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Cisjordanie occupée : des drapeaux israéliens sur la mosquée de Hebron

 

Mosquée d’Abraham pour les musulmans, tombeau des Patriarches pour les juifs, ce sanctuaire est considéré comme le centre spirituel de la ville d’Hébron, en Cisjordanie occupée. Commun aux trois religions du livre, il est actuellement couvert de drapeaux israéliens, ce qui provoque la colère des Palestiniens qui dénoncent une tentative de « judaïsation du lieu ».  

L’identité même de ce lieu saint, mosquée ou sanctuaire juif, divise Israéliens et Palestiniens, depuis des années, à tel point que l’édifice historique est coupé en deux : un côté pour les musulmans, un côté pour les juifs, et chacun son entrée, gardée par l’armée israélienne. Seuls les chrétiens peuvent passer de part et d’autre.

Ce strict partage de la mosquée-sanctuaire, et plus globalement de la vieille ville d’Hébron, s’accélère à partir de 1994. Cette année-là est marquée par un terrible évènement : en plein ramadan, un colon juif extrémiste commet un attentat terroriste d’une violence inouïe. Baruch Goldstein pénètre dans la mosquée d’Abraham et ouvre le feu sur les fidèles musulmans. Vingt-neuf Palestiniens sont tués. Il est ensuite battu à mort par les survivants.

 « Une provocation sans précédent »

Depuis, les tensions dans la vieille ville d’Hébron sont toujours aussi vives, alors planter des drapeaux israéliens sur le toit de la mosquée sanctuaire, et en déployer d’autres sur ses murs, ça ne passe pas. L’Autorité palestinienne dénonce « une violation flagrante du droit international et des conventions de Genève. Et une provocation sans précédent ».

Car la ville d’Hébron se trouve, officiellement, dans les Territoires palestiniens de Cisjordanie. Elle est sous occupation militaire israélienne. Le lien entre les juifs et le tombeau des Patriarches est indéniable, « mais l’appropriation de ce lieu de culte, et plus largement de tout le patrimoine historique de Palestine, est une falsification de la réalité », écrit dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères palestinien. Avant d’ajouter : « la volonté d’Israël de vouloir imposer son récit n’a en réalité qu’un seul objectif : servir sa politique de colonisation ».

Sur les réseaux sociaux, certains Palestiniens parlent d’une guerre de religions et s’inquiètent pour l’esplanade des Mosquées et la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem. « Aujourd’hui, ils s’approprient la mosquée d’Abraham, demain, ce sera le tour de la mosquée Al-Aqsa », s’inquiètent des Palestiniens, interrogés à ce sujet. La mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, est appelé mont du Temple par les juifs, qui le considèrent également comme le lieu le plus sacré du Judaïsme.

L’esplanade des Mosquées fait l’objet d’un statu quo historique. Depuis 1967 et la conquête de Jérusalem-Est par l’État hébreu, seuls les musulmans ont le droit d’y prier. Pour tous les autres, le lieu est ouvert aux visites, à des horaires et des jours donnés.

Les Premiers ministres israéliens successifs ont beau le répéter, ils n’ont aucune intention de modifier ce statu quo, les Palestiniens n’y croient pas et ils restent sur leurs gardes. Car des organisations nationalistes juives appellent ouvertement à mettre la main sur le site.

Alors, lorsque des colons juifs plantent des drapeaux israéliens sur le toit de la Mosquée d’Abraham à Hébron, ce n’est pas anodin pour les Palestiniens. « Nous le vivons comme une humiliation », confie un habitant d’Hébron. « Israël nous a pris une bonne partie de nos terres. Nos lieux de culte sont sacrés, et c’est tout ce qu’il nous reste », affirme une Palestinienne. Avec RFI

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