantissant les droits fondamentaux de ses citoyens, la situation interne soulève de vives préoccupations tant au niveau national qu’international.
En effet, la diarchie Tebboune-Chanegriha a choisi l’autoritarisme et donc la remise en cause de nombreux articles de la Constitution qui assure le respect des libertés, toutes les libertés.
L’un des aspects les plus préoccupants est la répression systématiques des voix dissidentes et le piétinement des lois qui garantissent justement la parole libre et la pratique démocratique.
Depuis le printemps 2020, les forces de l’ordre ont multiplié les arrestations, les détentions arbitraires et les violences policières à l’encontre des manifestants pacifiques.
Des leaders du mouvement de dissidencepopulaire, ainsi que des journalistes et des militants, ont été emprisonnés sous des accusations souvent floues, comme « atteinte à l’unité nationale » ou « incitation à la violence ». Cette répression montre une volonté des autorités de museler toute forme de contestation et de préserver un système politique verrouillé.
La liberté de la presse a vu sa liberté remise en cause, produisant des médias uniformes et aux ordres. Pire, les journaux ne reportent plus aucune arrestation arbitraire. Le gouvernement exerce un contrôle étroit sur les médias, notamment en bloquant des sites internet, en fermant des journaux et en harcelant des journalistes.
Les médias indépendants, bien que présents, font face à des pressions constantes, à des intimidations et à des poursuites judiciaires. En 2020, l’Algérie était classée parmi les pays où la liberté de la presse est gravement entravée, selon Reporters Sans Frontières.
Les violations des droits des minorités, notamment les Berbères et les Amazighs, ne sont pas en reste. Bien que ces populations constituent une part importante de la société algérienne, elles font régulièrement face à des discriminations dans les domaines de l’éducation, de la culture et de l’emploi. Depuis l’interdiction des drapeaux par l’ancien chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, porter ce drapeau est synonyme d’arrestation et de lourdes accusations.
Le régime a instauré un climat de peur, dans lequel les citoyens se sentent souvent contraints à l’autocensure. Toute forme de critique contre le gouvernement, même sur les réseaux sociaux, peut entraîner des arrestations. Ainsi, des militants et des activistes sont régulièrement jugés pour leurs opinions politiques ou leurs publications sur Internet.
En clair, les violations des droits humains en Algérie et la remise en cause systématique des libertés fondamentales sont des réalités qui affectent profondément le quotidien des Algériens. La répression des libertés individuelles et l’absence de véritable opposition démocratique conduisent à une situation où le gouvernement reste sourd aux appels à une réforme politique en profondeur. L’avenir de la démocratie en Algérie est compromis sous la diarchie aux affaires. Elle dépend de l’évolution de cette situation et de la capacité de la société civile à se faire entendre face à un pouvoir central qui semble de plus en plus réfractaire aux changements.
Yacine K.