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Chili : sept ex-militaires condamnés pour le meurtre du chanteur Victor Jara

Victor Jara

La Cour suprême vient de condamner définitivement sept anciens militaires pour le meurtre du chanteur populaire Victor Jara. Six d’entre eux écopent de 25 années de prison pour enlèvement et homicide. L’artiste, connu à l’international, avait été arrêté au lendemain du coup d’État mené par le général Augusto Pinochet en 1973 contre le président socialiste Salvador Allende.

Le verdict de la justice chilienne tombe quelques jours avant les commémorations des 50 ans du coup d’État et marque la fin de plusieurs décennies d’impunité pour la famille du chanteur. C’est en 1978, en pleine dictature, que la veuve de Victor Jara dépose plainte pour la première fois. Mais à cette époque, aucune enquête n’est ouverte… 24 ans plus tard, l’avocat de la famille reprend le dossier et mène l’affaire devant les tribunaux.

Les accusés feront appel à plusieurs reprises mais ce n’est qu’hier, 50 après l’assassinat du chanteur, que les sept anciens militaires ont définitivement été condamnés.

Le 12 septembre 1973, un jour après le coup d’État, Victor Jara, membre du Parti communiste chilien et soutien du président Salvador Allende, avait été arrêté, puis torturé, avant d’être tué. Son corps sera retrouvé le long d’une voie ferrée, criblé de 44 balles et avec 56 fractures.

Les juges de la Cour suprême ont considéré que le traitement qui lui avait été réservé était « étroitement lié à son activité artistique, culturelle et politique. Les coups les plus sévères qu’il avait alors reçus se situaient au niveau du visage et des mains. »

Son avocat Nelson Caucoto salue une décision quasi inespérée, après tant d’années :

Au sein de la société chilienne, les avis sont partagés au sujet de ces condamnations. Mais je pense que personne ne pensait que nous arriverions à un tel résultat. Personne ne croyait que la justice ne parviendrait à ces condamnations exemplaires, même si, à mesure que les années passaient, on voyait bien que les différents tribunaux en appelaient fondamentalement au droit international.

Ils ont fini par trouver le chemin pour arriver à cette issue et aujourd’hui, on ne pouvait pas espérer mieux, après tous les obstacles qu’ont rencontré les enquêtes pour la résolution de ces crimes auxquels l’État a lui-même participé. Et l’on peut considérer qu’en étant lui aussi coupable de ces crimes, l’État a pu se sentir contraint de ne pas participer à leur résolution. On a pu le constater dans d’autres affaires à l’échelle nationale ou internationale.

Nous assistons aujourd’hui à la réalisation du destin de tous les procès concernant les droits humains avec ces peines très lourdes, à la hauteur de la gravité des faits commis, condamnation de l’homicide mais aussi des enlèvements. Et de ce point de vue, les familles sont satisfaites.

Au Chili, l’affaire Victor Jara est un exemple de la lenteur des procédures judiciaires en ce qui concerne les cas de violation des droits de l’homme commis sous la dictature.

Rfi

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