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Cinq morts au concert de Soolking à Alger : cauchemar et humiliation

SCANDALE

Cinq morts au concert de Soolking à Alger : cauchemar et humiliation

Le concert donné par Soolking s’est transformé en un véritable cauchemar pour les milliers de fans. Cinq mort et quelque 70 blessés pour ce premier rendez-vous qui devait être celui des retrouvailles. Tragique, lamentable. Les reponsables de l’ONDA se doivent de donner des explications.

Les jeunes arrivent dès 16 heures  aux abords du stade du 20-Août-1955. Ils viennent honorer et communier avec leur idole. Ce jeune homme d’Ain Benian parti harraga (immigré clandestin) d’Algérie qui se transforme en l’espace de quelques années en star mondiale dans une contrée qui a su lui donner sa chance. Nul n’est prophète dans son pays.

Ils l’admirent, l’idolâtrent et s’identifient à lui. Ils rêvent tous d’un tel destin. Aujourd’hui pour tout l’or du monde ils n’auraient pas raté ce rendez-vous tant attendu. Soolking a quitté le pays depuis plus de sept années et le voilà de retour au bled. Ils tiennent à l’accueillir chez lui, comme il se doit, entraînant souvent avec eux leurs parents.

La vente des tickets se fait via l’ONDA (Office nationale des droits d’auteur). La sécurité est assurée par une police pas du tout accoutumé à la mixité dans les stades. Ce qui la paralyse. Deux types de billets sont vendus : les gradins et l’accès au terrain. Dans un tweet diffusé par lui-même, Soolking assure un carré pour les familles et une entrée familiale. Il annonce le prix du billet et précise qu’il n’a pas pu descendre sous la barre des 1500 DA. Il s’enorgueillit de s’occuper lui-même de l’organisation par souci d’économie.

Mais voilà économie et professionnalisme ne vont pas de paire, tout comme populisme et pragmatisme. Les conséquences de cette logique ne se font pas attendre.

Les personnes munies d’un ticket gradin arrivent tant bien que mal à pénétrer dans le stade. Les autres par contre, ceux détenant le ticket accès terrain, jeunes hommes, jeunes filles enfants et parents, restent littéralement compressés, emmêlés comme au rugby, de 16 heures à 20 heures. Les bousculades ne cessent pas et plusieurs personnes sont évacuées. Les jeunes Algéroises subissent le harcèlement incessant des jeunes, grâce à ce que l’on appelle en Algérie le calage. Technique inventée dans les années 70 par les habitués de la sexualité par frottement dans les bus.  

A un papa excédé qui fulmine contre Soolking et son organisation, jurant qu’il ne veut plus jamais entendre parler de cette énergumène, des jeunes répondent que ce n’est pas de sa faute. Le papa rétorque : comment il n’est pas responsable ? Il a fait cinq concerts en Tunisie, en juillet, pour une population quatre fois moins importante et qui n’est pas celle de son pays d’origine. Et en Algérie il fait une seule soirée dans un stade situé au milieu de la ville et qui ne peut pas contenir plus de 15.000 personnes. Comment a-t-il pu faire ça ? Il est le seul responsable. Il n’aurait jamais dû accepter.

Excédés  et contraints par les plus jeunes de ne pas quitter les lieux, les spectateurs tentent l’entrée par la porte dédiée aux billets gradins. Après un autre match de rugby qui durera près d’une heure trente, les voilà dans l’enceinte du stade vers 21h30. 

Soolking se laisse désirer, il attend que tout le monde regagne le stade. Après avoir attendu de voir défiler quelques artistes et apprécié l’hymne national, les jeunes admirent leur idole rentrer sur scène. Il est vrai que le casting est alléchant : Duhurata, Fianso, Alonzo, Naps, l’Algérino accompagnent la star. Mais tout le monde semble trop éreinté pour apprécier réellement.

Les seuls qui auront dégusté du Soolking et apprécié le concert sont les riverains des immeubles avoisinants, perchés sur leurs balcons, qui n’ont eu à subir ni l’humiliation ni la souffrance physique des mêlées à l’entrée côté terrain. 

A la sortie les jeunes apprennent effarouchés que les bousculades ont fait cinq morts et une trentaine de blessés. Les coupures sur le budget, afin de mettre le billet à la portée des jeunes les plus démunis, au détriment de la sécurité des spectateurs était-ce vraiment sage ? Intelligent ? Responsable ? 

En se mettant une seconde à la place des proches de ces cinq victimes, pour qui ce concert est devenu un cauchemar, l’on se rend compte qu’aucune coupure de budget ne peut justifier ce genre de tragédies. 

L’état a brillé par son irresponsabilité en abandonnant Soolking et ses fans à leur sort et en les cantonnant dans cet espace exigu au lieu d’un stade du 5 juillet traditionnellement dédié à ce genre d’évènements.

Une fois de plus une fête se transforme en un cauchemar et une humiliation par l’incurie de ceux qui nous gouvernent et par l’égo de certains illuminés.

Le bilan que nous donnons est provisoire. Certains parlent de beaucoup plus de blessés sans parler du traumatisme que ce précédent gravissime aura causé à notre jeunesse. Les responsables de la sécurité du concert, ceux de l’ONDA sont pointés du doigt.

Auteur
Djalal Larabi

 




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