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Comédie du pouvoir algérien : les acteurs au balcon, les spectateurs sur scène !

Tebboune

La tragédie de l’Algérie contemporaine réside dans le fait que les acteurs du pouvoir se sont érigés en spectateurs, tandis que le peuple, poussé sur le devant de la scène, lutte pour réclamer son droit à un avenir digne et juste. »

La métaphore « la comédie algérienne : les acteurs au balcon, les spectateurs sur scène » évoque une inversion frappante des rôles traditionnels au sein d’une nation. Dans un théâtre conventionnel, les acteurs jouent sur scène, exposant leurs rôles, tandis que les spectateurs, confortablement assis dans les gradins ou au balcon, observent et jugent les événements se déroulant devant eux.

Cependant, dans le contexte algérien contemporain, cette dynamique est renversée. Les « acteurs », qui représentent les élites politiques, économiques et sociales du pays, semblent s’être retirés dans les « balcons » de leur privilège et de leur pouvoir, observant passivement les événements se dérouler sans véritable engagement ni responsabilité. Ils portent des « masques », des façades qui dissimulent leurs véritables intentions et actions, masquant les défis et les contradictions qui minent la nation.

Pendant ce temps, les « spectateurs » – la population algérienne – sont sur la « scène », confrontés directement aux réalités difficiles et aux conséquences des actions (ou inactions) des « acteurs ». Ils sont les protagonistes involontaires de cette tragi-comédie, cherchant désespérément à naviguer dans un paysage politique et économique complexe, marqué par la corruption, les inégalités et les promesses non tenues.

Cette inversion des rôles souligne les contradictions profondes et les tensions qui caractérisent l’Algérie contemporaine. Elle met en lumière le décalage entre les élites dirigeantes, souvent déconnectées des réalités quotidiennes de la population, et la majorité des citoyens, qui aspirent à une gouvernance transparente, à la justice sociale et à des opportunités équitables.

L’Algérie est ainsi présentée comme un théâtre vivant, où les scènes de comédie et de tragédie se succèdent, reflétant les luttes internes et les défis externes auxquels le pays est confronté. Cette métaphore invite à une réflexion critique sur les structures de pouvoir, les dynamiques sociales et les aspirations collectives qui façonnent l’avenir de la nation.

« La Comédie algérienne : les acteurs au balcon, les spectateurs sur scène » offre un prisme à travers lequel examiner les complexités et les paradoxes de l’Algérie contemporaine, tout en soulignant l’urgence d’une action collective et d’une transformation positive pour le bien-être de tous ses citoyens.

Dans le théâtre à ciel ouvert qu’est l’Algérie contemporaine, une pièce s’est jouée dont le rideau vient de se lever, révélant une mise en scène complexe. Les acteurs, malgré leurs masques bien ajustés, ont finalement révélé leurs véritables visages.

Les illusions d’un État omnipotent et d’une économie florissante ont été dévoilées. Les diplômes, symboles d’espoir, ne garantissent plus l’accès à un emploi productif. Les terres, autrefois fertiles, sont aujourd’hui délaissées, tandis que les usines se muent en marchés de pacotille. L’économie, autrefois diverse, dépend désormais presque exclusivement des revenus du pétrole et du gaz.

Le pouvoir algérien en panne d’inspiration

Face à cette réalité abrupte, l’Algérien cherche désespérément sa place. Il aspire à une reconnaissance de la part de l’État, tout en espérant une rémunération de la société pour ses services. Mais l’État, en proie à des difficultés financières, ne peut plus offrir de largesses. Les revenus pétroliers, autrefois abondants, ne suffisent plus à satisfaire les attentes d’une population de plus en plus exigeante.

Cette dualité entre un État défaillant et une société en quête de reconnaissance met en lumière les contradictions profondes qui minent le pays. L’Algérien, tiraillé entre tradition et modernité, entre émotion et raison, semble piégé dans une enfance prolongée. Les promesses d’un « homme nouveau » faites lors des premières années post-indépendance n’ont pas été tenues. L’émotion domine, reléguant la logique et la raison au second plan.

Le pouvoir, quant à lui, repose sur des fondations fragiles. La corruption généralisée et la dégradation morale de l’élite ont sapé toute légitimité. Les ressources pétrolières et gazières, loin d’être une bénédiction, ont été dilapidées pour maintenir un régime en place, ignorant les besoins des générations futures.

Le tableau est sombre, mais il est essentiel de reconnaître que l’État n’est pas une entité divine, mais une création humaine, imparfaite et sujette à des dérives. L’argent du pétrole, en submergeant le pays, a étouffé toute initiative indépendante, créant une dépendance malsaine.

L’Algérie se trouve à un moment décisif de son histoire, à la croisée des chemins entre persistance des défis actuels et l’espoir d’un avenir meilleur. La métaphore de  « la comédie algérienne : Les acteurs au balcon, les spectateurs sur scène » illustre de manière frappante les dynamiques complexes et les contradictions qui caractérisent le pays.

La prise de conscience collective est fondamentale pour amorcer un changement significatif. Cette prise de conscience ne concerne pas seulement la reconnaissance des défis immédiats, tels que la corruption, les inégalités sociales et les crises économiques, mais aussi la compréhension profonde des racines historiques et des structures systémiques qui ont contribué à la situation actuelle.

Il est essentiel que les « acteurs » de cette tragi-comédie nationale, c’est-à-dire les élites politiques, économiques et sociales, abandonnent leurs « masques » de privilège et de pouvoir pour assumer pleinement leurs responsabilités envers la population algérienne. Cela implique une remise en question profonde des pratiques existantes, une volonté de transparence et un engagement sincère envers la justice sociale et l’égalité des chances.

De plus, il est crucial d’adopter une approche inclusive qui donne la voix aux diverses communautés et segments de la société algérienne, y compris les jeunes, les femmes, les minorités et les groupes marginalisés. La construction d’un consensus national autour d’une vision partagée pour l’avenir de l’Algérie est indispensable pour surmonter les divisions internes et forger un avenir uni et prospère.

Enfin, il est impératif de reconnaître et de valoriser le potentiel immense de l’Algérie en tant que nation riche en ressources humaines, culturelles et naturelles. L’investissement dans l’éducation, l’innovation et le développement durable peut catalyser une transformation positive et durable, créant des opportunités pour tous et assurant une prospérité partagée.

En somme, l’Algérie est à un tournant crucial, et le chemin à suivre nécessite courage, vision et engagement collectif. En abandonnant les illusions passées et en agissant de manière proactive pour le bien commun, l’Algérie peut écrire un nouveau chapitre de son histoire, caractérisé par la résilience, l’unité et la prospérité pour tous ses citoyens.

Dr A. Boumezrag

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