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CNUAC : halte à la répression !

TRIBUNE

CNUAC : halte à la répression !

La Coordination Nationale des Universitaires Algériens pour le Changement (CNUAC) dénonce la vague d’arrestations et la répression policière qui visent les manifestants pacifiques et appelle à la fin de l’arbitraire qui sévit dans le pays.

Nous, enseignants universitaires, membres de la CNUAC, tenons à réitérer notre vive colère en condamnant, de la manière la plus énergique, la répression policière et judiciaire qui continue de s’abattre sur des manifestants pacifiques. Depuis le début du Hirak, le pouvoir tente, à l’approche de chacune de ses parodies électorales, d’étouffer la voix du peuple qui aspire à un réel changement par des manœuvres autant viles que vaines.

Le despotisme électoral a montré ses limites et son caractère pitoyable. Pourquoi, en effet, s’y accrocher alors que l’électorat n’a pas manqué, chaque fois, d’y opposer, massivement, son désintérêt. La répression ne gonflera pas les urnes. Vouloir donner à l’opinion publique nationale et internationale, l’image que tout va bien dans le meilleur des mondes en Algérie est autant grotesque que puérile quand on cherche à, l’ère du numérique, à cacher des millions d’Algériens toujours déterminés à battre le pavé ?

Il est d’une extrême urgence de libérer tous les détenus d’opinions et de mettre fin à l’usage aveugle de la répression contre la population. Deux ans sont, pourtant assez suffisants à convaincre que ce n’est pas par l’exercice inconsidéré de la violence qu’on musèlera le Hirak. Tarder à libérer les prisonnières et les prisonniers d’opinion, continuer à réprimer les militantes et les militants du Hirak, les pourchasser, les kidnapper et les emprisonner au mépris des lois, ne fera qu’attiser la colère, déjà aiguisée, de la population. La violence subie par les citoyens pacifiques à Oran lors du 114 e vendredi est inadmissible car elle insulte la république et ses institutions.

Notre collègue le professeur Mahana Abdesselam a été, brutalement, conduit au commissariat et son téléphone confisqué. Il devait être présenté devant le procureur lundi 19 avril mais cette audience est, pour le moment, reportée à une date non définie. Et tout cela pourquoi ? Pour avoir, seulement, exercé son droit le plus élémentaire : manifester et protester. Un droit constitutionnel consacré par toutes les institutions des pays qui se respectent.

Le siège de l’association SOS Bab-El-Oued a subi des perquisitions et ses responsables conduits devant le procureur avec mandat de dépôt. Le droit associatif est lui aussi menacé. Rien n’a changé dans les pratiques répressives du pouvoir depuis le soulèvement populaire. Le syndicalisme, l’action associative, l’action politique, les médiats demeurent tous tenus d’être dans l’allégeance au système.

Le jeune Tadajit et ses compagnons ne sont pas, non plus, épargnés. Pour dénaturer la lutte pacifique d’une jeunesse désespérée mais militante, la propagande habituelle, sans remord, les affuble de toutes les tares dans le seul but de dénigrer le Hirak.

Quant aux travailleurs qui luttent sur le terrain social à l’exemple des travailleurs de Numilog de Bougie, ils ne subissent pas seulement l’injustice sociale, ils ont été sauvagement réprimés avec la même violence qu’ont subi les militants du Hirak.

Pas plus tard qu’hier, 22 détenus ont opté pour la suspension de la grève de la faim entamée le 7 avril, l’unique moyen de protester contre l’arbitraire d’une justice aux ordres. Ils ont répondu toutefois à l’appel du cœur venant des parents, des proches et l’engagement du Hirak pour la poursuite du combat et leur libération.

Devant la gravité d’une telle situation, nous membres de la CNUAC, faisons porter la responsabilité pleine et entière au pouvoir en place sur les conséquences, qui peuvent être désastreuses, dans sa gestion de la crise politique. Nous appelons aussi la communauté universitaire à sortir de sa léthargie et son mutisme et de prendre ses responsabilités. Il en va non seulement de son éthique mais également de son honneur.

Pour une Algérie Libre et Démocratique.

Le 26 avril 2021.

 




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